2OO6 2OO7 - Théâtre de la Ville

January 11, 2018 | Author: Anonymous | Category: N/A
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2OO6 saison

2OO7

René Char.

The Little Matchgirl, ph. R. Haughton

Voici mon projet. Il faut se compter.

plus ou moins l’infini saison 2005/2006 Saison 2005/2006 : 240000 spectateurs. 15 % de public jeune. Service public, service assuré.

saison 2006/2007 La saison 2006/2007 débutera le 15 septembre pour se terminer le 24 juin. 95 programmes pour plus de 400 représentations ; une très forte activité. Un théâtre ouvert sur le monde… Priorité absolue aux créations, aux coproductions, aux parcours des artistes, aux découvertes, aux confirmations, aux révélations… La Ville de Paris donne à son théâtre les moyens de cette politique : l’engagement d’une grande capitale culturelle.

théâtre – auteurs marquants, auteurs vivants 10 programmes, 8 créations, 2 reprises, 136 représentations. Une double ouverture de saison en septembre : Quartett de Heiner Müller, mise en scène de Matthias Langhoff, avec Muriel Mayette et François Chattot, au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Pelléas et Mélisande de Maeterlinck, une mise en scène de Jean-Christophe Saïs, avec Mathieu Genet et Audrey Bonnet. Les œuvres et les auteurs choisis apportent du sens : Marcia Hesse de Fabrice Melquiot, Loretta Strong et Le Frigo de Copi, Sauterelles de Biljana Srbljanovic, Atteintes à sa vie de Martin Crimp, Les Géants de la montagne de Luigi Pirandello, Homme pour homme de Brecht, Un homme en faillite de David Lescot, Maintenant ils peuvent venir d’Arezki Mellal. Les auteurs sont allemand, anglais, italien, belge, norvégien, algérien, serbe, français. Maerterlinck et plus encore Pirandello et Brecht ont marqué l’histoire du théâtre du XXe siècle.

Heiner Müller, Copi – contemporains –, Fabrice Melquiot, Biljana Srbljanovic, Martin Crimp – « bien vivants » – sont les auteurs parmi les plus marquants de l’heure. David Lescot et Arezki Mellal ne devraient pas tarder à être remarqués. Les metteurs en scène, une famille : Jean-Christophe Saïs, Emmanuel DemarcyMota, Marcial Di Fonzo Bo, Joël Jouanneau, Dan Jemmett, Laurent Laffargue, David Lescot, Paul Desveaux, Matthias Langhoff, Dominique Pitoiset.

La Poursuite du vent de Claire Goll, un coup de chapeau de Jan Lauwers à Viviane De Muynck, son actrice fétiche.

cirque théâtre – plus d’air 3 programmes, 29 représentations. Depuis quelques années le cirque a apporté au théâtre oxygène, authenticité, fraîcheur… Troisième création après La Symphonie du hanneton et La Veillée des abysses du poétique et charismatique James Thierrée. Quatre Molières pour une consécration par le monde du théâtre. Plus ou moins l’infini, le très beau et très inventif théâtre visuel de la Cie 111. Aux Abbesses, le délicieux et très féminin Oratorio d’Aurélia de Victoria Thierrée Chaplin.

théâtre musical – des airs en plus 3 créations, 17 représentations. Ils connaissent et aiment la musique : Lukas Hemleb met en scène La Déesse de la rivière Luo, avec l’ensemble Han Tang Yuefu de Taïwan. Dan Jemmett raconte La Petite Fille aux allumettes d’Andersen, sur la musique des Tiger Lillies. François Rancillac présente, en version concert, La Tectonique des nuages de José Rivera, un opéra jazz composé par Laurent Cugny.

danse – des choix, du choix 38 programmes, 32 créations, 176 représentations. Re-création d’œuvres mythiques de la danse contemporaine :

May B, d’après Samuel Beckett, de Maguy Marin ; extraits de différentes pièces de Wim Vandekeybus pour le 20e anniversaire d’Ultima Vez ; 5 œuvres majeures d’Anne Teresa De Keersmaeker ; Sinfonia Eroïca de Michèle Anne De Mey ; Bandonéon de Pina Bausch. Zero degrees, la fièvre monte déjà pour le retour du duo Akram Khan/Larbi Cherkaoui. Chez eux au Théâtre de la Ville depuis toujours, ils font la Une du Festival d’Avignon : Josef Nadj, François Verret, Jan Lauwers. Les titres de leurs créations en disent déjà long sur leurs intentions : Never Mind pour Daniel Larrieu, Hell pour Emio Greco, En Servicio pour Hans Van den Broeck. Surprise pour Meg Stuart, It’s not funny est une comédie. Un bel avenir après leurs triomphes récents pour Thomas Hauert, Gilles Jobin, Peeping Tom, Koen Augustijnen. Pour la première fois, le grand plateau pour Benoît Lachambre, Nasser Martin-Gousset, et celui des Abbesses pour Olga Pona, Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth, Pierre Rigal. Des interprètes inoubliables de nouveau sur le devant de la scène, en vedette : Johanne Saunier, chez Rosas dès l’origine ; Louise Lecavalier, l’égérie de La la la Human steps ; Fumiyo Ikeda, fidèle depuis toujours d’Anne Teresa De Keersmaeker. Bernardo Montet et Joëlle Bouvier dansent sans compagnie. Originaux, mystérieux, troublants sont les projets de Padmini Chettur, Pierre Rigal, Lynda Gaudreau, Brice Leroux, la danse essentielle de Daniel Dobbels, le kathak d’Akram Khan, le bhârata natyam de Maria-Kiran et le kuchipudi de Shantala Shivalingappa.

musique – l’excellence 17 concerts. Une politique d’interprètes. Des programmes librement composés. Un jour, le samedi, et un horaire, à 17 h, judicieusement choisis. Des prix imbattables. Des fidélités partagées : le piano d’Aleksandar Madzar, les violons de Frank Peter Zimmermann, de Fabio Biondi, Concerto Italiano, Café Zimmermann, le violoncelle de Sonia Wieder-Atherton avec l’Orchestre de chambre de Pologne, la voix d’Annette Dasch, le Quatuor Takács, le Quatuor de Tokyo.

iranienne. Parissa, l’icône féminine du chant iranien. La Turquie avec Gülcan Kaya, pour confirmation après son triomphe aux Abbesses, et l’ensemble Hasbihâl. Le Kurdistan irakien avec l’ensemble Garyan. Des choix artistiques, mais l’actualité dans ces pays leur donne souvent des résonnances politiques d’autant plus fortes qu’elles sont symboliques. Aux Abbesses, un salon de musique : la kora du Malien Ballaké Sissoko converse avec l’ensemble mauritanien Diddal Jaalal, le kamantché de l’Iranien Kayhan Kalhor dialogue avec le baglama du Turc Erdal Erzincan et la voix de Hamid Réza Nourbakhsh. Le târ et le kamantché d’Azerbaïdjan, le sarangi d’Inde, le dotâr d’Ouzbékistan, le pipa de Chine, le koto du Japon, le balafon de Côte-d’Ivoire, les voix de Serbie, d’Azerbaïdjan, d’Arménie, de Kalmoukie. L’ensemble Chulawatit de Thaïlande. Une création du Breton YannFañch Kemener.

pour un large public • Des formules : abonnement, carte individuelle ou relais, simples et aux avantages multiples. • Des prix de places très accessibles ; une légère augmentation cependant. • Un journal (4 numéros), un site Internet, pour une information juste et de qualité avec textes et photos. • Une équipe compétente, expérimentée et attentive pour vous renseigner, vous conseiller, vous servir. • Remerciements à nos partenaires et amis : le Festival d’Automne, le Théâtre de la Cité internationale, le Centre national de la danse, France Inter, France Culture, FIP, France Musique, RFI ; le site Mondomix ; les relais, les enseignants, les abonnés. • Sans engagement préalable du public, pas de créations.

quelques nouveautés, en vrac Le journal prend des couleurs, les jeunes conservent leurs avantages jusqu’à 28 ans – location possible par Internet – un CD sur les musiques du monde (18 artistes) – une location prioritaire plus ouverte pour les “cartes”.

plus ou moins

Les Abbesses, un écrin pour le clavecin de Christine Schornsheim, le violoncelle de Marc Coppey, les cordes du Quatuor Tetzlaff, les voix du Cantus Cölln.

• Plus ou moins l’infini*, un enjeu, un but à atteindre, pour les artistes et pour le public. « Notre pâle raison nous cache l’infini. » Rimbaud

De la Californie et de New York, les dernières propositions et autres nouveautés du Kronos Quartet et de Bang on a can all-stars.

« Voici mon projet. Il faut se compter. » René Char Les artistes comptent sur vous comme vous pouvez compter sur eux… et sur nous.

musiques du monde – pour l’éclairer 24 concerts. Les musiques du monde du Théâtre de la Ville sont connues dans le monde entier. Des maîtres, uniquement des maîtres. Au Théâtre de la Ville, double ouverture, soir et matin avec Shivkumar Sharma et Zakir Hussain. Trois concerts pour les trois styles de chants carnatique, khyal et dhrupad. Quatre concerts à ne pas manquer de jugalbandi, ces rencontres-improvisations entre deux grands solistes : sitâr/sarod, sitâr/flûte murali, mandoline/guitare, chant dhrupad/rudra vina. L’Iran avec Shahram Nazeri, un homme libre considéré comme un héros par la jeunesse

le directeur Gérard Violette

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THEATRE

THEATRE AU THEATRE DE LA VILLE

LORETTA STRONG LE FRIGO Copi Marcial Di Fonzo Bo LES GÉANTS DE LA MONTAGNE Luigi Pirandello Laurent Laffargue

création

SAUTERELLES Biljana Srbljanovic Dominique Pitoiset

création

UN HOMME EN FAILLITE David Lescot création création

HOMME POUR HOMME Bertolt Brecht création Emmanuel Demarcy-Mota THEATRE MUSICAL

LA DÉESSE DE LA RIVIÈRE LUO création Luo shen fu Lukas Hemleb/Chen Mei-o OPERA JAZZ VERSION CONCERT

LA TECTONIQUE DES NUAGES création José Rivera/Laurent Cugny adaptation du livret François Rancillac

LA POURSUITE DU VENT VIVIANE DE MUYNCK JAN LAUWERS création & NEEDCOMPANY MAINTENANT ILS PEUVENT VENIR Arezki Mellal Paul Desveaux

création

THEATRE MUSICAL AUX ABBESSES

THE LITTLE MATCHGIRL Andersen création Dan Jemmett avec les Tiger Lillies

CIRQUE THEATRE AUX ABBESSES

L’ORATORIO D’AURÉLIA Victoria Thierrée Chaplin

THEATRE VISUEL

PLUS OU MOINS L’INFINI Cie 111/Phil Soltanoff CIRQUE THEATRE

CRÉATION 2007 James Thierrée

création

THEATRE HORS LES MURS AU C.N.S.A.D.P. *

QUARTETT Heiner Müller Matthias Langhoff

THEATRE AUX ABBESSES

AU THEATRE DE LA CITE INTERNATIONALE

PELLÉAS ET MÉLISANDE Maurice Maeterlinck Jean-Christophe Saïs création

ATTEINTES A SA VIE Martin Crimp Joël Jouanneau

création

MARCIA HESSE reprise Fabrice Melquiot Emmanuel Demarcy-Mota

Programmes susceptibles d’être modifiés

* Centre national supérieur d’art dramatique de Paris

photos Enguerand

CONSERVATOIRE NATIONAL SUPÉRIEUR D’ART DRAMATIQUE DE PARIS • TARIF A DU 15 AU 30 SEPTEMBRE

Quartett

CRÉATION

HEINER MÜLLER MATTHIAS LANGHOFF d’après Choderlos de Laclos traduction Jean Jourdheuil et Béatrice Perregaux mise en scène, décor, films Matthias Langhoff peinture Catherine Rankl costumes Renato Bianchi lumières Frédéric Duplessier assisté de Arnaud Guillamon assistante à la mise en scène Hélène Bensoussan

avec Muriel Mayette, François Chattot de la Comédie-Française En 1981, Heiner Müller était déjà connu, mais surtout comme “auteur expérimental”, joué pour quelques spectateurs dans des caves, des lieux marginaux. Un jour, un ami metteur en scène eut l’idée, en apparence saugrenue, de lui demander d’adapter pour le théâtre Les Liaisons dangereuses, roman épistolaire de Choderlos de Laclos, emblème d’une société décadente, libertine avec raffinement et cruauté, et qui se passe juste avant le bouleversement de la Révolution française. De cette commande est née sa pièce la plus jouée, affrontement sauvage entre les deux derniers survivants d’un monde dévasté par l’apocalypse de la troisième guerre mondiale. Ils gardent les noms d’origine : Valmont (le Chevalier) et Merteuil (la Marquise). Ils ressassent leur passé mais en échangeant leur rôle. Ils s’aiment et se déchirent au creux d’un dépotoir encombré, traversé par quelques apparitions en dessins animés noir et blanc de Popeye, le marin à la pipe et aux épinards, et que surplombe une carcasse de 2 CV abritant les ébats du couple. Mise en scène et scénographie sont de Matthias Langhoff, généralement défini comme “grand maître du chaos”, des univers en voie d’explosion. Enfant de la défunte RDA, comme Heiner Müller, avec qui il a (brièvement) codirigé le Berliner Ensemble, il n’a jamais monté la pièce en Allemagne. C’est

donc dans sa traduction française que pour la première fois, il l’affronte : « Le passage d’une langue à l’autre en modifie sensiblement le ton. Les traducteurs n’y peuvent rien. L’allemand de Heiner Müller est concret, élémentaire dans sa construction, tandis que les mots fabriquent des images, produisent des phrases qui ont un corps. J’ai lu aux acteurs le texte en allemand, simplement pour qu’ils se rendent compte de ce que moi, dans leur situation, celle d’un acteur, je ressens. Un Français éprouve forcément de la difficulté à oublier le XVIIIe siècle et le monde de Laclos pour entrer dans celui de Müller, où pour comprendre qui l’on est, on a besoin de se détruire en détruisant l’autre. » Ce qui finalement n’est pas si éloigné des rapports entre les héros du roman, possédés par le besoin de manipuler, tromper, anéantir toute faiblesse sentimentale. La vision implacable de Matthias Langhoff fait le reste. Et aussi l’engagement de ses deux interprètes : Muriel Mayette, qui a joué avec lui à la ComédieFrançaise, Danse de mort de Strindberg, Lenz, Léonce et Lena d’après Büchner ; François Chattot, qui le suit depuis de nombreuses années, notamment pour le Prince de Hombourg de Kleist, Macbeth, Mademoiselle Julie de Strindberg. Le spectacle est l’aboutissement d’un projet à trois. Trois amis se connaissant bien, se faisant confiance, sachant à quoi pense l’autre avant même qu’il ait trouvé les mots pour le dire. Très précis dans les détails, le décor s’est élaboré au cours des répétitions, qui ont eu lieu dans le loft de Muriel Mayette. De même, le choix des “costumes”, déguisements d’un carnaval pauvre, trouvés dans les poubelles : « Les gens se définissent socialement à travers une façon de s’habiller, surtout quand la société à laquelle ils appartenaient a disparu. Ils cherchent à qui ressembler. » Le projet s’est ainsi réalisé sans dates limites, selon les disponibilités de chacun, comme un objet artisanal, pièce unique d’une rare beauté. En avant-première, le spectacle a été présenté au CNAD (Conservatoire national supérieur d’art dramatique) lieu unique lui aussi, où, sous l’égide du Théâtre de la Ville, vont avoir lieu les représentations. Où le Valmont et la Merteuil de François Chattot et Muriel Mayette, monstres infiniment généreux et touchants, vont continuer à se battre, pour survivre, vivre, aimer, comprendre.

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Heiner Müller Heiner Müller naît en 1929, en Saxe. Dès l’arrivée des nazis en 1933, son père est arrêté une première fois. En 1951, ses parents partent à l’Ouest. Lui reste à l’Est, publie La Croix de fer en 1956. Le Briseur de salaire, reçoit en 1959 le prix Heinrich Mann. Il travaille sur Shakespeare et les tragiques grecs. En 1966, L’Émigrante lui vaut d’être exclu de l’Union des Écrivains, pour “pessimisme”. De 1970 à 1976, il est conseiller au Berliner Ensemble, dont il prend la direction en 1992, où il reste jusqu’à sa mort, en décembre 1995. En France, c’est Bernard Sobel qui le fait connaître en 1970 avec Philoctète. Patrice Chéreau crée Quartett en 1982 au Théâtre des Amandiers de Nanterre dont il vient de prendre la direction. Jean Jourdheuil, son traducteur, met en scène une suite de ses pièces : Hamlet-machine, Rivage à l’abandon, Medea Materiau, Paysage avec Argonaute.

J.-Ch. Saïs, ph. G. Sottile

M. Maeterlinck, ph. Agence Roger-Viollet

Matthias Langhoff Matthias Langhoff naît en 1941 en exil à Zurich. Son père est communiste, sa mère, juive italienne. Après la guerre, la famille revient à Berlin. Le père prend la direction du Deutsches Theater, accueille Brecht au Berliner Ensemble. Matthias y fait ses classes et rencontre Manfred Karge. Ensemble, ils mettent en scène Le Commerce du pain de Brecht, qui les révèle en France, où ils reviennent avec La Bataille de Heiner Müller. Karge reste à l’Est. Matthias Langhoff dirige un temps le Théâtre de Vidy-Lausanne. Au Théâtre de la Ville, il met en scène La Mission de Müller et Au Perroquet vert de Schnitzler (1989), La Duchesse de Malfi de Webster (1991), les Trois sœurs de Tchekhov (1994) L’Île du salut d’après Kafka (1996). Et de Rennes où il monte plusieurs spectacles à Paris, en passant par Rome et Madrid, il continue sa route.

LES ABBESSES • TARIF A DU 19 SEPTEMBRE AU 5 OCTOBRE

Pelléas et Mélisande

CRÉATION

MAURICE MAETERLINCK JEAN-CHRISTOPHE SAÏS mise en scène Jean-Christophe Saïs assistante à la mise en scène Gaëlle Hérault scénographie Jean Tartaroli, Jean-Christophe Saïs lumières Jean Tartaroli musique Gilbert Gandil costumes Monserat Casanova

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avec Mathieu Genet, Audrey Bonnet, Jérôme Ragon, Natalie Royer, Gaëlle Hérault… (distribution en cours)

Pelléas et Mélisande : avant l’opéra de Claude Debussy, il y a la pièce de Maurice Maeterlinck. À sa création en 1893 dans la mise en scène de Lugné-Poe, elle impose, en pleine mode naturaliste, sa poésie symboliste. Dans un climat de légende, elle raconte les amours condamnées de Mélisande, jeune femme passionnément éprise de Pelléas, frère cadet de son époux, Golaud. Une sorte de Tristan et Yseult, mais sans rien de guerrier. Rien non plus qui, au premier abord, semble devoir attirer l’attention de Jean-Christophe Saïs, jusqu’à présent explorateur du monde de Bernard-Marie Koltès : Quai Ouest en 2002, Dans la solitude des champs de coton en 2005, au Théâtre de la Ville-Les Abbesses. Et puis il a travaillé sur Shakespeare : Hamlet et Roméo et Juliette... Drames encore des amours impossibles. « Pourtant, c’est peut-être », dit-il, Dans la solitude des champs de coton, où dans une nuit intemporelle, deux êtres, un dealer et un client, se croisent, se parlent et puis repartent, qui m’a conduit à Maeterlinck . « Dans le dealer, j’ai vu comme un ange déchu descendu des limbes, pour emporter les âmes “de l’autre côté”. Quand il en aura terminé avec ce “client”, il devra recommencer avec un autre, et encore un autre, et ainsi jusqu’à la fin des temps, tel est son destin. « Pour moi, la pièce de Maeterlinck parle également d’une fatalité. Elle suit l’agonie de Mélisande, vouée à la mort. Plutôt que sur les éléments de l’intrigue – l’amour interdit, la douleur d’un homme qui ne veut pas perdre la femme qu’il aime – j’ai travaillé sur cette idée : Mélisande va mourir maintenant, et le sait. Elle rêve devant la rivière qu’elle doit traverser pour aller de l’autre côté de la vie. Passer de l’autre côté, tout est là. C’est la raison pour laquelle son amour est impossible, et non pas parce que Pelléas est le frère de son mari. La morale n’a rien à voir dans cette tragédie. « Une tragédie. Il y a là, dans la façon de dire la puissance aveugle de la destinée, quelque chose de mythologique. La mort de Mélisande n’est pas une punition. Elle est douce, émouvante, elle est acceptée. Inévitable quoi que fasse Mélisande, quoi qu’on fasse. Pourquoi doit-elle mourir ? On ne le sait pas. Ni qui elle est, ni d’où elle vient, ni comment elle est arrivée. Elle ne le sait pas elle-même. Je voudrais atteindre ce monde singulier de la légende, entièrement dominé par le refus, les dérives des passions, par la mort. Je veux surtout ne pas imposer une époque. Ni médiévale, ni actuelle. « Dans la solitude des champs de coton se passe au cœur d’un “nulle part”. De la même manière, je ne veux pas introduire sur scène des paysages. Je voudrais inventer un lieu qui fasse réagir la mémoire et s’envoler l’imagination. Un espace où cette histoire pourrait exister. » Dans un temps qui se défait, qui se détourne, l’histoire d’une rencontre sans espoir. Mais elle se produit, et, inexorablement, entraîne les protagonistes au terme d’un destin dont Maeterlinck est le maître. Il le dit clairement : son écriture doit entraîner au-delà de la raison, se tenir à l’affût des « phénomènes étranges qui restent tapis sous le seuil de la conscience, et ne sont ressentis que comme un gémissement sourd, qui sort du dernier abîme de la nature, là où l’esprit ne pénètre pas ». Pelléas et Mélisande vivent aiment et meurent dans le monde de la poésie. Maurice Maeterlinck Né à Gand en 1862, poète (Serres chaudes) et essayiste (Le Trésor des humbles), Maurice

Maeterlinck voit sa première pièce La Princesse Maleine publiée en 1889. Suivent entre autres Les Aveugles en 1890, et en 1892 Pelleas et Mélisande, texte créé l’année suivante à Paris par Lugné-Poe, et sur lequel Claude Debussy travaille près de dix ans avant d’achever son opéra. Maeterlinck est immédiatement reconnu comme chef de file des symbolistes. Il est admiré d’Artaud, des surréalistes, et en 1908, Stanislavski crée L’Oiseau bleu, féerie jouée dans le monde entier. En 1911, il reçoit le prix Nobel de littérature. À la fin de sa vie, il écrit moins et abandonne pratiquement le théâtre. Il meurt en 1949 à Orlamonde.

PRESSE Fabrice Melquiot, Emmanuel Demarcy-Mota : l’un est auteur, l’autre metteur en scène. Ils ont la trentaine. Souvenez-vous de ChéreauKoltès à Nanterre : rien de mieux que ce type d’alliance pour revigorer le théâtre. Exemple : Marcia Hesse. L’histoire ? Banale : un soir de réveillon au bord de la mer. Odile Quirot, Le Nouvel Observateur Une île au large du continent. Ou plutôt une presqu’île, coupée du monde à marée haute. C’est une nuit de Saint-Sylvestre, une nuit de tempête. D’abord on n’entend que le bruit de la mer et celui du vent. Le vent fou d’une de ces nuits où les marins se perdent en mer, à jamais. Sur cette île, il n’y a qu’une seule maison […] Fabienne Darge, Le Monde Elle ressemble un peu à un bateau en dérive, la maison de cette famille Hesse. Du bois partout, des étages qui ressemblent à des cabines, des rambardes comme pour des coursives, une salle de séjour digne du pont principal avec ses ouvertures qui changent […] C’est le début de soirée de la SaintMarcia Hesse, ph. Enguerand

Jean-Christophe Saïs Né à Lyon, Jean-Christophe Saïs y aborde le théâtre par le biais de la scénographie. Pour ses débuts de metteur en scène, il choisit l’une des premières pièces de Bernard-Marie Koltès, rarement jouée : Sallinger, qui, en 1999 à Dijon, le révèle. En 2002, il reste chez Koltès et monte Quai Ouest, créé au TNS avant de venir aux Abbesses, où en 2005 il présente Dans la solitude des champs de coton. En 2006, il met en scène Roberto Zucco au Piccolo Teatro de Milan. Entre-temps il y a eu Shakespeare avec Roméo et Juliette au Stabile de Turin. Il fait aussi travailler les élèves de l’école du TNB à Rennes, sur Les Quatre jumelles de Copi, Pièces de guerre d’Edward Bond, et Hamlet .

de comédiens époustouflants, qui ne laissent pas un moment de répit à l’émotion, à la curiosité. Et les questions s’enchaînent, se croisent, s’entremêlent, comme les répliques de la pièce.

LES ABBESSES • TARIF A DU 12 AU 21 OCTOBRE

REPRISE

Marcia Hesse FABRICE MELQUIOT EMMANUEL DEMARCY-MOTA mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota assistant à la mise en scène Christophe Lemaire scénographie et lumières Yves Collet collaboration scénographie Michel Bruguière conseillère littéraire Marie-Amélie Robilliard création sonore Jefferson Lembeye costumes Corinne Baudelot

avec Louis Arène, Mélodie Berenfeld, Charles Roger Bour, Ana Das Chagas, Philippe Demarle, Evelyne Istria, Anne Kaempf, Alain Libolt, Julia Maraval, Michelle Marquais, Jérôme Robart, Laurence Roy, Anabelle Simon Sur le plateau des Abbesses, Marcia Hesse est revenue. Ou plutôt son fantôme, présent au cœur de sa famille. Toute une bande de gens d’une normalité tellement assumée qu’elle en devient mystérieuse. Ils parlent et ne se dévoilent pas. Chacun respecte le jardin secret de l’autre, sans cesser de chercher à le comprendre. Ils sont banals et bouleversants. Il faut dire qu’ils sont incarnés par une bande

Sylvestre. Les Hesse attendent les Suter pour la fête. Un jeu de deux familles et quelques jockers […] Jean-Pierre Bourcier, La Tribune […] De grands acteurs au coude à coude avec de très jeunes parfois, tous se pliant au redoutable jeu d’équipe induit par cette pièce tissée de répliques qui se chevauchent à une vitesse hallucinante. Personne ne s’écoute, chacun noie le poisson en devisant sur les coquillages ou la dinde. La discussion masque une ombre qui passe parfois en fond de scène : Marcia Hesse […] Odile Quirot, L’Observateur […] Rien ne se passera d’autre que cette longue soirée où l’absente sera de plus en plus présente, où chacun peut-être, pourra se faire à lui-même le cadeau d’accorder une place à cette absence, à cette douleur, derrière les propos familiers et anodins d’une réunion de famille […] Fabienne Darge, Le Monde […] Célèbre-t-on ce soir-là le premier anniversaire de la mort de l’adolescente ou la Saint Sylvestre ? On ne saura pas. Ni pourquoi Marcia Hesse – un nom de femme mythique à la Marguerite Duras – a disparu. Suicide ? Accident ? Fabrice Melquiot laisse famille et amis se débrouiller avec leurs doutes, leurs incertitudes […] Fabienne Pascaud, Télérama

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La Déesse de la rivière Luo, ph. W. Chang

THEATRE DE LA VILLE • TARIF B

Comment survivre à l’indicible ? Comment “faire son deuil”, comme on dit aujourd’hui, de ce qu’on ne comprend pas, de ce qu’on ne sait pas ? En faisant silence ou bruit : en parlant ou en se recueillant. […] F. P., Télérama

LUKAS HEMLEB/CHEN MEI-O ENSEMBLE HAN TANG YUEFU

[…] Tout l’art de Fabrice Melquiot est de nous montrer comment en creux, comment dans des mots jetés qu’un étranger – le spectateur – ne saisit pas immédiatement, s’imprime la présence de l’absente. Comment un mort taraude les vivants, comment l’on vit avec les morts. […] Armelle Héliot, Le Figaro

mise en scène Lukas Hemleb et Chen Mei-o

Marcia Hesse, photos Enguerand

[…] Qui est Marcia Hesse ? Une jeune fille morte un an plus tôt, dont le fantôme glisse tout au long de cette soirée de réveillon familial aux allures tchekhoviennes. Pourquoi Tchekhov ? Parce qu’on est dans l’entrelacs des sentiments, des conversations tendres et blessées, prises dans le filet de l’indicible […] Laurence Liban, l’Expressmag

CRÉATION

La Déesse de la rivière Luo Luo shen fu

DANSE MUSIQUE THÉÂTRE NANGUAN spectacle surtitré en français direction musicale, chorégraphie Chen Mei-o assistée de Hsiao Ho-wen scénographie et lumières Lukas Hemleb costumes William Chang

18 instrumentistes, chanteurs et danseurs de Taïwan ENSEMBLE HAN TANG YUEFU musiciens Cai Li-yong, Wu Shi-an, Chen Shaw-chi, Kao Mao-tung, Huang Yu-chieh, Huang Ching-wei danseurs Hsiao Ho-wen, Deng Jing-wei, Yang Wei-chen, Chen Kei-li, Wu Fang-mei, Lin Fang-yi, Chuang Chiung-hung, Lee Wei-chun, Tu Chi-chao, Lai Shuo-min, Lin Yu-hsuan… (distribution en cours)

Fabrice Melquiot Comédien, Fabrice Melquiot fait partie de la Compagnie des Mille Fontaines. Il écrit également, en direction des jeunes publics. Et lorsque la Comédie-Française commence à s’y intéresser, en 2003, elle choisit son Bouli Miro. Il confie à Emmanuel Demarcy-Mota, Le Diable en partage (prix du Nouveau Talent de la SACD, prix Jean-Jacques Gautier du Figaro, révélation de l’année pour le syndicat de la critique) et L’Inattendu au Théâtre de la Bastille, puis à la Comédie de Reims. Emmanuel Demarcy-Mota vient d’y être nommé, et l’invite en tant qu’auteur associé. C’est là qu’est créée Marcia Hesse, avant d’être présentée en 2005 au Théâtre de la Ville-Les Abbesses, et d’y revenir en octobre 2006. Entre-temps, toujours aux Abbesses, il y aura eu son adaptation de Face de cuillère, de Lee Hall, avec Romane Bohringer.

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24, 25, 26 OCTOBRE

La particularité de Lukas Hemleb est de ne pas se trouver là où on l’attend. Ainsi, après avoir ouvert une porte sur la Pâque juive d’une famille italienne d’aujourd’hui (Pessah de Laura Forti, en 2004 aux Abbesses) le voilà parti pour la Chine, au cœur d’une légende contant l’impossible amour d’un prince mélancolique déchu de son pouvoir, pour une déesse : La Déesse de la rivière Luo. Et cette fable lui rappelle la rencontre aux confins de la vie, de Dante et Béatrice : « Elle met en lumière l’inéluctable scission entre les dieux et les humains. Elle aboutit à cette constatation, qui fait retomber le prince dans sa mélancolie, dans sa solitude. » C’est un poème datant du IIIe siècle de notre ère, de Cao Zhi, un grand classique chinois, qui est la base d’un spectacle musical qui, parti de Taïwan, va venir en Europe, et même tourner en Chine populaire. Longtemps, la musique Nanguan s’est jouée dans les jardins, les squares. Elle appartient à une tradition bien plus ancienne que nos plus anciennes traditions occidentales. Elle enchevêtre théâtre, chant et danse, et pendant tout le temps de la révolution culturelle a été mise de côté. Elle revit grâce aux recherches de Chen Mei-o, chanteuse et chorégraphe, fon-

Chen Mei-o Chorégraphe et chanteuse, Chen Mei-o , présentatrice d’une émission de musiques traditionnelles à la radio, fonde en 1983 à Taïpei le groupe Han Tang Yuefu, en référence aux deux dynasties sous lesquelles les arts ont pu se développer. Son but : « refonder une tradition en s’appuyant sur la tradition », faire revivre la musique nanguan – que l’on pourrait traduire « vents du sud » – dont les origines remontent au Ve siècle avant Jésus-Christ, la rendre à nouveau familière hors des temples où elle a été confinée, restituer les chants et danses qui l’accompagnent et ont connu leur apogée entre le XIIe et le xVe siècle de notre ère. Depuis sa fondation le groupe est invité en Europe comme en Asie. Il est notamment venu à la Biennale de Lyon en 2000, au Théâtre national de Chaillot en 2002, à la Maison des cultures du Monde en 2005.

Miniatures pour La Déesse de la rivière Luo

Lukas Hemleb Né en 1960 à Francfort, Lukas Hemleb a toujours mêlé musique, théâtre, voyages. En Afrique d’abord, puis retour en Europe avant de découvrir Taïwan. En France, il monte Gregory Motton (Loué soit le progrès) à la Cabane, Copi (Une visite inopportune) au Vieux-Colombier après sa création au Studio de la Comédie-Française, laquelle fait appel à lui pour un Feydeau (Le Dindon) en attendant, la saison prochaine, Molière et Le Misanthrope. Il fait le tour de la périphérie, crée à Bobigny, Vision de Dante, à Créteil puis à Saint-Denis, Figures de Pierre Charras avec Denis Lavant, à Gennevilliers après Bourges, Titus Andronicus de Shakespeare, revient au centre ville pour Pessah de Laura Forti au Théâtre de la Ville-Les Abbesses. Au Festival d’Aix-en-Provence 2005, il met en scène La Clémence de Titus de Mozart.

M. Di Fonzo Bo, ph. Michel Labelle

datrice et directrice de l’ensemble Han Tang Yuefu, avec lequel elle redonne vie à cette expression née dans la Chine du Sud, plus proche de la rigueur sophistiquée japonaise que des virtuosités acrobatiques généralement venues de Pékin. L’ensemble Han Tang Yuefu est composé de danseurs-musiciens-acteurs éduqués dans plusieurs écoles. Quand ils ont abordé ce travail, ils ont dû tout abandonner pour s’y consacrer entièrement. Car il s’agit là d’une forme strictement codifiée, qui impose un entraînement incessant, une absolue disponibilité physique et mentale. Dans sa simplicité, elle exige la perfection. Rien ne prédisposait spécialement Lukas Hemleb à ce travail. Quand il a rencontré Chen Mei-o, elle s’est intéressée à son rapport à l’espace, aux lumières, à la musique : « Au début je ne savais pas comment aborder cet univers. Surtout que j’étais convaincu dès le départ qu’il fallait éviter toute tentative de métissage avec quoi que ce soit d’occidental. Nous nous sommes mis d’accord que ce serait une grave erreur, qui détruirait la finesse de cette forme, tellement pure et fragile. Nous utilisons uniquement le matériau d’origine, en prenant bien garde de l’épurer, de le défolkloriser. « Mais quoi qu’il en soit, quoi que je fasse, j’agis en m’adaptant à la chorégraphie. Ma mise en scène l’accompagne. Je veux surtout mettre en valeur cette danse qui existe depuis des siècles et demande des années de perfectionnement. Voilà bien trente ans que Chen Mei-o l’étudie. Alors même si, bien entendu elle l’a reconstituée, même si la dire fidèle à cent pour cent est impossible, jusque dans ses inventions elle retrace forcément la juste ligne, et je dois la suivre. » William Chang, couturier de Wong Kar Wai (2046, In the mood for love ) prend en charge les costumes. Lukas Hemleb entretient des contacts avec le groupe depuis deux ans. Il a régulièrement participé à leur travail à Taïwan et apprend le chinois. Pour ne pas être totalement dépendant, pour se pénétrer de la structure d’une pensée liée à cette musique, à la peinture, à l’écriture : « Habituellement, nous entretenons avec la mise en scène un rapport purement cérébral, fondé sur les concepts. Ici, je dois retrouver une autre notion, celle de l’acte accompli sans autre motif que le fait d’agir. De plus en plus dans mon travail, je cherche ce que j’appellerais “l’apesanteur”, un état par lequel je puisse entrer dans un temps aussi fluide que les traits de pinceaux traçant les idéogrammes. Par lequel je puisse oublier les différences entre les diverses composantes d’un spectacle, pour créer une sorte de fusion, imprévisible comme la vie. »

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 6 AU 11 NOVEMBRE

Loretta Strong Le Frigo

CRÉATION

COPI MARCIAL DI FONZO BO LORETTA STRONG avec LES POULETS N'ONT PAS DE CHAISES d'après les dessins de Copi conception et mise en scène Marcial Di Fonzo Bo et Élise Vigier musique Pierre Allio Jean Yves Gratius violoncelle Benoît Gaudelette percussions Sylvain Gontard trompette Pierre Allio piano vidéo, animation et images Clément Martin et Bruno Geslin lumières Maryse Gautier son Teddy Degouys corps, masques et animaux Anne Leray perruques et maquillages Cécile Kretschmar

avec Marcial Di Fonzo Bo Loretta Strong, création en juillet 2006 au Festival d’Avignon

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avec Raul Fernandez, Pierre Maillet, Angel Pavlovsky (sous réserve) avec le Festival d’Automne à Paris

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Copi - Marcial Di Fonzo Bo. Ils n’ont pas eu besoin de se rencontrer pour se connaître, se reconnaître. Leur histoire a commencé en 1999 à Rennes au TNB, Copi était mort depuis un peu plus de dix ans. Marcial Di Fonzo Bo en dressait le Portrait, spectacle venu l’année suivante aux Abbesses. Copi-Marcial reviennent, cette fois au Théâtre de la Ville, avec deux textes, deux monologues : Loretta Strong et Le Frigo. Le premier, histoire (si l’on peut dire) d’une astronaute violée par un rat, perdue dans l’espace à la recherche de Betelgeuse, Copi l’a créé en 1974 à la Gaîté Montparnasse. Le second, en 1983 au Théâtre Fontaine (pour le Festival d’Automne). Entre-temps, sa santé s’était singulièrement dégradée, et aux côtés d’un ancien mannequin nommée L, à qui l’on vient de livrer un frigo, la mort est très présente, drapée dans les élégants atours d’une ironie bravache. Avec les deux textes, plus Les poulets n’ont pas de chaise et Sale crise pour les putes, autrement dit, deux séries de dessins projetés sur scène, Marcial Di Fonzo Bo propose un fulgurant voyage dans l’univers de Copi : « Les dessins sont ceux de La Femme assise*, bien entendu, à laquelle comme dans Portrait, les comédiens rendent visite. Et puis tout son bestiaire de perroquets, d’escargots, d’insectes, d’homos, de filles perdues… Et les rats, qu’on retrouve partout chez lui. Ils forment d’ailleurs un petit orchestre, un corps de ballet… C’est notre monde, tel qu’il le voyait. Et dans cet environnement, se succèdent les deux monologues. » Il y a donc Le Frigo avec Angel Pavlovsky, enfant d’émigrés russes et Argentin comme il se doit, rencontré à Barcelone, où il tient la scène depuis une trentaine d’années, avec un personnage de travesti “La Pavlovsky”. L’interprète idéal, d’autant qu’il est de la même génération que Copi. Autour de lui apparaissent et disparaissent Élise Vigier, Pierre Maillet et Raul Fernandez. « Comme des doubles à l’infini de L, les figures de sa folie, de ses rêves. Copi l’a écrit pour le jouer. Il était L et sa mère en se partageant le visage en deux traits de maquillage… Mais aujourd’hui, le comédien qui enchaîne les sketches et fait vivre une suite de personnages est trop entré dans les habitudes du comique. La drôlerie de la pièce est énorme, terrible, mais ne marche pas si on ne réussit pas à faire entendre la douleur de L, sa détresse dans la folie, sa fureur pathétique. Jouer du Copi exige une parfaite sincérité, y compris et surtout dans les moments de pur délire, car toujours il part de sentiments, de comportements extrêmement humains, concrets et qu’il fait déraper dans le vertige… » La partie Frigo se passe sur scène, l’autre dans les airs : Marcial-Loretta Strong au dessus des spectateurs, avec seulement un téléphone, son unique lien avec la terre… Une première : Copi a joué Loretta Strong un peu partout, mais toujours sur les planches, et pendant de longues années. C’est même pour s’en débarrasser et aller ailleurs, qu’il avait

* Dessins qui, dans les années 60, paraissaient chaque semaine dans Le Nouvel Observateur, qui ont fait la célébrité de Copi, et ont également inspiré un spectacle d’Alfredo Arias avec Marilu Marini.

Loretta, dessin de Copi

costumes Pierre-Jean Larroque lumières Maryse Gautier

pensé au Frigo. Selon son humeur, son spectacle durait entre dix minutes et deux heures. Il lui est arrivé d’écrire des passages au dernier moment, alors il gardait sa brochure en scène. Quant à Marcial di Fonzo Bo, peut-être est-ce pour marquer la fin d’un cycle qu’il confie L à un autre. Et aussi pour se concentrer sur sa Loretta Strong personnelle : « J’ai trié parmi les différents textes de Copi à son propos. Je n’essaie pas de faire croire à un personnage de cosmonaute, ce serait ridicule. Elle est un corps en lévitation, en apesanteur au centre d’un espace sidéral… Elle se révolte, lutte, elle a peur, elle se défend… Comme tous les acteurs elle ne veut pas quitter la scène, comme chaque homme elle ne veut pas mourir. » « Les personnages de Copi sont illimités, car ils ne connaissent d’autre limite que celles du théâtre » disait Armando Llamas, qui était espagnol mais a vécu une grande partie de son existence en Argentine.

Copi, ph. J. Damonte

LE FRIGO mise en scène Marcial Di Fonzo Bo collaboration atistique Élise Vigier

Copi Né en 1939 à Buenos Aires, Raul Damonte Botana, dit Copi, arrive en France en 1963, invente pour Le Nouvel Observateur, cette Dame assise et imperturbable qui lui apporte la célébrité. Il écrit pour le théâtre, Jorge Lavelli monte ses pièces (aux éditions Bourgois) de la première Sainte-Geneviève dans sa baignoire, à la dernière Une visite inopportune, en passant par Les Quatre Jumelles, L’Ombre de Venceslao entre bien d’autres. Et Alfredo Arias, et Philippe Adrien… Et Marcial Di Fonzo Bo, qui redonne toute sa force à un texte méconnu La Tour de la Défense. Copi est aussi acteur, dans L’Homosexuel, Loretta Strong… Sa dernière création personnelle sera Le Frigo. Il meurt en 1987, aura écrit nombre de livres, dont L’Uruguayen.

Dominique Pitoiset, ph. M. Ferrari

Biljana Srbljanovic, ph. X. DR

Marcial Di Fonzo Bo C’est en lisant L’Uruguayen que Marcial Di Fonzo Bo apprend le français et découvre Copi. Né en 1968 à Buenos Aires, il arrive à Paris en 1987. En 1991, il entre à l’école du TNB de Rennes, y rencontre Claude Régy pour qui il joue notamment La Terrible Voix de Satan de Motton, Quelqu’un va venir de Jon Fosse. Dans un esprit très différent, il travaille avec Matthias Langhoff : Richard III, d’après Shakespeare, L’Île du salut d’après Kafka, en 1997 au Théâtre de la Ville, L’Inspecteur général de Gogol. Il a aussi travaillé avec Rodrigo García, Olivier Py, Luc Bondy… En 1994, il fonde la Compagnie du Théâtre des Lucioles, avec laquelle il monte notamment des textes de Leslie Kaplan, Philippe Minyana, Rainer Fassbinder, Copi un portrait, Eva Perón, La Tour de la Défense de Copi.

LES ABBESSES • TARIF A DU 7 AU 25 NOVEMBRE

Sauterelles

CRÉATION

BILJANA SRBLJANOVIC DOMINIQUE PITOISET traduction française de Gabriel Keller mise en scène Dominique Pitoiset assistante Francesca Covatta lumières Christophe Pitoiset musique André Litolff

avec Houda Ben Kamla, Nadia Fabrizio, Mila Savic, Caroline Chaniolleau, Jane Friedrich, Nicolas Rossier, Pascal Vannson, Gilbert Tiberghien… (distribution en cours)

Sauterelles, ph. X. DR

Ce texte s’intitule Sauterelles, petites bestioles qui, prises séparément, sont inoffensives mais qui, reproduites à des milliers d’exemplaires, dévastent un pays. Dehors il pleut, il pleuvra sans arrêt, chez Biljana Srbljanovic tout ce qui tombe du ciel est dangereux. Comprimés dans des intérieurs étroits, du grand-père septuagénaire à la gamine de dix ans, les générations se

cognent les unes aux autres sans aménité. Comme un peu partout sans doute, et ici plus qu’ailleurs : l’histoire se passe aujourd’hui à Belgrade. C’est-à-dire en un lieu où depuis les années 40, la dictature néo-stalinienne du maréchal Tito, le déchirement des territoires qu’il avait réunis, et jusqu’à la mort récente de Slobodan Milosevic – accusé de crime de guerre – aucune de ces générations n’a échappé à un conflit. Rien n’est jamais simple dans les Balkans… Mais pour Dominique Pitoiset qui crée en France Sauterelles, la situation est avant tout cocasse : « C’est vrai, Biljana Srbljanovic, l’auteur, ne fait pas de concession. Elle passe au scanner une société complètement perturbée, en attente du train de l’histoire, un train qui ne semble pas décidé à vouloir passer par là. Plantés sans perspective au cœur d’un endroit pratiquement oublié de tous sauf en temps de guerre, les gens mangent sans arrêt, histoire de se sentir exister, de combler le vide de la détresse. « Ils manifestent un égoïsme phénoménal. L’amour du prochain n’est pas leur affaire, ils ont été trop souvent manipulés, sont bien trop habitués à devoir se protéger contre tout et tous, eux qui vivent dans un trou blanc au cœur de l’Europe, eux dont le passeport aujourd’hui ne vaut plus rien. » Cyniques, égoïstes et cruels, ils n’en sont pas moins drôles, voire pathétiques. Pas d’alternative, ici, tous sont condamnés à composer avec l’autre dans la promiscuité et la médiocrité. « L’écriture de Biljana Srbljanovic est immédiate, réactive, faite de personnages de théâtre qui portent le poids de la vie. Sa dramaturgie est directe et concrète, assez proche du cinéma dans l’enchaînement des scènes et des lieux. Elle raconte des histoires de familles dans l’exil intérieur de paumés des sociétés post-communistes. « Comme autant d’épisodes d’un feuilleton, la pièce comporte dix-huit séquences, sans résolutions, chacune se terminant sur une sorte de faux suspense, repris dans la suivante. Ce qui donne à l’ensemble une manière d’insolence assez jouissive. « Elle est peut-être moins crue que d’autres comme Supermarché ou America, suite. Sans doute parce qu’aujourd’hui Biljana Srbljanovic habite Paris et, même si son regard demeure sans concessions, elle a pu prendre quelque distance. Bizarrement, elle a beaucoup hésité sur le titre. Elle a d’abord pensé à Mon père joue au loto, puis Équinoxes, à cause de ces trentenaires qui amorcent la pente déclinante de leur existence. Après avoir éliminé Pièce N° 6, (c’est son sixième texte pour le théâtre), elle s’est finalement arrêtée à Sauterelles.

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Biljana Sbrljanovic Née à Belgrade en 1970, Biljana Sbrljanovic voit sa première pièce La Trilogie de Belgrade créée en 1997 dans sa ville natale, où elle est sans cesse reprise, puis à la Biennale 1998 de Bonn, avant de faire le tour d’Europe. En 1998, Histoires de famille, qui reçoit le prix de la meilleure pièce au Festival de Novi Sad, est traduite et jouée en Allemagne, en Pologne, aux États-Unis, aux Pays-Bas, en France où elle vit actuellement, et où en 2000 sa troisième pièce La Chute est créée au Festival de Bussang. En 2004, c’est au Festival de Vienne qu’est créé Supermarket, dans une mise en scène de Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne de Berlin, avant d’être monté en France au Studio d’Alfortville, où est également créé en 2004 l’America, suite.

Dominique Pitoiset Après avoir suivi l’École des Beaux-Arts à Dijon, Dominique Pitoiset entre à l’École du TNS. De retour à Dijon, il fonde sa compagnie, met en scène un Misanthrope, qui le projette d’un coup dans la cour des grands. Timon d’Athènes en 1991, le Urfaust de Goethe en 1993 le confirment. En 1995, son adaptation du roman de Gontcharov, Oblomov, lui vaut le Prix de la critique. En 1996, il est nommé à la tête du centre dramatique de Dijon, rebaptisé Théâtre national de Dijon-Bourgogne, monte La Dispute de Marivaux et parallèlement Les Noces de Figaro à l’Opéra de Lausanne, crée Le Procès d’après Kafka au Festival d’Avignon 1996, donné ensuite à Paris au Théâtre de la Ville, où en 1998, il présente Les Brigands de Schiller. Il monte Don Giovanni en 1999, Falstaff en 2000, à l’Opéra Bastille. Depuis 2004, il dirige le CDN de Bordeaux. THEATRE DE LA CITE INTERN. • TARIF A DU 13 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE

Atteintes à sa vie

CRÉATION

17 scénarios pour le théâtre

MARTIN CRIMP JOËL JOUANNEAU mise en scène Joël Jouanneau décor Jacques Gabel lumières Franck Thévenon son Pablo Bergel collaboration artistique Cyrill Teste

avec Fabrice Bénard, Bruno Blairet, Nicolas Chupin, Mélanie Couillaud, Sabrina Kouroughli, Vincent Macaigne, Michel Bompoil, Hedi Tillette-Clermont Tonnerre…

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avec le Festival d’Automne à Paris

Martin Crimp, ph. G. Deblonde

Joël Jouanneau, ph. J. J. Kraemer

« Elle a souvent dit qu’elle décrivait le monde tel qu’il est : trash. Et que notre génération n’y changera pas grand-chose, nous sommes déjà trop vieux. Son théâtre reflète la noirceur du monde. C’est vrai, et le fond en reste toujours saignant. Les personnages sont susceptibles, quelquefois arrivistes, souvent paranos. Et quand ils veulent se montrer agréables, alors ils deviennent rapidement détestables. Ils n’ont pas l’habitude. « Sauterelles est une pièce de troupe, sans grands et petits rôles. Les acteurs doivent se montrer parfaitement complices, trouver ensemble un ton d’ironie lucide. Si chacun joue en tenant compte de ce qu’il prête comme intention à ses partenaires, alors la comédie peut naître. J’ai bien l’intention de m’amuser avec ces Sauterelles. »

Atteintes à sa vie, il s’agit de la vie d’une femme. On le suppose, car on ne la voit pas. Elle ne laisse derrière elle que des traces de son passage : un répondeur, un sac de voyage, des tableaux, un billet d’avion… Mais les autres en parlent, l’appellent Anne, Annie, Anya, selon le pays où elle est censée se trouver. Car rien n’est sûr. Et les dix-sept séquences n’apportent aucune réponse stable. Ici, tout est mouvement, faux-fuyant, incommunicabilité à l’échelle planétaire. Ainsi procède Martin Crimp : aux metteurs en scène il offre des éléments, leur laissant toute liberté d’interprétation. Défi qui n’est pas pour déplaire à Joël Jouanneau : « Il y a un sous-titre : “dix-sept scénarios pour le théâtre”, et Martin Crimp demande de prendre à la lettre cette notion, formidable incitation au mélange des genres – du burlesque à l’angoisse en passant par la comédie – tout comme au croisement des arts, de la danse au chant, en passant par la vidéo… Il rêve d’une troupe représentative de la société tout entière en voie de mondialisation. Une utopie, mais le nombre de comédiens reste aléatoire, ils peuvent être trois, sept, quinze… Ici, ils sont neuf, et il leur est beaucoup demandé. Tout est à inventer, c’est pourquoi ce texte est souvent travaillé dans les écoles. Ce que j’ai d’ailleurs fait au Conservatoire en 2003. « Au bout de cette vertigineuse enquête, on ne saura pas qui est Anne. Chacun la sienne ? On la croit victime d’un attentat, elle est alors signalée comme terroriste. On l’imagine prostituée, elle se retrouve dans une organisation humanitaire, scientifique. Pour les uns, elle est peintre, pour les autres écologiste, militante d’extrême droite… J’ai le sentiment d’une Anne en fuite, ne sachant pas précisément ce qu’elle fuit, mais sachant précisément que sa survie est dans la fuite. « Atteintes à sa vie : atteintes à l’identité. C’est la première pièce, du moins à ma connaissance, dénonçant de façon aussi radicale les discours (policier, sécuritaire, esthétique, caritatif, publicitaire…) qui nous parviennent. Et par là, elle renvoie aux dangers que fait peser l’univers virtuel et médiatisé sur la perception de soi, des autres. Comme si le réel devenait impossible à cerner, alors qu’il n’a jamais été aussi lourd à porter. « Naturellement, la pièce est traversée par la dégringolade des “Twin Sisters” et leurs fantômes… Elle offre une magnifique machine à jouer, à inventer, à croiser, à faire galoper l’imagination. Mais à aucun moment on ne doit oublier l’indispensable épure qui, dans le vacarme, permet de se faire entendre. Le défi, en fin de compte, consiste à atteindre le juste équilibre, et surtout surtout, surtout : que sons et images restent au service du texte, de sa musique. Musicale, la pièce l’est absolument. Dans son langage, dans sa structure, et c’est même là ce qui en fait l’unité. « Je pense également à la peinture. On peut dire que Crimp revient sur son motif, son sujet, par couches successives, chacune s’efforçant d’effacer la précédente. Alors notre

travail va à l’inverse : il consiste à creuser, à retrouver le noyau dur, le point originel du texte. En somme, à tenter de restaurer ce que fut le premier visage d’Anne. Notre quêteenquête déboucherait probablement sur le vide, mais elle nous aura permis de mesurer les contractions et contradictions de notre monde globalisé. Peu importe qu’Anne n’existe pas, si le voyage est brûlant. »

LES ABBESSES • TARIF A DU 13 AU 27 DÉCEMBRE

The Little Matchgirl

CRÉATION

ANDERSEN DAN JEMMETT THÉÂTRE MUSICAL

Martin Crimp Martin Crimp fait ses débuts de dramaturge en 1982 dans une salle de la périphérie londonienne, avec Living remains. Il écrit pour la radio, collabore avec le Royal Court. Y sont créés Getting attention, dont, la saison dernière Christophe Rauck présente aux Abbesses la version française. Atteintes à sa vie – que Stanislas Nordey met en scène au TNB de Rennes, et que Joël Jouanneau traite une première fois avec les élèves du Conservatoire. La Campagne, que Luc Bondy monte en 2002 au Burg Theater de Vienne, avant de créer en 2004 à Londres, Cruel and tender. Deux spectacles venus à Paris. Francophone, Martin Crimp a adapté notamment Marivaux (Le Triomphe de l’amour), Molière (Le Misanthrope), Genet (Les Bonnes), Koltès (Roberto Zucco), Ionesco (Les Chaises). En France, son théâtre est publié aux Éditions de l’Arche.

The Little Matchgirl, ph. R. Haughton

Joël Jouanneau Auteur et metteur en scène, Joël Jouanneau s’adresse aux jeunes publics : Kiki l’indien, Mamie Ouate en Papouasie… Sa découverte du comédien David Warrilow au TGP de SaintDenis dans Le Dépeupleur de Beckett, élargit son champ d’action. Avec lui, il monte notamment En attendant Godot, La Dernière Bande, de Beckett encore, L’Hypothèse et L’Inquisitoire de Pinget. En 1989, il est nommé artiste associé au Théâtre de Sartrouville, puis directeur. Il s’en va en 2003, monte à Théâtre Ouvert Les Amantes d’Elfriede Jelineck, Kaddish pour un enfant qui ne naîtra pas d’Imre Kertèsz. Au Festival de Bussang et à la Cité Internationale, J’étais dans la maison et j’attendais que la pluie vienne de Jean-Luc Lagarce. Pour Marief Guittier, il écrit Mère et fils, comédie nocturne, que Michel Raskine met en scène et présente aux Abbesses la saison dernière.

en anglais, surtitrage en français d’après La Petite Fille aux allumettes d’Andersen mise en scène Dan Jemmett composé par Martyn Jacques arrangements Christian Kolonovits scénographie Richard Bird costumes Sylvie Martin-Hyszka lumières Arnaud Jung

avec les TIGER LILLIES Martyn Jacques chant, accordéon Adrian Huge percussions Adrian Stout contrebasse et Bob Goody, Laetitia Angot accompagnés d’un trio à cordes… (distribution en cours)

Entre son Shakespeare secoué, Shake d’après La Nuit des rois, et ses cavalcades du côté des élizabéthains (Dog Face, Femmes gare aux femmes) le tout au Théâtre de la Ville-Les Abbesses, Dan Jemmett a largement démontré son talent loufoque autant que déjanté. Son dernier spectacle sur William Burroughs et ses délires, toujours aux Abbesses en 2005, a confirmé sinon sa loufoquerie, du moins sa maîtrise de la folie. Et le voilà aujourd’hui, affrontant le plus angoissant des contes d’Andersen : La Petite Fille aux allumettes. Qui n’a pleuré, qui n’a frissonné de peur, de gêne, de compassion, en lisant cette histoire où l’on voit, par une nuit de neige, une nuit où « le froid attaque comme un chien affamé », une gamine abandonnée de tous, frigorifiée, réfugiée entre deux maisons grises. On la voit serrer « dans ses petites mains bleuies » un paquet d’allumettes qu’elle espère vendre. Mais, c’est le soir du 31 décembre. Chargés de victuailles et de cadeaux, les passants passent sans même lui adresser un regard. Alors, pour se défendre de la nuit glaciale, une à une elle craque les allumettes. Brèves lueurs qui font apparaître des visages amis, des gestes de tendresse... Puis, lorsque vint le jour, « on la trouva morte, toujours assise entre les deux maisons grises. Elle souriait et paraissait heureuse ». Dan Jemmett imagine un vieil homme mal dans sa peau (Bob Goody) seul avec ses cauchemars et beaucoup de whisky. Il va, il vient, une chanson lui parvient, qui évoque le sort de cette gamine plus seule encore que lui. Il tire le rideau de théâtre entourant sa chambre. La petite fille “aux longs cheveux d’or”, (Laetitia Angot) est dehors, comme au centre d’un castelet. Elle traîne ses rêves, elle va et vient. Manipulateur déboussolé d’une marionnette désobéissante, l’homme ne peut rien. Il a beau s’enfermer avec son whisky, il ne peut échapper à l’image de la fillette, à son histoire, à la lancinante mélopée, enchaînement de douze chansons portées par une étrange voix, intense et enfantine. « Et ton sang qui s’est glacé, glacé / Est tout ce qui nous reste à aimer […] À présent que ta vie rayonne/ Par pitié tu nous pardonnes. »

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The Little Matchgirl, photos R. Haughton

zabéthains pour entraîner Denis Lavant dans les délires de William Burroughs.

L. Laffargue, ph. P. Bun

Pirandello, ph. M. Lajournade

Pour ce spectacle, entièrement musical, Dan Jemmett s’est adjoint les Tiger Lillies. Soit, un percussionniste (Adrian Huge) un contrebassiste ne dédaignant pas la scie musicale (Adrian Stout), plus le chanteur, également accordéoniste : Martyn Jacques, fondateur du groupe. Il est l’homme à la voix d’enfant en détresse, à la fois dure et plaintive, comme revendiquant un bonheur hors de portée. Il fallait bien qu’un jour Dan Jemmett et lui, tous deux nourris aux contes cauchemardesques, tous deux enfants des Polichinelles grimaçants, créent ensemble un spectacle, forcément décalé de toute réalité, plongeant au cœur des fantasmes les plus dérangeants. Ni freudien pourtant, ni surtout ésotérique mais au contraire parfaitement concret, leur spectacle se rattache à l’humanité brutale des théâtres de poupées, là où les frontières du normal volent en éclats de rire, de rage, et/ou de sanglots, où la plus grande innocence se superpose à la plus profonde cruauté. Il y a là une sombre lucidité, une formidable aisance dans le désespoir tranquille, un humour virulent, une tendre poésie. Comment le définir, ce spectacle? Il est anglais.

Martyn Jacques En 1989, Martyn Jacques achète un accordéon et réunit son groupe, les Tiger Lillies, ainsi nommés en souvenir d’une prostituée nommée Lillie, donc, et qui aimait les vêtements bigarrés. Jusqu’à cette date, il dit avoir détesté le travail, et mené une existence outrageusement désordonnée, complètement déphasée. Elle lui a en tout cas inspiré les personnages de ses chansons : drogués, voleurs, putains, et autres marginaux. Classé “neo punk”, il se distingue de toutes les tendances connues par la fureur déchirée de sa voix : entre contre-ténor et adolescent rageur. Par une inspiration morbide traversée de rires ravageurs. Il compose des spectacles avec des artistes de cirque, et voyage partout dans le monde. De l’enfance, il garde et met en musique les perversités, les rêves : être “un conquistador en technicolor”… Qui mieux que lui pouvait chanter La Petite Fille aux allumettes ?

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 8 AU 27 JANVIER

Les Géants de la montagne LUIGI PIRANDELLO CRÉATION LAURENT LAFFARGUE mise en scène Laurent Laffargue assistante à la mise en scène Sonia Millot scénographie Philippe Casaban, Éric Charbeau lumières Patrice Trottier costumes Nathalie Prats musique Nano son Yvon Tutein maquillage, coiffures, masques Muriel Leriche, Emmanuelle Ragogna accessoires Marc Valladon

avec Philippe Bérodot, Sébastien Laurier, Océane Mozas, Hervé Pierre, Stéphane Szestak… (distribution en cours)

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Dan Jemmett Né en 1967 à Londres, Dan Jemmett étudie la littérature et le théâtre à l’université avant de suivre l’exemple de son père, marionnettiste. Il invente un Punch (notre Polichinelle) qui lui ouvre la porte du Norwich Puppet Theatre. Il est également comédien, joue Heiner Müller, Brecht, Marlowe, Shakespeare bien entendu. En France, il apparaît avec un Ubu à trois personnes et un fauteuil rouge. En 2002, au Théâtre de la Ville-Les Abbesses, il monte Shake, version très personnelle de La Nuit des rois (Prix de la critique), puis à Lausanne et à Chaillot Presque Hamlet. En 2003, toujours aux Abbesses, Dog Face d’après The Changeling de Middleton et Rowley, l’année suivante encore dans la même veine Femme gare aux femmes. En 2005, il délaisse les éli-

Écrivant Les Géants de la montagne, Pirandello se sent porté par une force magnifique, et par l’angoisse de tout auteur face à quelque chose qui, peut-être, va le dépasser. D’ailleurs, il laisse le manuscrit de côté. Près de mourir, il ne l’a toujours pas terminé et dicte à son fils quelque suite possible. Mais cette histoire d’une troupe de comédiens ambulants, débarquant chez Cotrone, personnage parfaitement pirandellien, tout à la fois imposteur, manipulateur et magicien, qui a touché de près le pouvoir et règne sur une bande de clochards, cette histoire n’a pas de fin… Les comédiens ne trouveront pas de public pour jouer comme ils l’espéraient, en leur ultime représentation, La Fable de l’enfant échangé – en fait, texte de Pirandello censuré par le régime fasciste.

Pirandello Né en 1867 à Agrigente, en Sicile, il voit ses pièces jouées pour la première fois en 1910. Écrites en dialecte, elles sont traduites en italien. Viennent les succès, Chacun sa vérité (1917), Six Personnages en quête d’auteur (1921), Henri V (1922), Ce soir on improvise (1930), Se trouver (1932). Le “pirandellisme” est né, regard sur les faux-semblants, façon de mettre en jeu la magie et sa vérité du théâtre, le concret et l’irrationnel – pour ne pas dire la folie de la vie. C’est en 1928 qu’il commence Les Géants de la montagne, pièce toujours inachevée à sa mort en 1936. Entre-temps, il aura écrit non seulement pour la scène, mais

aussi sept romans et plus de trois cents nouvelles. Il aura en 1934 reçu le Prix Nobel de littérature. À cette époque, il vit difficilement dans l’Italie mussolinienne, où l’on aurait préféré voir couronner Gabriele d’Annunzio.

Laurent Laffargue En 2002, Laurent Laffargue apparaît au Théâtre de la Ville-les Abbesses avec une histoire noire et fantasmatique, Terminus de Daniel Keene, auteur qu’il retrouve en 2005 avec Paradise. Ses débuts datent de 1992, année où il fonde sa compagnie, le Soleil bleu. Il monte Molière, Feydeau, Marivaux et avec L’Épreuve reçoit le prix des régions et du public au Festival Turbulences de Strasbourg. En résidence de 1994 à 1998 au CDN de Bordeaux-Aquitaine, il se tourne vers Harold Pinter et Edward Bond, dont il met en scène Sauvés. C’est ensuite Homme pour homme de Brecht. En 1999, sous le titre Nos nuits auront raison de nos jours, il inclut Le Songe d’une nuit d’été et Othello. Après Beaucoup de bruit pour rien, (Théâtre de la Ville, mars 2004), il affronte aujourd’hui Pirandello et sa pièce légendaire Les Géants de la montagne.

L’Oratorio d’Aurélia, ph. R. Haughton

Et les Géants ? On ne sait pas. Ils incarnent le danger. Ils vivent hors de portée, construisant des mondes démesurés, effrayants, où le théâtre n’a ni sa place ni ses spectateurs. « Quel pire cauchemar pour des acteurs, que de ne plus pouvoir rencontrer de spectateurs ? » demande Laurent Laffargue : « C’est l’idée forte de la pièce, et l’actualité de sa violence. Elle laisse prévoir un monde entièrement voué à l’économie, à la science, aux technologies, au “produire”. Un monde où l’art est devenu inutile. Alors se pose la question : l’homme est-il réellement fait pour l’art ? « Pirandello ne se borne pas à dénoncer le régime fasciste dans son pays où il est devenu indésirable. Sa réflexion creuse beaucoup plus profondément. Son texte est d’une grande précision, il contient à peu près autant de didascalies que de répliques. Il imaginait, je crois, quelque chose de gigantesque et en même temps misérable. Une misère intérieure qui n’a pas besoin de montrer ses haillons. « C’est ce dont notre monde est aujourd’hui menacé, sa réalité de demain peut-être. Mais je ne veux pas faire de l’anticipation, je ne vais pas du côté de Blade Runner, cela n’aurait aucun intérêt, je ne suis pas Ridley Scott. Pour moi, l’histoire se passe dans un paysage urbain. Un désert goudronneux au sol fendillé, à la sortie d’une mégapole dont sont bannis les artistes, comme de nos jours on chasse les SDF des centres-villes. » Une espèce d’égout, de dépotoir investi par Cotrone avec ses propres exclus. Des gens “à part”, comme dans le film de Tod Brown, Freaks. Des comédiens eux aussi, des personnages de théâtre, frères des Six Personnages en quête d’auteur. « Il ne s’agit pas cependant, d’ajouter un chapitre au “pirandellisme”, celui du théâtre dans le théâtre, des chocs entre réel et illusion. Les acteurs doivent prendre leurs rôles à bras-lecorps, jouer avec leurs tripes, s’empoigner sur les enjeux de leur métier… Je voudrais mettre en scène le malaise dans lequel nous pataugeons, le rétrécissement imposé des ambitions artistiques. Le dire ainsi dans une ville, Paris, où les salles se comptent par centaines, peut paraître incongru. Mais cette pléthore est tout juste un signe de désarroi. Un parmi tant d’autres. » Laurent Laffargue ne se complaît pas dans le pessimisme. La preuve : sa volonté d’aller jusqu’au bout de ce chef-d’œuvre sans s’en dissimuler les pièges. Ayant quatorze ans de mises en scène derrière lui avec sa compagnie du Soleil Bleu, il estime avoir acquis une maturité suffisante pour en affronter et les difficultés et la légende. « Le défi est rude, mais ce n’est pas le premier. Il y a le souvenir de Giorgio Strehler, et le rideau de fer tombant sur la charrette des comédiens. Il y a les deux versions de Georges Lavaudant… Je sais que l’on va m’attendre au tournant. C’est ce que j’espère ! »

LES ABBESSES • TARIF A DU 22 FÉVRIER AU 3 MARS

L’Oratorio d’Aurélia VICTORIA THIERRÉE CHAPLIN CIRQUE THÉÂTRE mise en scène, son Victoria Thierrée Chaplin chorégraphie Victoria Thierrée Chaplin, Jaime Martinez, Armando Santin lumières Philippe Lacombe costumes Victoria Thierrée Chaplin, Jacques Perdiguez, Véronique Grand, Monika Schwarzl

comédienne Aurélia Thierrée danse Aidan Treays

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L’Oratorio d’Aurélia, ph. R. Haughton

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partenaires viennent s’adjoindre, un groupe se forme, une sorte de famille – dont un danseur capable de transformer une robe en cavalière, et vice-versa. Ainsi naît, évolue, se concrétise l’inspiration. Par à-coups, sans idée préconçue. « Victoria adore bricoler, et elle sait le faire. Elle décide, nous essayons. Nous mettons en pratique son imagination. Et peu à peu, se crée un univers, le rythme se trouve, des thèmes se dégagent, l’équilibre s’établit. À travailler toutes les deux ensemble, nous gagnons du temps. Nous nous connaissons bien, évidemment, et en plus, dans cette série d’exercices, j’ai découvert des côtés d’elle que je ne connaissais pas. » De la Norvège à l’Espagne, en passant par Berlin, Londres ou Budapest, entre autres, cet Oratorio aura beaucoup voyagé. Au fil des villes, il s’est fignolé, poli, peaufiné. Il a rencontré des publics qui y ont vu leurs fantasmes. Plus ou moins sophistiqués, absurdes, baroques, sauvages… Chacun les siens, chacun peut y trouver ses rêves, ses cauchemars enchantés, son bonheur surtout. Victoria Thierrée Chaplin Comme son nom l’indique, Victoria Chaplin est la fille de l’immense Charlie. Il n’est pas nécessaire d’en dire davantage pour imaginer le reste. Sinon qu’en 1970, elle rencontre Jean-Baptiste Thierrée, l’épouse et le suit dans le Cirque Bonjour invité en 1971 au Festival d’Avignon. Ils créent ensuite le Cirque Imaginaire qui s’en va tourner un peu partout, en France et bien au-delà de l’Hexagone, change de nom et devient le Cirque Invisible. Ils sont deux en piste mais jouent pour dix, et provoquent le bonheur plus encore. En 2003, après quelques années de travail mère et fille, naît L’Oratorio d’Aurélia. Et ce n’est qu’un début, espère-t-on. Aurélia Thierrée, ph. S. Valeska

Le téléphone sonne, une voix lointaine et masculine s’inquiète. Entourée de lourds rideaux rouges, trône une bonne vieille commode. D’autant plus insolite que d’un tiroir à l’autre, entre linge et lingerie, apparaissent dans un bel effet de dislocation des jambes, des bras, une tête… Ainsi, sur la tendre musique du vieux tube (1948) d’Eden Abba : There was a boy, a very strange and charming boy, surgit Aurélia Thierrée, créature de rêve. Rêve dans lequel rien n’est à sa place ni ne reste en place, où tout est sens dessus dessous, où Piazzolla voisine avec Martyn Jacques, où s’insinuent de troubles cauchemars, où tout naturellement on s’assoit sur une chaise suspendue à l’envers, et non moins naturellement, un homme traverse la scène en marchant, mais par terre, couché sur le côté. Sans oublier… Mais ce serait dommage d’en dévoiler davantage. Bref, c’est la logique de la folie et des métamorphoses, le monde irréel et totalement concret d’un music-hall nourri de cirque, de théâtre, de danse, de marionnettes, de tout ce que la scène permet de possible et d’impossible. Monde dans lequel Aurélia, sœur de James, a fait ses premiers pas : le Cirque Imaginaire, devenu le Cirque Invisible. Manière, dit-elle, pour les parents, de garder auprès d’eux leurs enfants. « Ce n’était pas grand-chose, on était là à courir un peu partout. Je suis restée jusqu’à quatorze ans, et puis j’ai voulu faire des études. Vivre ma propre existence. J’ai habité New-York, travaillé pour le théâtre, le cinéma aussi, mais dans toutes sortes de domaines… Seulement, bien entendu, la scène me manquait. » Elle a travaillé dans un bureau, été assistante, rêve d’apprendre à coudre, pour devenir costumière, pourquoi pas. En attendant, à NewYork, elle participe à des lectures, se retrouve comédienne, et continue le trapèze, juste pour se tenir en forme. Et puis, elle retrouve les siens, son monde, celui du voyage. Avec, au début, des numéros de cabaret. Dont celui qui ouvre son spectacle sur l’air de Nature boy… Il n’est pas question d’en rester là. Sa mère, Victoria Chaplin Thierrée, entre en jeu. Et le rêve devient Oratorio. À vrai dire, le spectacle se construit progressivement, un numéro après l’autre, au fil des voyages. Victoria est là, réfléchit, imagine, choisit les musiques. Aurélia exécute. Des

E. Demarcy-Mota et F. Melquiot, ph. J.-P. Lozouet

Aurélia Thierrée Fille de Jean-Baptiste Thierrée et de Victoria Thierrée Chaplin, Aurélia quitte le cirque familial, s’installe à New-York, y change radicalement de monde pour servir dans une soupe populaire. Comme si la scène se laissait oublier ! Elle tourne autour et y monte. Pour des lectures (Maison de poupée) pour des spectacles, retrouve en 1996 sa mère qui la dirige dans un solo, joue sur Broadway (Electra), à Paris à la Ménagerie de verre (1998), à Berlin au Wintergarten (2004). Entretemps, elle tourne avec le Tiger Lillies Circus, et au cinéma. Avec Milos Forman : Larry Flint (1996), Le Fantôme de Goya (2005), avec Coline Serreau : La Belle Verte (1994), ou Amos Kolleck, Fast Food, Fast Women (1999)... Entre autres, car elle semble ne jamais se reposer.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 6 AU 24 MARS

Homme pour homme

CRÉATION

BRECHT EMMANUEL DEMARCY-MOTA version française de François Regnault mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota assistant à la mise en scène Christophe Lemaire collaboration artistique François Regnault scénographie et lumières Yves Collet collaboration scénographique Michel Bruguière musique Jefferson Lembeye masques Mirjam Fruttiger maquillages Catherine Nicolas conseillère littéraire Marie-Amélie Robilliard

avec Hugues Quester, Sandra Faure, Cyril Anrep… (distribution en cours)

Un jour, après avoir embrassé sa femme, Galy Gay sort acheter du poisson. Sur sa route, il rencontre trois soldats… À partir de là, sa vie change. Lui-même devient un autre. Une machine de guerre, comme les autres… C’est le parcours de cette transformation qui a retenu l’attention d’Emmanuel Demarcy-Mota. S’intéresser à Brecht après Pirandello (Six Personnages en quête d’auteur, en 2001), Ionesco (Rhinocéros, 2005 et 2006), peut surprendre. Mais il se refuse à entrer dans des polémiques dépassées, à enfermer les auteurs dans leurs clichés. Il a su déborder ceux du “théâtre dans le théâtre”, comme ceux du “théâtre de l’absurde”, il veut aller bien au-delà du “message social”. Pour lui, avant tout, le théâtre se doit de mettre au jour la violence des relations entre les personnes, ou à l’intérieur des groupes, les rapports de pouvoir. Il a trouvé des textes dans lesquels Brecht confie son infinie curiosité envers la façon

dont les humains se comportent, deviennent amis ou ennemis, se choisissent, se mentent, s’aiment, ce qu’ils apprennent les uns des autres. « Je passe mon temps à essayer d’observer », écrit-il, et il recommandait aux acteurs « l’art de l’observation ». « Il veut approcher les mécanismes des échanges entre les êtres humains, sinon avec innocence, du moins sans préjugés. » En Galy Gay, Emmanuel Demarcy-Mota ne voit pas « le brave homme incapable de dire non » pris dans un engrenage qui le conduira à se renier, à devenir autre. Il mène avec sa femme une petite vie tranquille, dont il pourrait, comme beaucoup, se satisfaire. Mais l’aventure croise sa route et il se laisse séduire : « Ici, le théâtre est le lieu de la métamorphose. Galy Gay entre dans un groupe, dans une autre existence. C’est en lui que l’engrenage se met en marche, ce n’est pas la société qui le transforme. Il désire “autre chose”, cherche sa place, joue des rôles. Un jeu, au départ. Mais son jugement n’est pas assez clair pour lui montrer la frontière à ne pas franchir, et arrive le moment où il est trop tard pour retourner en arrière. Il a trouvé sa place dans un autre système. « La pièce renvoie à cette problématique de l’être humain dans son rapport au monde, à la société, à l’amour, à la séduction. La séduction de l’inconnu, de la nouveauté, de la bande. « Prenons garde à l’attrait du groupe. Malheur au pays qui a besoin de héros… » Ce sont les préceptes de Brecht. « Mais l’enfermer dans le didactisme philosophique serait le trahir. Il y a chez lui une fantaisie violente. Il admirait Kipling, Rimbaud. On retrouve ici le monde sauvage, le paganisme d’ Une saison en enfer, le folklore exotique du Livre de la jungle. L’histoire est censée se passer en Inde, une Inde anglaise imaginée par un Allemand, dans un enchaînement de séquences très proche du cinéma. « En France, on connaît essentiellement deux versions de la pièce, celle de 1927, celle de 1938. On peut en signaler deux autres, en 1929 et en 1953. Entre la première et la dernière, Brecht a connu le nazisme, l’exil, le maccarthysme, la RDA… Tout au long de sa vie, il a eu besoin de revenir à cette œuvre de jeunesse, sachant que chaque époque lui donnait son sens. Sur les questions qu’elle pose, les modes et systèmes de pensée, elle continue à agir. Car elle est extrêmement concrète. Elle relève d’un théâtre d’idée et d’action, en même temps que de personnages. Brecht est un poète, et au centre du théâtre, quel qu’il soit, il y a l’invention verbale. » Emmanuel Demarcy-Mota En 1989, élève au lycée Rodin, Emmanuel Demarcy-Mota fonde la Compagnie des MilleFontaines, du nom d’un village portugais. En 1996, il présente Léonce et Lena de Büchner au TCA à Aubervilliers où il revient en 2000 avec Marat Sade de Peter Weiss. Entretemps, il s’installe en résidence au Forum culturel du Blanc-Mesnil, y crée Peine d’amour perdue de Shakespeare dans une traduction de François Regnault avec qui il travaille, notamment sur Six Personnages en quête d’auteur créé en 2001 au Théâtre de la Ville. En 2002, nommé à la Comédie de Reims, il y fait venir en tant qu’auteur associé Fabrice Melquiot, dont il monte Le Diable en partage, L’Inattendu, et Ma vie de chandelle aux Abbesses en 2004. Il retrouve alors Ionesco avec Rhinocéros au Théâtre de la Ville, et en 2005 Fabrice Melquiot, avec Marcia Hesse aux Abbesses.

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Brecht, ph. Agence Roger-Viollet

LES ABBESSES • TARIF A DU 7 AU 24 MARS

Un homme en faillite

CRÉATION

DAVID LESCOT texte et mise en scène David Lescot scénographie Alwyne de Dardel lumières Joël Hourbeigt costumes Sylvette Dequest

avec Pascal Bongard, Norah Krief, Scali Delpeyrat

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L’Homme est au chômage, surendetté. Sa Femme le quitte. Un Mandataire Liquidateur est là, chargé d’établir le “reste à vivre” ou “biens inaliénables”, de négocier avec les créanciers, d’organiser un plan de redressement. Tout ceci étant parfaitement officiel. David Lescot a étudié le problème avant d’écrire Un homme en faillite : « Il ne s’agit pas d’un plaidoyer contre la misère, mais d’une pièce sur la séparation, matérielle et affective. Or, il ne suffit pas de dire “stop” pour que tout s’arrête. On peut hésiter, revenir… J’aimerais que ce processus constitue le fil de cette pièce qui deviendrait, en somme, un petit manuel de résistance. Le monde de l’Homme, le nôtre, est celui de la réussite. Quand on en est éjecté, on peut avoir envie de tout balayer. Lui, il se bat. Je pense à une formule de Beckett : « mourant de l’avant », c’est-à-dire dans un cheminement actif. « Alors l’Homme va essayer de vivre sans rien de superflu, dans un monde restreint où ne demeurent que la loi et la Femme, il va d’ailleurs chercher à la revoir… Une seconde chance lui est offerte. Avec l’aide du Mandataire, il peut tenter l’expérience d’un redépart. Seulement, l’être humain ne

Scali Delpeyrat, ph. Emielke

Né à Augsbourg en 1898, mobilisé en 1918, Bertolt Brecht reprend en 1919 ses études à Münich, où il rencontre Karl Valentin. En 1923 Tambours dans la nuit reçoit le prix Kleist. Il part pour Berlin, publie en 1927, Homme pour homme. En 1928 commence sa collaboration avec Kurt Weill : L’Opéra de quat’sous, suivi de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (1930). En 1933, il s’exile au Danemark, puis en Finlande et en 1941 aux États-Unis à Los Angeles. Charles Laughton crée Galilée à New York. En 1947, Brecht doit répondre à la Commission des activités antiaméricaines, et l’année suivante part pour la Suisse, puis à Berlin-Est. En 1948, avec Hélène Weigel, il fonde le Berliner Ensemble, où il crée des pièces écrites en exil : Mère Courage, Galilée, Sainte Jeanne des abattoirs, et met eu point ses théories sur un théâtre épique, social. Il meurt en 1956 et demeure un exemple, un symbole.

Pascal Bongard, ph. C. Champetier

Bertolt Brecht

peut jamais rien recommencer à zéro. Il y a le vécu, qui vous fabrique, auquel personne n’échappe. » L’expérience est double : elle concerne également le Mandataire : il incarnerait la théorie que l’Homme expérimenterait. On pourrait les imaginer comme deux parts complémentaires d’un même individu. Si ce n’est que peu à peu l’Homme se sent diminuer, jusqu’à se perdre dans un temps démesurément étiré, parcourant l’immensité sans fin d’un fleuve de mots écrits. On pense évidemment au film culte de Jack Arnold L’Homme qui rétrécit (après avoir traversé un nuage radioactif, il finit dans une cave, face à un chat et à une araignée pour qui il est tout juste un grain de poussière). L’ayant vu dans son enfance David Lescot a pensé au roman de Richard Matheson dont il est tiré, et c’est dans ces pages-là, que l’Homme s’ensevelit… Comment David Lescot aborde-t-il la mise en scène d’une pièce dont il est aussi l’auteur ? À partir du concret : les objets familiers que la loi décrète inaliénables ou superflus. Les changements de lieux. Les variations d’échelle… Pour créer les environnements, les faire évoluer, David Lescot-metteur en scène compte sur les micros qui peuvent donner de effets d’éloignement, sur les lumières : « Celles des salles de boxe dans le cinéma hollywoodien des années 50, un peu rasantes, qui semblent filtrer à travers des lucarnes. Fat City de Huston, Nous avons gagné ce soir de Robert Wise, l’Homme au bras d’or, Sinatra… tous ces perdants magnifiques. L’Homme, que joue Pascal Bongard est de la même famille. C’est aussi un “Hamlet dont la folie ne manque pas de méthode”, tandis que Scali Delpeyrat (le Mandataire Liquidateur) fait preuve d’une “méthode qui ne manque pas de folie”. Et la Femme est Norah Krief, tellement vivante. La seule, sans doute, à qui est offerte une deuxième chance, la seule qui puisse se refaire. » Si David Lescot se réfère souvent au cinéma pour ses atmosphères et ses personnages, il aime le théâtre. Celui du glissement progressif vers l’irréel, des balancements entre deux mondes. Et avant tout, il adore Kafka, cite une formule de Jean-Pierre Sarrazac à son propos : Une similitude énigmatique. « Voir les choses de manière étrange, mais les reconnaître quand même. Déformer sa vision afin de mieux voir comment fonctionne le monde, le connaître autrement, de l’intérieur. » David Lescot Né en 1971, David Lescot fait ses débuts en 1993, et en 1998 monte au TILF, Les Conspirateurs, qu’il a écrit, et qualifie de comédie musicale, car il est également musicien. Notamment pour Anne Torrès : il signe la musique du Prince de Machiavel (à Nanterre en 2001), et du Fou d’Elsa d’après Aragon (à la Colline en 2005). Entre-temps, il crée en 2002 sa seconde pièce, L’Association à la Cartoucherie de l’Aquarium, sur une musique

Norah Krief, ph. G. Abbeg

David Lescot, ph. D. Desarthe

de Charles Valade. Suivent Mariage par Anne Torrès, à la MC93 Bobigny, avec Anne Alvaro et Agoumi, L’Amélioration au Rond-Point (2004). Il dirige des stages à l’École de Cannes, enseigne le théâtre à Nanterre, participe à La Mousson d’été, Temps de paroles à Valence, Chambre ouverte à Reims. Ses livres sont édités par Actes-Sud.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A 13 ET 14 AVRIL

CRÉATION

La Tectonique des nuages OPÉRA JAZZ VERSION CONCERT d’après Cloud Tectonics de José Rivera traduction française Isabelle Famchon musique Laurent Cugny adaptation du livret François Rancillac textes chantés Yann-Gaël Poncet avec David Linx Anibal de la Luna Laïka Fatien Celestina del Sol Yann-Gaël Poncet Nelson de la Luna Laurent Cugny piano, direction Thomas Savy clarinettes, saxophones, flûte Pierre-Olivier Govin saxophones Airelle Besson trompette, bugle Denis Leloup trombone Éric Karcher cor, Lionel Suarez accordéon Frédéric Favarel guitares Frédéric Monino guitare basse Frédéric Chapperon batterie La tectonique, dit (en résumé) Le Robert, est cette partie de la géologie qui traite des mouvements de l’écorce terrestre (à l’origine parfois des catastrophes naturelles). Mais ici, il s’agit de nuages, de quelque chose d’impalpable donc. José Rivera a imaginé une incroyable rencontre, sur fond de tempête apocalyptique (d’aucuns craignent même que l’heure soit venue du si redouté Big One, le déchirement de la faille terrestre sur laquelle est construite Los Angeles…), entre Anibal, un jeune homme sans histoire qui, un soir, prend en stop Celestina, jeune fille (mais âgée, penset-elle, de 56 ans…), enceinte (depuis deux ans…), bref : complètement perdue dans le temps comme dans Los Angeles où elle erre à la recherche du père de son enfant… À peine est-elle entrée chez Anibal, que toutes les horloges s’arrêtent ! Alors commence une étrange nuit d’amour qui durera en fait presque… deux ans ! En découvrant La Tectonique des nuages, François Rancillac et Laurent Cugny ont su tout de suite qu’ils avaient trouvé là le sujet

de « l’opéra-jazz » dont ils rêvaient ensemble depuis des années. Car il y a, dans cette pièce, place pour l’émotion musicale, qui fera irruption dans le théâtre comme l’étrange Celestina dans la vie si ordinaire d’Anibal, comme l’amour peut bouleverser les vies, comme l’extraordinaire peut traverser nos quotidiens les plus gris, comme la nature semble parfois vouloir secouer notre monde occidental si bien civilisé, si fortement sécurisé… « Passionné de la voix autant que de l’orchestre, Laurent Cugny se posait la question de « l’opéra-jazz ». Mais avant de se lancer à composer quoi que ce soit, il a voulu partager ce désir avec un metteur en scène. Cette démarche plutôt inhabituelle m’a aussitôt donné envie de partir dans l’aventure avec lui. « Après bien des tâtonnements, l’improbable rencontre entre Anibal, cet « homme sans qualités » et Celestina, cette fée ou ondine ou… nous a emballés. Je me suis lancé dans l’adaptation de la pièce, en proposant une sorte de « dramaturgie musicale ». Et nous avons confié l’écriture des chansons à YannGaël Poncet, chanteur et formidable parolier. Laurent et moi voulions d’emblée utiliser toutes les potentialités de l’orchestre (du solo au tutti), des voix (du solo au trio), des expressions vocales depuis la plus simple parole jusqu’au « grand air » (les jazzmen parlent plus modestement de chanson), en passant par le mélodrame (texte parlé sur de la musique, avec repères très précis), par des moments où le rythme est écrit mais sans hauteur de notes (à l’instar du rap, du slam,…), par des bouts de « récitatif » (quand l’intonation de la parole frise la mélodie), etc. « Ainsi, durant plus de deux ans, s’est composé peu à peu cet opéra, par navettes successives, rencontres régulières entre Laurent, Yann-Gaël et moi, avec de fréquentes « mises à l’épreuve » des parties écrites avec les deux autres chanteurs, David Linx et Laïka Fatien. Et voilà, l’œuvre est maintenant achevée, il ne reste plus qu’à rêver à la scénographie, aux costumes, à la lumière, à la vidéo… « Mais, en attendant, nous avons eu envie de donner tout de suite la possibilité au public d’entendre cet « opéra-jazz » en « version de concert » (comme cela se fait souvent en musique classique, ou au théâtre, avec des lectures travaillées de pièces inédites). Il n’y aura rien à voir, mais tout à entendre (trois interprètes et dix musiciens diront et chanteront, joueront l’intégralité de l’ouvrage) : à chaque spectateur d’imaginer ce que pourra être l’opéra à venir… »

Laïka Fatien, ph. Dorah

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Plus ou moins l’infini, photo A. Bory

José Rivera

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A

Né en 1955 à Porto-Rico ; encore enfant, il va aux États-Unis et vit à Los Angeles. Admiratif d’un surréalisme à la García Marquez, il écrit, reçoit de nombreux prix, est joué du nord au sud de l’Amérique, et en Europe. Traduites en français par Isabelle Famchon, ses œuvres sont publiées aux Éditions Théâtrales, notamment Marisol (prix de la meilleure pièce américaine 1991), La Tectonique des nuages (écrite en résidence au Royal Court de Londres en 1994), mise en scène en France en 2002 par Marion Bierry, en 2003 par Véronique Bellegarde.

DU 19 AU 26 AVRIL

François Rancillac Après des études de philosophie, il travaille la musique avec Michel Puig, aborde le théâtre comme comédien, passe à l’écriture et à la mise en scène en 1980 avec Prélude pour 1,2,3 et la suite. En 1983, avec Danielle Chinsky, il fonde le Théâtre du Binôme, monte Corneille, Giraudoux, Erdmann, et aussi George Dandin (1997). Il revient à la musique en “arrangeant” Mozart (Bastien et Bastienne, suite et fin ) en montant Haendel ou des spectacles électroacoustiques. Rencontrant les pièces de Jean-Luc Lagarce, il monte Les Prétendants et Le Pays lointain (Théâtre de la Ville, 2002). Après avoir dirigé le Festival de Bussang de 1991 à 1994, depuis 2002 il est, avec Jean-Claude Berutti, à la tête de la Comédie de Saint-Étienne. Laurent Cugny Né en 1955. À dix ans, il étudie le piano. C’est en autodidacte qu’il s’adonne au jazz, mais en 1979, il obtient un prix au Concours national de jazz. L’année suivante, il fonde le Big Band Lumière, avec lequel il obtient un prix de composition. Il enseigne pendant dix ans le piano au CIM (Centre d’Informations Musicales) et de 1994 à 1997, dirige l’Orchestre national de jazz. Également musicologue, il a écrit notamment sur Bill Evans, sur Miles Davis.

Laurent Cugny, ph. Mephisto

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François Rancillac, ph. R. Nardoux

Plus ou moins l’infini CIE 111/PHIL SOLTANOFF THÉÂTRE VISUEL conception Aurélien Bory recherche collaboration de tous les membres de l’équipe mise en scène Phil Soltanoff création lumières Arno Veyrat conseillère artistique Anne Tierney musique Olivier Alenda, Julien Cassier, Phil Soltanoff son Stéphane Iey vidéo Aurélien Bory, Pierre Rigal, Arno Veyrat décor Pierre Dequivre et l’équipe de l’atelier du Théâtre Vidy-Lausanne costumes Sylvie Marcucci

avec Olivier Alenda, Aurélien Bory, Pierre Cartonnet, Julien Cassier, Aurélius Lorenzi, Sodadeth San et en régie Tristan Baudoin, Stéphane Ley, Frédéric Stoll, Arno Veyrat La silhouette d'un joueur de trombone se détache en fond de scène, sa plainte gagne les premiers rangs et déjà une ligne se dessine à l'horizon du théâtre. Bien vite cette présence humaine – et musicale – s'éclipse : une "armée" de bâtons, actionnés en coulisse, s'invite sur le plateau pour un ballet singulier qui va donner le ton à cette création de la CIE 111. Plus ou moins l'infini – quel beau titre ! – clôt ainsi une trilogie conçue par Aurélien Bory : après l'exploration du volume, dans IJK, et du plan, avec Plan B, la ligne s'impose comme le sujet d'étude retenu. Reprenant à son compte l'équation mathématique, « la ligne se repère d'un côté en filant vers – l'infini et de l'autre vers + l'infini », Aurélien Bory et les siens vont s'en donner à cœur joie, déjouant cette géométrie variable du tracé, osant la cassure de l'angle, l'harmonie des projections. Pour travailler sur ce paradoxe visuel, entre « perfection et approximation du trait », ils ont fait appel à Phil Soltanoff, le directeur américain de Mad dog, une compagnie de théâtre expérimental, retrouvé après le succès de Plan B auquel il avait participé. On peut dire, sans trop dévoiler le merveilleux à l'œuvre dans Plus ou moins l'infini, que les frontières sont troubles dans cet espace-temps : le vocabulaire ici dévoilé emprunte bien évidemment au jonglage – Aurélien Bory est passé par Le Lido, Centre des arts du cirque de Toulouse –, à la danse et au théâtre d'objets. Pourtant, le

Philippe Noisette * Plasticien du Bauhaus considérant le théâtre comme l'art de l'espace.

Aurélien Bory Aurélien Bory : directeur artistique de la CIE 111. Après des études de Physique, un diplôme de Cinéma et une formation d'Acoustique architecturale au CNAM de Toulouse, il cofonde la CIE 111 avec Olivier Alenda. Formé également auprès de Mladen Materic, Aurélien Bory a signé la conception de IJK (2000), Plan B (2003) et Plus ou moins l'infini (2005), ainsi que la mise en scène du solo de danse, Érection, avec Pierre Rigal, et d'un spectacle pour 12 acrobates de Tanger. Phil Soltanoff Phil Soltanoff est le directeur artistique de Mad Dog, compagnie de théâtre expérimental en résidence permanente à Five Myles (Brooklyn New York), cofondé avec Hanne Tierney. Il donne également des cours à des artistes, aux États-Unis comme en France, et signe des colloborations extérieures : Suite fort Suits (The Ontologoical-Hysteric Theatre), Plan B, Plus ou moins l'infini (CIE 111)…

Plus ou moins l’infini, photos A. Bory

résultat sur scène dépasse encore les attentes, recréant un monde où poésie et rigueur, réel et virtuel se répondent sans cesse avec malice. L'invention selon la CIE 111 est à tous les niveaux de jeux : il n'est qu'à voir ce travail de glissé – en fait des rails cachés dans le plancher qui permettent le déplacement latéral – des circassiens comme de leurs accessoires fétiches, des bâtons de différentes hauteurs. Le corps est tout à la fois démultiplié, comme dans cette scène à la drôlerie contagieuse, le plus souvent pris dans les rais de lumières et autres projections. Ce théâtre de lignes est également un magnifique hommage aux arts plastiques : on pense à Oskar Schlemmer* et sa fameuse Schaubühne absolue, « jeu kaléidoscopique variable à l'infini, organisé en un développement strictement réglé » ou à l'Op – art des années 60 et ses effets et illusions optiques. Pourtant ces références – revendiquées par les concepteurs – n'écrasent jamais Plus ou moins l'infini : il s'agirait plutôt de balises posées là pour guider le spectateur dans un univers imaginaire en phase avec les esprits gentiment frappeurs de la CIE 111. Ces enfants du jeu vidéo – ah cette partie de pingpong géant façon Atari ! – et de l'électronique tout terrain ont l'art, majuscule, de donner à ces rêves grandeur nature une belle contenance. Aux côtés d'Aurélien Bory, Olivier Alenda, Pierre Cartonnet, Julien Cassier, Aurélius Lorenzi et Sodadeth San, tous issus des écoles du nouveau cirque français, forment une équipe soudée qui invente un autre monde. Un monde plus beau.

LES ABBESSES • TARIF A 3, 4, 5 MAI

La Poursuite du vent

CRÉATION

VIVIANE DE MUYNCK JAN LAUWERS & NEEDCOMPANY texte Claire Goll adaptation Viviane De Muynck d’après La Poursuite du vent de Claire Goll mise en scène et décors Jan Lauwers lumières Jan Maertens, Jan Lauwers

avec Viviane De Muynck Toutes deux ont traversé le siècle passé en figures d’intensités. Et c’est une même comédienne, la stupéfiante Viviane De Muynck, qui donnait vie au personnage d’Isabella Morandi dans La Chambre d’Isabella, que l’on retrouvera au charbon des mémoires de Claire Goll dans La Poursuite du vent. Deux destins consanguins gonflés par les tempêtes du monde. Isabella Morandi aurait pu prononcer ces mots de Claire Goll : « le temps vécu ne correspond pas à la perspective du souvenir ni à la chambre obscure de l’Histoire ». Mais si La Chambre d’Isabella était une “fable” écrite sur mesure par Jan Lauwers, Viviane De Muynck a elle-même choisi de s’emparer des souvenirs réels de Claire Goll. Du « temps vécu », celle-ci en eut à revendre. Née en

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Viviane De Muynck, ph. M. Vanden Abeele

Jean-Marc Adolphe

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Claire Goll, ph. H. Studer-Fondation Claire Goll

Allemagne en 1890, morte à Paris en 1977, elle a côtoyé bien des convulsions de son temps. Une enfance guère heureuse dans une famille juive de Munich, puis un mariage bâclé qui tourne à la débâcle, l’entraîneront à Berlin puis en Suisse, où ses opinions pacifistes la conduisirent vers Pierre-Jean Jouve, Henri Guilbeaux et Romain Rolland. À Zürich, en 1917, elle fréquente la bohème qui se rallie aux accents de Dada : « Nous passions nos après-midi à discuter les communiqués de guerre, les événements artistiques, mais même en prenant la situation au tragique, nos âges, nos appétits de vivre balayaient la morosité. Après nos discussions, nos articles, nous avions nos nuits d’amour, nos intrigues, nos flirts, nos flâneries ». Elle y rencontre le poète Yvan Goll, qu’elle épousera plus tard, partageant une vie mouvementée à Paris, où l’effervescence surréaliste ne dissipe guère la menace voisine du nazisme. Ce sont toutes ces années d’une jeunesse entre deux feux, puis celles de l’exil new-yorkais et du retour à Paris, dans l’oubli et la misère (Yvan Goll est mort d’une leucémie en 1950), que raconte Claire Goll dans La Poursuite du vent, publiée en 1976. Celles et ceux qu’elle a rencontrés y forment une incroyable galerie de portraits : Saint-John Perse, Montherlant, Audiberti, Einstein, Joyce, Picasso, Chagall, Dali, Cocteau, Maïakovski, Artaud, Erik Satie, Fernand Léger, Henry Miller, Gertrude Stein, Helena Rubinstein, Malraux (rencontré à 19 ans), Rainer-Maria Rilke (dont elle fut un temps la maîtresse), et bien d’autres… Mais son panthéon ne fleure pas l’embaumement ! Tristan Tzara est ainsi qualifié de « petit juif roumain arrogant et destructeur », « l’égocentrique » Rilke de « lèche-cul d’aristocrate » ; et James Joyce, « cette momie empaillée », le « plus funèbre ratage de la création »… Qu’elle évoque sa mère, monstre sadique à qui elle impute le suicide de son jeune frère, ou qu’elle confie avoir connu à 76 ans son premier orgasme – avec un amant de 20 ans –, Claire Goll parle cru, tout en n’ayant cesse de chercher la poésie véritable dans un monde qui lui semble corrompu par la vanité. Il faut s’appeler Viviane De Muynck pour « jouer » en solo une telle partition de mots, avec le don d’une magnifique simplicité qui semble mettre dans la confidence.

Claire Goll Clara Aischmann, née en 1890 à Nuremberg, épouse en 1911 l’éditeur Heinrich Studer, dont elle se sépare quelques années plus tard. En 1917, résolument hostile à la Première Guerre mondiale, elle se réfugie en Suisse auprès d’écrivains pacifistes tels que Romain Rolland. C’est à Genève qu’elle rencontre, en 1917, le poète Yvan Goll, qu’elle épousera en 1921. Mais elle fut aussi l’amie et la maîtresse, un temps, de Rainer-Maria Rilke. Installés à Paris dès 1921, Claire et Yvan Goll fréquenteront toute la mouvance surréaliste, sans jamais s’y allier totalement. À cette époque, Claire Goll écrit notamment Poèmes d’amour (1925), Poèmes de la jalousie (1926), et avec son mari, Poèmes de la vie et de la mort. En 1939, Claire et Yvan Goll s’exilent pour New York, d’où ils ne reviendront qu’en 1947, largement oubliés de la vie littéraire parisienne. Yvan Goll meurt d’une leucémie en 1950. Claire lui survivra jusqu’en 1977. Elle écrit encore Un amour au Quartier latin (éditions Fayard, Paris, 1959) et La Poursuite du vent (éditions Orban, Paris, 1976), qui n’auront guère d’écho. Le fonds Goll est déposé à la médiathèque Victor Hugo et au musée Pierre Noël, à Saint-Dié, dans les Vosges.

Viviane De Muynck Élève au Conservatoire de Bruxelles de Jan Decorte (à qui la scène flamande contemporaine doit beaucoup), Viviane De Muynck a joué, au sein du collectif Mannen Van den Dam, des pièces de Strindberg, Feydeau, Thomas Bernhard et Botho Strauss. Théo d’or aux Pays-Bas pour son interprétation dans une mise en scène de Sam Bogaerts de Qui a peur de Virginia Woolf ?, elle a joué dans plusieurs prestigieux théâtres néerlandais, sous la direction de Gerardjan Rijnders, de Ger Thijs et d’Ivo Van Hove. Elle a également participé à des créations de Guy Cassiers, de Jan Ristema, de la compagnie new-yorkaise The Wooster Group et de la chorégraphe italienne Caterina Sagna, ainsi qu’à des oratorios et spectacles de théâtre musical. À partir de l’opéra contemporain Orfeo * de Walter Hus, mis en scène par Jan Lauwers, Viviane De Muynck a poursuivi une étincelante collaboration avec la Needcompany : on a pu la voir, et apprécier son jeu gourmand et souverain dans The Snakesong Trilogy *, Macbeth*, Caligula, Morning Song*, DeaDDogsDon´t Dance/ DjamesDjoyceDeaD *, Goldfish Game, No Comment * (où elle interprétait le monologue d’Ulrike Meinhoff), et La Chambre d’Isabella. * Spectacles coproduits par le Théâtre de la Ville.

DU 10 AU 26 MAI

Maintenant ils peuvent venir AREZKI MELLAL PAUL DESVEAUX

CRÉATION

d’après le roman d’Arezki Mellal adaptation Arezki Mellal mise en scène, scénographie Paul Desveaux assistante à la mise en scène Irène Afker chorégraphie Yano Iatridès musique Vincent Artaud lumières Nicolas Simonin

avec Sid Ahmed Agoumi, Gilbert Beugnot, Serge Biavan, Fabrice Cals, Valérie Dashwood, Hyam Zaytoun … (distribution en cours) L’histoire se passe à Alger, au plus noir des années du terrorisme religieux. Un homme raconte sa vie, son pays, les gens. Défilé de personnages quotidiens, de femmes plus ou moins accessibles, d’amours ratées. Il s’agit d’une « histoire entièrement vraie puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre » écrit en exergue (citant Boris Vian) l’auteur de Maintenant ils peuvent venir, Arezki Mellal. Nom imaginaire, là encore, d’un homme discret par goût, et nécessité. Car il habite Alger et ce qu’il raconte n’est pas du tout dans le “politiquement correct” de la ville. Ne serait-ce que par le portrait fasciné et grinçant de ce personnage incontournable : la Mère. Pour le moins abusive, en tout cas étouffante dans son affection et son autorité. La femme première, celle dont dépendent toutes les autres… Et ce roman magnifiquement, douloureusement lucide, adapté par Arezki Mellal luimême devient un spectacle mis en scène par Paul Desveaux : « Je lui ai demandé ce travail. Je ne suis pas écrivain et je voulais conserver son verbe. Laisser le texte tel qu’il est écrit me semble primordial. Le langage n’a rien de folklorique. Il nous est très proche et en même temps appartient au poète, comme à ses personnages, et à l’ensemble des Algériens. Après tout, ils le parlent depuis un siècle et demi, ce n’est pas rien. Leur butin de guerre de l’occupation française, c’est la langue, dit Arezki. » Une langue devenue la leur, à laquelle Paul Desveaux entend rester fidèle, comme à la forme du roman, construit en une succession de récits. Ainsi est préservée la multiplicité des opinions, correspondant à la multiplicité des personnages : « Chacun donnant son point de vue, c’est le meilleur moyen de ne pas tomber dans un manichéisme totalement absent du livre. Le narrateur lui-même n’est pas un ange. Il raconte une ville, la sienne : Alger, témoin et creuset de bouleversements profonds, lieu où il vit, où il apprend à vivre au fil de ses rencontres. Avec le jardinier débrouillard, réduit, par manque de matériel à couper l’herbe aux ciseaux, avec un communiste… avec les femmes. Et là, son point de vue est dur, vraiment. Dans cette ville où l’amour, le mot même “amour” est un interdit, les rapports hommesfemmes sont déphasés. « Des rapports évidemment dérivés de ceux avec la mère. Quand on a longtemps vécu seul avec une même personne, la relation dépasse le cadre strictement familial, et aussi le domaine du rationnel. Sans rien d’inces-

tueux, elle prend une sorte de force charnelle. En Algérie, les filles n’ont aucune indépendance, elles sont mariées sans choisir. En revanche, une fois mères !.… Le matriarcat est sacré. « Le défi du spectacle, consiste à retrouver la force de l’écriture : une distance qui écarte toute velléité de pathos. Et aussi cette manière si précise de faire ressentir les souffrances, les espoirs. Et puis, l’humour de la misère morale, affective, nous ne sommes pas là pour provoquer la pitié. » Après tout, ce n’est pas un hasard si Arezki Mellal a choisi, pour donner le ton de son roman, Boris Vian, doux anar à la subtilité impitoyable des années 50, un temps de liberté, de changements, d’incertitudes, au sortir de la guerre et de l’occupation. Dans un environnement qui ne précise pas le lieu, ils sont huit en scène, et en accord avec Arezki Mellal, Paul Desveaux évite la distribution algéro-algéroise. Le grand acteur Sid Ahmed Agoumi est le jardinier, mais c’est Fabrice Cals le narrateur. Hyam Zaytoun, comédienne égyptienne, côtoie Valérie Dashwood… « Des comédiens capables de s’engager dans la fidélité aux mots. C’est l’essentiel dans ce texte, politique en ce qu’il demeure un constat. »

Arezki Mellal Arezki Mellal (un pseudonyme) est né à Alger en 1949, y habite, y travaille dans les métiers du livre (graphiste, maquettiste, typographe), avant d’écrire, lui aussi, “poussé par la révolte”, et de trouver un éditeur qui, en 2000, publie son roman Maintenant ils peuvent venir, repris en France en 2002 par Actes Sud, comme la plupart de ses écrits : La Délégation officielle, donnée en lecture publique au centre dramatique de Grenoble, puis à France Culture en 2003 ; Que se passe-t-il à Rotterdam? présenté en 2003 aux Francophonies de Limoges, où il revient en 2005 avec une pièce, En remontant le Niger. En 2003, année de l’Algérie, Arezki Mellal participe à la manifestation “Belles étrangères”. Il vit à Alger mais vient souvent en France, se promène en Afrique, où il dirige des ateliers d’écriture.

Paul Desveaux Paul Desveaux fait ses débuts au théâtre en tant que comédien. Puis, il aborde la mise en scène et en 1997 fonde sa compagnie, l’héliotrope. Il monte Marivaux (La Fausse Suivante), Nathalie Sarraute (Elle est là), travaille sur l’image cinématographique, et en 2000, au Centre d’art et d’essai de Mont-SaintAignan, avec le chorégraphe Yano Iatrides. Ensemble, ils présentent L’Éveil du printemps de Wedekind (2001), des textes de Kerouac, sous le titre Vraie blonde et autres… (2002 et 2004). Au Trident, scène nationale de Cherbourg, Paul Desveaux monte Shakespeare : Richard II, puis en 2005, ce sera Schiller, Les Brigands, et Ostrovski, L’Orage au Théâtre de la Ville-Les Abbesses.

Paul Desveaux, ph. G. Lancestre

LES ABBESSES • TARIF A

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James Thierrée, ph. Callede Pierre-Olivier

THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 16 AU 30 MAI

James Thierrée LA COMPAGNIE DU HANNETON

création 2007

CRÉATION

CIRQUE THÉÂTRE

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Le précédent spectacle de James Thierrée, présenté au Théâtre de la Ville en 2004 était La Veillée des abysses, anagramme de la Vie des abeilles, et qui, tout naturellement faisait suite à la Symphonie du hanneton, cet insecte bourdonnant ayant donné son nom à la compagnie. Dans le même esprit de logique, le prochain spectacle de James Thierrée n’a pas de titre. Tout au moins provisoirement, jusqu’à ce que la préparation en soit assez avancée pour que vienne l’inspiration. Or, tout ce que l’on peut dire au moment où ces lignes sont imprimées, c’est que le point de départ est la rencontre avec la Mort d’un vieux fou, solitaire et heureux de l’être : « Quelque chose s’est passé dans sa vie, et plutôt que d’affronter la réalité, il a préféré se calfeutrer dans son univers mental. Mais sa mort n’est pas angoissante, au contraire. Elle est joyeuse, agréable, et va lui offrir l’occasion d’un petit tour dans son passé. En somme l’histoire commence par la fin, remonte dans le temps, ou plutôt y dérape, parce qu’elle entraîne dans la mémoire de cet homme, avec toutes les approximations et la liberté que cela suppose. « Je pense à la magnifique aventure d’Orphée, traversant l’enfer pour retrouver la femme qu’il aime, et marchant devant elle sans avoir le droit de se retourner. Moi, j’aimerais qu’il puisse la voir, l’embrasser, l’enlacer… Je m’approche du théâtre. La Veillée des abysses déjà, lui clignait de l’œil : un groupe d’individus portés par une tempête, arrive dans un lieu où à tout instant, chaque objet peut changer de fonction et de forme. Mais enfin, ils savent pourquoi ils sont là et des moments surviennent où, entre eux, s’établissent des échanges. « Cette fois, je pense faire un pas de plus. Je voudrais de vrais personnages. Non pas des héros, mais des humanités bien définies, entre lesquelles des relations existent, évoluent. Cela dit, il ne s’agit pas d’une pièce. Nous avons des auteurs, des metteurs en scène, mon cas est plus ambigu. Je n’ai aucun message à faire passer, je voudrais seulement comprendre pourquoi existe, depuis toujours, ce besoin vital de raconter des histoires. C’est beau cette espèce d’acte irrationnel qui consiste à reproduire une situation sans jamais trouver ni solution ni aboutissement.

Jouer avec l’imagination, se regarder dans le miroir du théâtre, en vrai, inutile. Pourtant, personne ne peut vivre sans. Pourquoi ? » Une fois encore, l’histoire que raconte James Thierrée se passe de mots. Il s’exprime dans les langages du cirque, le jeu, les acrobaties – pendant qu’il le peut encore, soupire-t-il – par la musique aussi, et prend un plaisir extrême à courir les disquaires, tout écouter, choisir : « Ce n’est pas la narration qui mène, pas le jeu. Elle est invitée dans notre monde, et demeurera humble. J’aurais du mal à donner à ce que nous faisons une signification intellectuelle. D’ailleurs, les intrigues sont toujours un peu les mêmes : à partir de deux personnes, il y a conflit, et ça tourne autour de l’amour… ou du manque d’amour. Personnellement, le seul thème que je n’ai vraiment pas envie de traiter, est celui du pouvoir… Sauf s’il s’agit du verbe ! » Ni par crainte assure-t-il, ni par orgueil. Pourtant, même s’il ne se considère pas comme un metteur en scène, encore moins un auteur, il détient le pouvoir de décision, et c’est lui qui choisit ses interprètes : « J’ai besoin de travailler avec des personnes particulières, différentes, qui possèdent une singularité : une clef qui ouvrirait l’imagination. Au final, l’important c’est de toucher l’esprit, provoquer l’émotion, la sensation d’avoir vécu, vu, ressenti un quelque chose d’inhabituel. » James Thierrée Né en 1974 en Suisse, James Thierrée commence son apprentissage en 1978, dans le cirque (nommé “Imaginaire”, puis “Invisible”) de ses parents : Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée. Participant à leurs voyages, il en profite, tout en travaillant le violon et l’acrobatie, pour s’initier au théâtre, notamment à l’école du Piccolo de Milan et celle de Harvard. Et ainsi jusqu’en 1994. Il travaille avec Benno Besson (Lapin Lapin de Coline Serreau en 1995), et la même année avec le baroquissime espagnol Carles Santos. Le cinéma fait appel à lui. Après Prospero’s book de Peter Greenaway en 1989, il travaille entre beaucoup d’autres avec Maurizio Nichetti (Stefano Quatenstorie, 1992) Raul Ruiz (Généalogie d’un crime, 1996) et le tout en VO, car outre le français et l’anglais il parle italien et espagnol. En 1998, il fonde la Compagnie du Hanneton, crée La Symphonie du Hanneton qui vient en 2001 au Théâtre de la Ville, où en 2003 est accueillie La Veillée des abysses, les deux spectacles continuant à triompher de par le monde.

textes théâtre Colette Godard

DANSE DANSE AU THEATRE DE LA VILLE

JOSEF NADJ Asobu (Jeu)

création

LOUISE LECAVALIER Cobalt rouge Remix “I” is Memory

MICHÈLE ANNE DE MEY

BERNARDO MONTET

Sinfonia Eroïca (1990)

Les Batraciens s’en vont

re-création

WIM VANDEKEYBUS Spiegel (Miroir)

création

May B (1981)

re-création

création

KOEN AUGUSTIJNEN Import/Export

DANIEL LARRIEU Never Mind

OLGA PONA

création

Does the English Queen Know What Real life is About ? The Other Side of the River création

HANS VAN DEN BROECK

FRANÇOIS VERRET Sans retour

création

En servicio

création

AKRAM KHAN

EMIO GRECO Hell

création

création

THOMAS HAUERT Walking Oscar

création

Third Catalogue

création

AKRAM KHAN SIDI LARBI CHERKAOUI

PIERRE RIGAL AURÉLIEN BORY

zero degrees

Érection

reprise

JOËLLE BOUVIER

JAN LAUWERS Le Bazar du homard

création

Face à face

création

FUMIYO IKEDA BENJAMIN VERDONCK ALAIN PLATEL

GILLES JOBIN Double Deux

BENOÎT LACHAMBRE Lugares Comunes

création

création

NASSER MARTIN-GOUSSET Péplum (Pop Life II)

création

création

Le Sous-Sol

création

BRICE LEROUX Quantum-quintet

et solo

La Face cachée création création

PINA BAUSCH Bandonéon création 2006

Nine Finger

création

MARIA-KIRAN

ANNE TERESA DE KEERSMAEKER soirée Steve Reich soirée répertoire

création

PEEPING TOM

MEG STUART It’s not funny !

création

ROSER MONTLLÓ GUBERNA BRIGITTE SETH Récitatifs toxiques

MAGUY MARIN

création

reprise création

DANSE AUX ABBESSES

PADMINI CHETTUR Paperdoll

SHANTALA SHIVALINGAPPA kuchipudi

ERASE-E(X)

LYNDA GAUDREAU 0101 création AU THEATRE DE LA CITE INTERNATIONALE

PIERRE RIGAL création

DANIEL DOBBELS L’Insensible déchirure

Programmes susceptibles d’être modifiés

création

DANSE HORS LES MURS AU CENTRE NATIONAL DE LA DANSE

Arrêts de jeu

JOHANNE SAUNIER

création

création

Michèle Anne De Mey, ph. J. Leon

Josef Nadj, ph. S. Charrier-atelier J.-L. Fouchez

THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 3 AU 8 OCT.

Josef Nadj CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’ORLÉANS

Asobu (Jeu) 16 danseurs

CRÉATION Une traversée de l’œuvre d’Henri Michaux avec le Festival d’Avignon

UNE TRAVERSÉE DE L’ŒUVRE D’HENRI MICHAUX Il fallait bien que la rencontre advienne sur scène un jour. Depuis longtemps déjà, Josef Nadj, éternel voyageur aux confins de rêveries nichées dans les plis de l’inconscient, fréquentait l’œuvre d’Henri Michaux (18991984). Observateur funambule des mystères de l’existence, le chorégraphe d’origine hongroise partage avec ce poète et peintre qui n’eut de cesse d’explorer « l'espace du dedans », le goût des rythmes et de la musicalité, le passage fécond entre les arts et, surtout, l’irrépressible attrait pour l’« ailleurs ». Les années n’ont fait que resserrer les nœuds de cette fraternité, secrètement entretenue avec celui qui chercha à s’extirper de la gangue d’un moi en quête d’identité, en parcourant les contrées lointaines ou les territoires de l’imaginaire. Créé dans la cour d’honneur du palais des Papes lors du 60e Festival d’Avignon, dont Josef Nadj est l’artiste associé, Asobu (Jeu, en japonais) chemine à travers cette écriture du déplacement, le long d’une ligne de tension entre Orient et Occident. Ecuador et Un barbare en Asie, récits de périples initiatiques, Ailleurs, carnets d’expéditions fictives, et Poteau d’angle, fragments d’une ascèse se défiant du monde et de ses chimères, balisent cette vaste traversée qui s’aventure jusqu’au pays du soleil levant. Le chorégraphe pioche dans la matière littéraire, des motifs qu’il trame avec la mémoire réinventée de sa Vojvodine natale et la musique aux accents russes de Vladimir Tarasov. Entouré de danseurs français, hongrois et japonais, qui évoluent dans une scénographie en mouvement perpétuel, il descend le fleuve périlleux de la vie, à la recherche de l’Autre et des paysages inconnus que dessinent les remuements de l’âme.

Gwénola David-Gibert

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THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 11 AU 14 OCT.

RE-CRÉATION

Michèle Anne De Mey CHARLEROI/DANSES

Sinfonia Eroïca (1990) 9 danseurs RECRÉATION D’UN CHEF-D’ŒUVRE Il y a dans la danse de Michèle Anne De Mey une grâce ombrageuse qui s’épanche en volutes charnelles ourlées de fantaisie, une finesse faussement désinvolte portée par l’élan d’une gestuelle sous tension. Une façon bien à elle de conjuguer les embardées du corps, le vertige du doute et les bruissements du cœur. Longtemps danseuse d’Anne Teresa De Keersmaeker, avec qui elle fit ses classes à l’école Mudra, la chorégraphe belge posait en 1990 l’acte fondateur de sa compagnie avec une éblouissante Sinfonia Eroïca* : pièce majeure qui a révélé son talent et esquissé la ligne mélodique d’une démarche qui a souvent convolé avec les plus belles pages de la musique classique. Mêlant les motifs puissants de la Troisième Symphonie (dite Héroïque), de Beethoven, et l’ouverture de Bastien et Bastienne de Mozart, Sinfonia Eroïca vibre aux rythmes de l’éternel tourbillon amoureux, scandé d’âpres déchirures, de jeux enfantins, de replis désenchantés et de bonheurs retrouvés. Ces variations sur le couple, le groupe et la figure du héros vacillent entre sensualité euphorique et beauté ingénue, mouvements d’ensemble et échappées solitaires. Installée maintenant à Charleroi/Danses, Michèle Anne De Mey reprend, seize ans après, cette œuvre dont l’inventivité rieuse, la musicalité enivrante et la subtile mélancolie ont marqué les mémoires. « Ce qui m’excite dans ce projet, c’est ce travail de régénération, la question de la partition

et de l’interprète », explique-t-elle. Car loin de se contenter d’une reconstitution, elle reparcourt avec une nouvelle troupe de neuf danseurs, le chemin de cette création pour retrouver toute la fraîcheur de ses délicates saveurs. Gw. D.-G. Michèle Anne De Mey, ph. J. leon

* Présentée au Théâtre de la Ville en octobre 1991.

(miroir), s'annonce donc comme une soirée composée, un voyage dans le temps de la création de cette troupe flamande qui, depuis, ne connaît plus de frontière. Réunissant de nouveaux interprètes et des habitués de l'équipe, 10 danseurs au total, Wim Vandekeybus envisage cette rétrospective comme « une quête à l'essence de son idiome du mouvement ». Certaines scènes seront présentées intactes, d'autres allongées ou raccourcies. Spiegel invite à parcourir les nouveaux territoires de la danse que Wim Vandekeybus a arpentés tout au long de ces 20 années. Et en guide d'exception, Wim Vandekeybus ne devrait pas ménager ses surprises.

Padmini Chettur, ph. A. van Kooij

Wim Vandekeybus, ph. W. Vandekeybus

Wim Vandekeybus, ph. O. Iturbe

Philippe Noisette

THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 17 AU 21 OCT.

CRÉATION

Wim Vandekeybus ULTIMA VEZ

Spiegel (Miroir) 10 danseurs 20e anniversaire d’Ultima Vez montage, extraits de différentes pièces de Wim Vandekeybus depuis la création de la compagnie Au tout début de l'aventure Ultima Vez ("la dernière fois" en espagnol), il y a cette échappée belle à Madrid de Wim Vandekeybus entouré d'un groupe de jeunes danseurs : nous sommes à la fin de 1986, et l'année suivante le monde de la danse découvre, passablement ébahi, une pièce-manifeste, What The Body Does Not Remember, ses jets de briques, ses ruades au sol, ses corps survoltés. Depuis, Wim Vandekeybus n'a eu de cesse d'étonner son public, apportant musique live et cinéma grand format sur un plateau de danse, confrontant le mouvement au texte aussi. Une énergie rebelle et pour tout dire, contagieuse, qui depuis ces débuts étonne. Et ravit ! Rencontré il y a peu à Paris, Wim Vandekeybus évoquait ainsi cette célébration autour de sa compagnie : « Je ne suis pas trop pour ce genre d'anniversaire, après tout. Mais c'est aussi une belle manière de rendre hommage à tous ceux qui ont accompagné Ultima Vez depuis tout ce temps. Je vais créer un spectacle-miroir où je regarde en arrière : il y aura des bouts d'anciennes créations comme des effractions dans mon parcours. Pas un best-of, mais un vrai spectacle avec des scènes tirées de ma première comme de ma dernière création. » Spiegel

LES ABBESSES • TARIF C DU 24 AU 27 OCT.

Padmini Chettur Paperdoll

6 danseuses

L’étrangeté résolue de la jeune chorégraphe indienne Padmini Chettur, sa recherche minimaliste en dehors de tous les airs du temps, font son attrait. Bien plantée sur un territoire peu fréquenté, elle affirme un geste contemporain si épuré, sans pour autant être formel, qu’il suscite une curiosité étonnée. Passée par une formation approfondie de bhârata natyam, style traditionnel indien, dont elle apprécie peu le décorum et la séduction inhérents au genre, elle s’attache à en évacuer les marques pour retrouver un geste personnel en prise avec elle-même. Après avoir dansé dans la compagnie de la chorégraphe contemporaine indienne Chandralekha, Padmini Chettur conçoit 3 solos*, exercices de perception de soi et des sensations sans cesse nouvelles de son être, qui s’offrent comme les premières étapes spectaculaires abouties de dix ans de labeur. Avec Paperdoll, pièce de groupe, Padmini Chettur, qui a commencé les répétitions de ce spectacle en

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Daniel Larrieu, ph. Ch. Poux

2002, a travaillé sur les chaînes de petits bonshommes en papier que l’on découpe enfants. À la fois identiques et pourtant jamais tout à fait les mêmes, ces figurines aux formes un peu brutes ont dégagé la voie à une échappée chorégraphique articulée autour de mouvements simples. De dos, les cinq interprètes lèvent un bras, cassent les coudes, glissent en fente. Ce système s’intensifie jusqu’à composer une frise paradoxalement charnelle et abstraite dont la géométrie laisse affleurer une fine sensualité.

Jeanne Liger

Maguy Marin, photos Cl. Bricage

Padmini Chettur, ph. J. Jansch

* Présentés aux Abbesses en mai 2003.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 14 AU 18 NOV.

RE-CRÉATION

Maguy Marin CIE MAGUY MARIN – CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE RILLIEUX-LA-PAPE

MAY B (1981) 10 danseurs dans le cadre du centenaire de la naissance de Samuel Beckett avec le Festival Paris Beckett

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On peut choisir de découvrir – ou de revoir, avec quel bonheur ! – May B 1 de Maguy Marin, pour ce que cette pièce est : un chef-d’œuvre qui laisse en chacun, à tout coup, une trace indélébile. May B produit une force qui déborde son cadre d’origine, un quart de siècle après sa création (et plus de cinq cents représentations sur la planète entière). Inspirée de Samuel Beckett, cette immense pièce défriche alors un terrain inédit pour la relation complexe du théâtre et de la danse. Enracinée dans la scansion et le frottement, accumulée dans la masse, prélevée dans l’hésitation et la faille, happée par le masque et l’effacement, cette force ne véhicule pas une représentation fabulée de l’origine et du destin indéfinis, beckettiens ; elle les réalise, par la danse, au-delà du théâtre. Dix êtres blafards, errants et haletants, valise à la main, peuplent de vraie vie, de corps, de transe, irrépressiblement, le paysage sans limite de la désolation de l’absurde. Voilà une pièce qui convient dignement au centenaire de la naissance de Samuel Beckett. Mais il est peut-être attitude plus

actuelle pour se saisir de ses enjeux. 2006 est aussi l’année de l’inauguration du CCN de Rillieux-la-Pape, où dans de rudes banlieues lyonnaises, Maguy Marin a choisi de tremper son projet à neuf, tous triomphes consommés. Et on peut encore garder pour May B les yeux qu’on eut l’an dernier pour Umwelt 2. Par ce chef-d’œuvre de 2005, mal compris, se poursuivent le tissage et le dé-tissage de la trame, inquiétante mais somptueuse, de la déroute contemporaine du sens. Autre temps, même appel.

Gérard Mayen 1 2

Présenté au Théâtre de la Ville en janvier 1984. Présenté au Théâtre de la Ville en novembre 2005.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 21 AU 25 NOV.

Daniel Larrieu ASTRAKAN

Never Mind 8 danseurs

CRÉATION

LE TEMPS ET SES HISTOIRES Patiemment élaboré au fil du temps, d’étape en étape durant deux années, Never Mind est une œuvre de maturité. Une pièce qui respire sous le souffle de cette liberté nouvelle partagée par huit interprètes. « Moins de contrainte, plus d’abandon », comme le souligne Daniel Larrieu. Très peu formel en effet ce « peu m’importe » qui titre cette nouvelle

création et que le chorégraphe décline dans un double mouvement. Le peu, le simple, non pas comme insouciance mais comme valeur, précisément. Une sensible qualité d’écoute et d’accueil au temps, à sa mobilité lente où peut se déposer, s’inscrire la connaissance des choses. Valeur qui contamine les corps, les êtres évoluant ensemble sur scène, comme en gravitation autour d’une même recherche. La danse subtile, profonde, s’invente de nouveaux paysages. La musique du Stabat Mater de Pergolèse dans l’interprétation de Christophe Rousset et des Talens Lyriques, charge l’espace de sa réalité. Très incarnée et retenue, elle inspire au chorégraphe un jeu avec le temps et son renversement. En introduisant ensuite des musiques rock, Daniel Larrieu fait twister sa propre matière gestuelle. L’énergie du temps déchire l’espace et reconduit le mouvement coloré par d’autres empreintes et impacts. Entre écriture et improvisation, les danseurs se concentrent sur l’interprétation de l’instant. Renouant, dénouant avec douceur la partition qu’ils ont élaborée avec un sens de la communauté qui fait entendre l’utopie du travail. La démarche constante du chorégraphe, une « poétique militante » envers la danse et ses enjeux.

Irène Filiberti

Daniel Larrieu, ph. Ch. Poux

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 28 NOV. AU 2 DÉC.

Thomas Hauert ZOO

Walking Oscar

CRÉATION

7 interprètes avec le Festival d’Automne à Paris Thomas Hauert, le chorégraphe de Modify *, poursuit sa recherche entre musique et danse. Son goût particulier pour le changement, porte l’artiste suisse, installé à Bruxelles avec sa compagnie Zoo, à modifier la conception de chacun de ses spectacles. Dans Walking Oscar, les corps exultent comme par enchantement. Sur une scène transfigurée par le graphisme de mots projetés, les danseurs entrent en chantant. Les mélodies métamorphosent le mouvement. Les gestes s’ouvrent à la fantaisie. Comédie musicale atypique, cette nouvelle pièce est avant tout un jeu. Les interprètes et complices de création du chorégraphe s’en donnent à cœur joie, immergés dans un monde de sensations, saisis entre écoute et improvisation. Walking Oscar déploie sa marche rythmée autour d’un collage de textes. Petites histoires et aphorismes composant un autoportrait pointilliste. Celui de son auteur, Oscar van den Boogaard. Ce matériel littéraire lu par un acteur et diffusé sur scène par une bande-son est une source d’inspiration pour la compagnie Zoo dont les interprètes ont aussi écrit des chansons. Oscar, personnage fantôme aux lisières du visible, alter ego du danseur né de l’écriture, est le reflet d’une posture, celle de l’interprète. Ainsi le texte devient un partenaire pour la danse. Walking Oscar est tissé dans l’étoffe d’un songe qui se transmet de corps en corps. En marchant pas à pas sur les traces d’Oscar, selon l’esprit d’une compagnie dont la démarche s’appuie sur « l’intuition et la foi I.F. dans l’individu ».

Thomas Hauert, photos X. DR

* Présenté au Théâtre de la Ville en février 2005.

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Johanne Saunier, ph. S. Gunther

LES ABBESSES • TARIF C 1er AU 4 DÉC.

CRÉATION

Louise Lecavalier Cobalt rouge Remix

duo chorégraphie Tedd Robinson avec Louise Lecavalier et Masaharu Imazu

“I” is Memory

solo chorégraphie Benoît Lachambre

3e œuvre solo

LES ABBESSES • TARIF C

chorégraphie Crystal Pite

28, 29 NOV.

Johanne Saunier

JOJI INC JOHANNE SAUNIER / JIM CLAYBURGH

ERASE-E(X)

soli et duo

chorégraphies The Wooster Group, Anne Teresa De Keersmaeker, Isabella Soupart avec Johanne Saunier et Charles François Exquis. C’est un cadavre exquis chorégraphique que Johanne Saunier invente magnifiquement dans sa pièce ERASE-E(X) 1, 2, 3. Ce titre évoque le tableau Erased De Kooning drawing de Robert Rauschenberg : en 1953, celui-ci effaçait un tableau de De Kooning, et ainsi se le réappropriait. À cette image, ERASE-E(X) 1, 2, 3 se développe en série, partant d’une phrase chorégraphique originale et originelle d’Anne Teresa De Keersmaeker. Johanne Saunier a été une interprète emblématique de l’époque incandescente de la chorégraphe belge, et en demeure proche. En première partie d’ERASE-E(X), la phrase est effacée par the Wooster Group, collectif multi-media, responsable d’un joli coup de balai dans le théâtre new-yorkais. Son intervention contamine la danse de De Keersmaeker, par la composition d’un personnage féminin sophistiqué, inspiré de Godard. Deuxième partie : De Keersmaeker réécrit une partition vertigineusement tendue de rigueur abstraite. Relayée par Isabella Soupart, la troisième partie s’échappe ensuite vers une intrigue théâtrale, au contact d’un interprète masculin épatant, frotté d’actualité urbaine. Pour le Théâtre de la Ville, un numéro 4 suivra, confié au vidéaste Kurt d’Haeseleer. Au cœur de ce déroulement, Johanne Saunier est un bonheur de métamorphoses haletantes, où les subtilités de jeu le disputent à la vivacité de l’engagement physique. Allègre, incisive, tout en elle incarne la liberté d’interprète bondissant entre les registres, repoussant ses propres frontières. G. M.

Louise Lecavalier-”I” is Memory, ph. A. Barsetti

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Il est des retours sur le devant de la scène qui font particulièrement chaud au cœur : ainsi celui de Louise Lecavalier, la fière Canadienne que l'on découvrit dans les années 80 aux côtés du prodige Édouard Lock. La tornade blonde portait les créations furieuses du jeune Lock sur ses épaules, multipliant prouesses physiques et intensité dramatique. Puis Louise décida de prendre un certain recul ; elle revient aujourd'hui à l'interprétation comme libérée : « Quand j'ai l'opportunité de travailler sans pression ni but précis avec un chorégraphe, pour le plaisir de danser, une connivence s'établit. Une telle connivence devient des plus précieuses et fructueuses lorsque vient le temps de monter la pièce. » Louise Lecavalier a réuni autour d'elle une équipe singulière, des chorégraphes Tedd Robinson, Benoît Lachambre et Crystal Pite pour une variation autour du solo et du duo : une vraie famille de danse, pour tout dire. Tedd Robinson avait créé pour Louise, Cobalt rouge, dont un extrait est ici repris sous le titre de Cobalt rouge Remix en duo avec Masaharu Imazu. Formé au Toronto Dance Theatre et auprès de Lindsay Kemp, Robinson, aujourd'hui directeur artistique du 10 Gates Dancing, manie théâtralité et danse. Cobalt rouge, entre rituel ambigu et concentré d'énergie, habille Louise Lecavalier comme une seconde peau. Benoît Lachambre, autre Canadien, est passé maître dans l'art de l'improvisation et de la performance, croisant les parcours de Marie Chouinard ou Meg Stuart. De sa rencontre avec Louise Lecavalier, intitulée "I" is Memory, il est à prévoir un échange mutuel et des questionnements sur le corps du danseur dans un monde en perpétuel changement. Enfin Crystal Pite, danseuse ayant étudié le jazz, la comédie musicale ou le chant, passa 5 ans comme interprète du Ballett Frankfurt de William Forsythe ; revenue s’installer au Canada, elle est chorégraphe résidente des Ballets jazz de Montréal. Elle signe pour Louise une danse « axée sur la vitesse, la vivacité et la fluidité des phrasés ». Son style allie humour, intelligence et audace... Un peu à l'image de Louise Lecavalier. Ph. N.

Louise Lecavalier, ph. M. Chiarradia

rêveries vagabondes, de compagnonnages clandestins avec des écrivains, des penseurs et des artistes, qui, au gré du jeu des assonances, crayonnent le paysage mental de la création. De la lecture de Moby Dick d’Herman Melville et de ses résonances, François Verret tire ainsi les fils d’une réflexion sur les phénomènes de masse, sur l’aveuglement inouï qui conduit des hommes à suivre un des leurs dans sa furieuse obsession, jusqu’à la catastrophe… Tragédie dont les bégaiements de l’Histoire rappellent toute l’actualité. S’émancipant de la référence au récit, Sans retour s’enfonce au cœur de l’humain pour traquer le mouvement des forces destructrices, aiguisées par la soif d’absolu, le « besoin de sens », la haine ou la volonté de puissance. Prisonniers de l’immensité de leur quête, les sept acteurs-danseurs bataillent et s’emportent, ballottés par les vents contraires du désir qui les entraînent dans une danse du déséquilibre, où les états de corps et de nerf traduisent l’indicible de l’expérience sensible. Gw. D.-G.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 5 AU 9 DÉC.

CRÉATION

François Verret COMPAGNIE FV

Sans retour

7 acteurs-danseurs

François Verret, ph. X. DR

L’INOUÏ RECOMMENCEMENT DE NOS FAILLITES COLLECTIVES Sans doute faudrait-il toujours évoquer la démarche de François Verret en égrenant des questions. Hasarder une ébauche en posant sur la feuille des lignes de fuite. Objecteur des consciences arc-boutées sur leurs certitudes, le chorégraphe défait sans relâche le voile des « évidences » qui voudraient arrimer le réel aux totems de vérités définitives. Il préfère scruter la réalité dans sa matérialité trouble, irrémédiablement mouvante. S’aventurer dans les zones d’ombres de la raison pour appréhender l’être dans ses torsions intimes. Le processus de travail passe chez lui par un questionnement incessant et se nourrit de

LES ABBESSES • TARIF A DU 7 AU 10 DÉC.

CRÉATION

Bernardo Montet

CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE TOURS

Les Batraciens s’en vont chorégraphie et interprétation Bernardo Montet (solo) avec Richard Move (chanteur travesti new-yorkais), Noma Omran (chanteuse syrienne), Pascal Maupeu (guitariste), Hugues Vincent (violoncelliste)

Bernardo Montet, ph. D. Tsiapkinis

Dans ses grandes pièces sensibles aux mythes, Bernardo Montet a sondé les identités de civilisation inscrites dans les corps ; cela non sans réaliser qu’il n’y a d’identité, en fait,

que fantasmée. Mais alors, qu’en est-il de l’identité sexuelle ? C’est quoi, un homme ? Un homme dans la pleine maturité de son art et des responsabilités collectives (Bernardo Montet a charge d’un CCN). Voici que cet artiste – ce danseur magnifique – opère un franc retour singulier, très attendu, comme danseur en solo, dans Les Batraciens s’en vont. Ce titre énigmatique installe d’abord beaucoup de distance à propos de la question des origines de la vie et de la transformation permanente. Puis, pour mieux s’approcher lui-même, il lui faut provoquer l’aléa de rencontres hors du commun, avec des doubles impossibles. Chanteur, danseur et comédien travesti newyorkais, Richard Move est l’un des partenaires de Bernardo Montet. Furieusement inclassable, Richard Move se produit aussi bien au prestigieux festival de Jacob’s Pillow que dans les boîtes de nuit, rafle les prix avec son incarnation du personnage de Martha Graham, accompagne Blondie, hante les défilés de mode. En Richard Move, la question de l’identité de genre s’installe d’emblée dans la théâtralisation, le rêve et l’entre-deux des catégories. Bernardo Montet invite encore la chanteuse syrienne Noma Omran. C’est une autre quête, à la source du chant, flottant dans le souffle retenu du phrasé antique. Tout relevant ici des configurations de voix et de corps non bornés, articulés sur l’intime universel, à inventer. Non à figer. G. M.

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Emio Greco, ph. B. Childers

Emio Greco et Pieter C. Scholten, ph. H. Wildschut

THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 12 AU 16 DÉC.

Emio Greco EMIO GRECO | PC

Hell

8 danseurs

CRÉATION

chorégraphie Emio Greco, Pieter C. Scholten 1996, naissance d’une danse. Celle d’Emio Greco et Pieter C. Scholten. Un langage à nul autre semblable, qualifié d’« extrêmalisme » parce qu’étiré entre deux extrêmes : entre corps et pensée. Une danse douée de visions que les deux chorégraphes, italien et hollandais, vont développer sur scène à travers solos, duos et pièces de groupe. Tels Conjunto di nero 1 et Rimasto orfano 2 accueillis au Théâtre de la Ville, ainsi que des spectacles sous forme d’essais chorégraphiques intitulés Double Points. Les One & Two 3 ont été présentés au théâtre des Abbesses, Double Points : + 4, hors les murs. 2006, date anniversaire, célèbre les dix ans de la compagnie Emio Greco/PC. L’épanouissement d’un rigoureux travail mené dans l’abstraction. Somme d’intuitions et de projets centrés sur le corps et ses possibilités. Retenue ou expansive, la virtuosité de cette danse ne tient pas seulement du pur mouvement. À partir d’elle se construisent aussi les univers énigmatiques, ironiques, qui hantent chaque spectacle, en font une aventure dans l’inconnu. Hors du temps, en bascule entre passé et avenir, Hell, l’enfer, ne déroge pas à cette structure. Entre ombres et lumières transparaissent les qualités tourmentées du mouvement. Flux chaotique chargé d’impulsions sauvages, gravitations circulaires, fragmentation des espaces. En répétition au royaume des ombres, la danse multiplie ses visages, s’épanche dans les gestes de huit danseurs. Emio Greco et Pieter C. Scholten font de cette pièce un véritable sabbat scandé par le chant des corps, une poétique des profondeurs. I. F. Présenté au Théâtre de la Ville en février 2003. Présenté au Théâtre de la Ville en mai 2004. 3 Présenté aux Abbesses en décembre 2001. 4 Présenté par le Théâtre de la Ville au Centre Georges Pompidou en novembre 2005. 1 2

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THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 19 AU 23 DÉC.

Akram Khan Sidi Larbi Cherkaoui AKRAM KHAN COMPANY

LES BALLETS C. DE LA B.

zero degrees

REPRISE

duo dansé par Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui musique Nitin Sawhney sculpteur Antony Gormley Avec zero degrees*, les chorégraphes Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui ont non seulement réussi un coup d’éclat, mais une œuvre commune frissonnante, encore sous le choc de cette gageure qu’est le partage du plateau. Ce pied à pied de la générosité vécue au quotidien lors de l’élaboration d’un spectacle, qui plus est un duo, aboutit à un tiercé gagnant : beauté, invention, humanité forment l’éclatante soudure de zero degrees. Entre l'Anglo-Bengali et le Belgo-Marocain bien décidés à en découdre chacun à sa façon, le dialogue opère comme une mise à plat de leurs obsessions et styles respectifs pour en extraire une combinaison inédite, qui ne ressemble ni à l’un, ni à l’autre, sans les défigurer pour autant. Entre fusion et collision, chacun a tenté de comprendre l’autre en s’appropriant quelque chose d’étranger. Ainsi Sidi Larbi Cherkaoui, toujours assoiffé de nouvelles connaissances, se lance sans filet dans une

R. Montlló Guberna/Brigitte Seth , photos B. Eymann

relecture échevelée, somptueusement maladroite, du kathak, danse traditionnelle indienne dont Akram Khan est un interprète d’exception. Ainsi, Akram Khan délaisse sa manière ciselée pour un dynamisme plus arraché. Cimentée par une urgence intime à se livrer corps et biens à cette expérience de confiance, la paire d’artistes trafique un épatant « degré zéro » chauffé à blanc par la passion de l’autre et la troublante nécessité de sa différence. J. L.

Akram Khan, ph. J-P. Maurin

* Présenté au Théâtre de la Ville en octobre 2005.

Sidi Larbi Cherkaoui, ph. J.-P. Maurin

Dernier volet d’une trilogie, cette nouvelle création est le climax d’un parcours initié par une drôle de lecture, Epilogos ou confessions sans importance, suivi d’un spectacle, Je te tue, tu me tues, le premier de nous tous qui rira… Dans ce concert théâtral dansé au titre suggestif, Récitatifs toxiques, la danse suit pas à pas un chemin périlleux. Les motspièges d’un savoureux recueil de petits meurtres ordinaires, imaginés par un écrivain méconnu en France, Max Aub. Il n’en fallait pas moins à Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna pour défricher l’insondable propos de ces Crimes exemplaires et le style d’un auteur, agitateur culturel exilé au Mexique après avoir fui la France et l’Espagne aux abords de la Seconde Guerre mondiale. C’est dire que le rire est une affaire sérieuse et que l’ouvrage, prix de l’humour noir en 1956, se devait d’inspirer des artistes d’aujourd’hui. Comédiennes et danseuses, parlant français, catalan et espagnol, les deux complices de création ont inventé un monde de folle énergie, se jouant des formes et des styles, avec un fulgurant esprit d’à-propos. Cette démarche critique et majestueusement populaire, jongle avec d’invraisemblables situations, s’extasie des dessous du sens, compose, entre les mots et les gestes, au plus près d’une autre passion : la musique. De ce théâtre intime de la transgression est né un regard acéré et jubilatoire. Avec l’ensemble baroque Quam Dilecta dirigé par Jean-Paul Boury, sur la partition détonante du compositeur H.I.F. von Biber, ces Récitatifs toxiques résonnent d’un rire féroce qui nous concerne tous. Et de cet humour sombre qui hante le spectacle, surgissent de salutaires éclats de clairvoyance. I. F.

LES ABBESSES • TARIF A DU 9 AU 13 JAN.

Roser Montlló Guberna Brigitte Seth COMPAGNIE TOUJOURS APRÈS MINUIT

Récitatifs toxiques

CRÉATION

CONCERT THÉÂTRAL DANSÉ textes extraits de Crimes exemplaires de Max Aub musique Heinrich Ignaz Franz von Biber avec Quam Dilecta, ensemble de musique baroque, 7 musiciens direction musicale Jean-Paul Boury chorégraphie et interprétation Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth

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Olga Pona, ph. A. Hougee

Koen Augustijnen, ph. B. Koeman

LES ABBESSES • TARIF A

LES ABBESSES • TARIF A

DU 16 AU 27 JAN.

DU 30 JAN. AU 3 FÉV.

Koen Augustijnen

Olga Pona

BALLETS C. DE LA B.

Import/Export

CRÉATION

6 danseurs-acrobates avec Steve Dugardin (chanteur) et le Kirke Ensemble Guy Van Nueten compositeur Depuis sa rencontre avec les Ballets C. de la B. en 1991, Koen Augustijnen n'a cessé de nous étonner : danseur puis membre éminent de ce collectif belge unique, il s'est lancé dans le grand bain de la chorégraphie en 1997 avec To crush time. Appliquant la philosophie maison, c’est-à-dire une ouverture d'esprit qui favorise les rencontres au-delà de la danse, Koen Augustijnen prit un tournant saisissant par la suite avec Just another landscape for some juke box-money 1 puis le très remarqué Bâche 2, deux créations soutenues part le Théâtre de la Ville. On y découvrait un petit monde, le plus souvent délaissé, qui trouvait en lui la seule capacité de survivre et de donner aux autres. Et force est de constater que Koen Augustijnen dans le sillage d'Alain Platel, son grand "frère" en création, s'affirme bel et bien comme un talent original à la sensibilité à fleur de peau. Continuant son exploration musicale et gestuelle, Koen Augustijnen annonce Import/Export : sur scène 6 danseurs accompagneront le chanteur Steve Dugardin, la voix d'ange de Bâche, et un quatuor à cordes féminin pour lequel Guy Van Nueten a adapté des chants baroques en y ajoutant une pincée d'électronique. Import/Export s'interroge sur l'impuissance à plusieurs niveaux, par rapport au monde, au changement ou, d'une façon plus intime, vis-à-vis des personnes proches qu'on laisse partir. « Lorsque l'on parle d'impuissance on parle aussi de puissance », résume Koen Augustijnen. Avec sa compagnie rompue à différentes techniques, de la danse au hip-hop, du cirque au théâtre, Koen Augustijnen n'a pas fini de déjouer les pièges de la scène. Ph. N. Présenté aux Abbesses en décembre 2002. Présenté aux Abbesses en décembre 2004 et novembre 2005.

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Does the English Queen Know What Real life is About ? 10 danseurs The Other Side of the River 9 danseurs

CRÉATION

UNE DÉFLAGRATION RUSSE Il y a une « géopoétique » de la danse, où s’incorporent façons d’être et de se mouvoir, saveurs expressives et reliefs d’espaces imaginaires. Or, dans ce paysage chorégraphique largement mondialisé, la Russie semblait à l’écart, comme plombée par un contexte politique plutôt maussade. Et c’est à rebours de cette « pesanteur » que l’irruption sur la scène internationale d’Olga Pona tient lieu de déflagration. En France, c’est aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint-Denis que l’on a pu découvrir son travail en 2004, avec Staring into the Eternity. Née dans une petite ville à la frontière du Kazakhstan, Olga Pona a poursuivi à Chelyabinsk, une cité industrielle, des études d’ingénieur, avec spécialisation dans les tracteurs ! Curieusement, c’est là que lui est venu le virus de la danse, cette mécanique de précision qui ne rechigne pas aux débordements. Quelques essais de théâtre visuel lui ont valu une invitation à l’American Dance Festival puis à l’école de danse d’Arnhem, aux Pays-Bas. De retour à Chelyabinsk, elle y développe son propre travail, vite récompensé par la critique. De fait, on est soufflé par l’audace déterminée qu’elle “séquence” en inventions visuelles et chorégraphiques d’une rare intensité. Comment survivre dans des conditions extrêmes ? Telle est l’une des questions qu’elle n’hésite pas à éprouver dans Does the English Queen Know What Real Life is About ?, titre emprunté à Victor Erofeev, un écrivain dont l’ironie incisive lui valut de connaître la censure, et qui raille dans une Encyclopédie de l’âme russe, la différence entre les façons de vivre et de penser des Russes et des Occidentaux. Avec ce spectacle au voltage expansif, ainsi qu’avec une nouvelle création, The Other Side of the River, Olga Pona vient sans aucun complexe secouer et élargir d’une énergie bagarreuse les frontières sensibles d’un monde toujours en chantier. J.-M. A.

Olga Pona, ph. A. Kasyanov

DU 31 JAN. AU 4 FÉV.

Jan Lauwers & Needcompany Le Bazar du homard 8 interprètes

CRÉATION

avec le Festival d’Avignon Peut-être convient-il de prendre au sérieux ce que Jan Lauwers disait au moment de Images of affection 1 (en 2001) lorsqu’il présentait la Needcompany comme une troupe hétéroclite d’amuseurs publics. Depuis les premiers spectacles, voici près de vingt ans, la plupart fidèlement accueillis au Théâtre de la Ville, on a pu goûter ce « théâtre de friction » à l’opposé de tout naturalisme, dont la mort, le sexe, le pouvoir, constituaient quelques-unes des figures centrales. Soucieux d’échapper aux morosités ambiantes, Jan Lauwers s’est donné de nouvelles libertés, de nouvelles impertinences. Entre autres ingrédients, Images of affection et tout récemment La Chambre d’Isabella 2 ont fait pétiller un ton narratif qui frôle parfois l’absurde, n’hésite pas à confondre burlesque et tragique, le tout ficelé par des intermèdes musicaux ou dansés ayant valeur de ritournelles. Avec Le Bazar du homard, on assiste là encore à quelque constellation passablement déjantée de situations terribles et cocasses, où s’enchaînent de façon surréaliste plusieurs histoires autour d’un thème cauchemardesque : la perte accidentelle du fils d’Axel et Theresa, que son père, généticien, aurait voulu pouvoir cloner. Est-il d’ailleurs vraiment mort, ou seulement dans le coma, voire même revenu à la vie comme sa présence sur scène semble l’attester ? Il sera encore question d’un mystérieux Mo, homme-caméleon qui ne cesse de changer d’identité ; d’un chauffeur de camion russe qui traîne une réputation de violeur d’enfants ; d’une psychiatre pour le moins évasive ; du « premier homme cloné » avec l’ADN de Jimi Hendrix, etc. Le plus invraisemblable est que l’on ne se perd jamais tout à fait dans ces histoires qui s’enchevêtrent, se « renversent » les unes dans les autres. Dans une tentation musicale qui oscille entre blues et rock, et qui dé-réalise parfois le récit dans un surprenant parlé-chanté, Jan Lauwers esquisse une sorte de tragédie assez psychédélique. Des séquences vidéo, la place des dialogues (en anglais), quasi systématiquement projetée

dans une traduction qui recourt au jeu typographique, accentuent l’étrangeté d’un théâtre qui se joue simultanément dans le réel des présences et dans la fiction de la fable. Et lorsque le texte évoque une « insurrection » dont les leaders « mettent le feu aux voitures et aux boutiques », on prend conscience que Le Bazar du homard tient à sa façon le registre d’une actualité tenace. Celle d’une génération qui ne peut même plus avoir « Après nous, le déluge » comme mot d’ordre, parce que le déluge a déjà eu lieu ! Celle d’une « génétique » capable de fabriquer un « homme nouveau » quitte à ce que celui-ci « crève de monotonie ». C’est sur ce volcan que dansent le théâtre de Jan Lauwers et sa troupe de valeureux et caustiques amuseurs. J.-M. A. Présenté au Théâtre de la Ville en avril 2002. Présentée au Théâtre de la Ville en février 2005 et en mai 2006. 1 2

Jan Lauwers, ph. E. Vannasche

THEATRE DE LA VILLE • TARIF B

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Hans Van den Broeck, ph. X. DR

dessin de Hans Van den Broeck

Hans Van den Broeck aspire au contraire à « recréer le vocabulaire du contact humain ». L’artiste est en service, observateur à son poste d’écoute du monde, mais il est aussi au service des impulsions qu’il capte et redistribue en une vigoureuse générosité. Ainsi va la danse de Hans Van den Broeck, essentiellement vivante. J.-M. A. * Présenté aux Abbesses en janvier 2005.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 7 AU 11 FÉV.

CRÉATION

Gilles Jobin GILLES JOBIN/PARANO FONDATION

Double Deux

12 danseurs

LES ABBESSES • TARIF A DU 6 AU 10 FÉV.

Hans Van den Broeck CIE SOIT

En servicio

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8 danseurs

CRÉATION

GÉNÉREUSE MULTITUDE « L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art », proclamait Robert Filliou. Aurait-il trouvé en Hans Van den Broeck un disciple inattendu ? Le chorégraphe flamand, cofondateur des Ballets C. de la B., tient aujourd’hui sa propre enseigne pour filer l’étoffe d’une poésie buissonnière qui fourmille de vie. La tendre insolence qui traverse ses spectacles se propage comme un jeu dont les règles émergent de la mise en tension d’événements simples et communs, dans une dynamique de présences en actes qui semblent ignorer tout apparat, tout maniérisme. Pour autant, affirme le chorégraphe, « la scène revendique la vie non vécue » : une vie ouverte aux excroissances d’une fantaisie rebelle comme aux frictions des désirs entravés. Après Almost Dark *, où se mêlaient les voix intérieures de l’inconscient et les injonctions d’une société de la compétition généralisée, Hans Van den Broeck engage sa nouvelle création, En servicio, portée par huit interprètes venus d’horizons divers, sur l’idée de multitude humaine. Nous ne sommes pas seuls au monde parce que nous savons composer avec l’étranger, nous reconnaître dans un semblable proche ou lointain, nous projeter vers un visage inconnu, frayer des silhouettes de passage. Sans « chercher une place dans la hiérarchie des définitions »,

Gilles Jobin chorégraphie avec un regard de peintre. Sa matière première, le corps, au plus proche de sa nature, l’organique, exsude un langage abstrait d’une indicible douceur. Sensible à l’esthétique des choses, la danse de l’artiste suisse produit de fascinantes images. Visions contrastées qui réfléchissent les mystères de la vie. De l’idée de catastrophe dans Braindance 1, à celle de l’infini, dans The Moebius Strip 2. Avec une écriture qui tient de l’énigme ou du récit fantastique, les corps traversent profondeurs et surfaces dans Under construction 3, ou métamorphosent les objets de consommation, dans Steak House 4. Dans Double Deux, le rythme s’accélère, les angles de vue se multiplient, simultanément au travail des interprètes, aux équations qui les aimantent deux à deux et en déploient les variantes. Sur la scène vide, tel un champ de bataille, les corps sont à l’ouvrage. Leur échauffement constant génère des gestes irruptifs. Ils roulent, s’étirent, basculent, glissent, sous les différents climats sonores du compositeur et DJ Cristian Vogel. Entre musique et sons transformés, phrases dansées dédoublées, légèrement décalées, ils improvisent, cherchant sans cesse de nouvelles transitions. Arpenteurs du chaos et de ses bouleversements, près de succomber aux charmes de l’attraction, les danseurs subissent le phénomène et ses lois. Creusant ce même sillon, Gilles Jobin fait de Double Deux un paysage de chair en proie aux forces élémentaires. Une étrange poétique aux reflets d’actualité. I.F. Présenté aux Abbesses en octobre 2000. Présenté aux Abbesses en mai 2001. 3 Présenté au Théâtre de la Ville en novembre 2002. 4 Présenté au Théâtre de la Ville en avril 2005. 1 2

LES ABBESSES • TARIF A DU 13 AU 17 FÉV.

Akram Khan AKRAM KHAN COMPANY

Third Catalogue

CRÉATION

3 soli de kathak dont des extraits de Polaroid Feet et Ronin, avec 5 musiciens

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Présenté aux Abbesses en novembre 2002. Présenté au Théâtre de la Ville en décembre 2003.

Benoît Lachambre, ph. Enguerand

Gilles Jobin, ph. M. del Curto

Akram Khan, ph. X. DR

La séduction joyeuse et joueuse d’Akram Khan enveloppe d’évidence la moindre de ses prestations de kathak. Talentueux interprète de ce style traditionnel indien bondissant originaire du nord de l’Inde, le danseur et chorégraphe né à Londres de parents bangladeshi réussit, grâce à son intelligence malicieuse et la jouissance directe avec laquelle il vit son art, à rapprocher de tout un chacun cette danse complexe. Impossible de ne pas pénétrer au cœur du geste lorsque Akram Khan virevolte devant vous, claque des pieds, bloque son tourbillon gestuel avec une précision millimétrée. Cet accès direct, par la sen-

sation, la saveur dynamique du mouvement, d’un art chorégraphique d’une grande difficulté technique et doté de codes savants, est rare. Lesté de quelques mots d’explications, donnés sur le ton de la conversation, chaque solo de kathak d’Akram Khan impose sa savante simplicité, résultat d’années de travail et d’un appétit de partage resté intacte. Présenté pour la première fois au Théâtre des Abbesses, Third Catalogue est le troisième volet d’une trilogie kathak basée sur les dieux de la mythologie indienne, dans lequel Akram Khan glissera quelques-unes des plus percutantes séquences de ses deux précédentes pièces Polaroid Feet 1 et Ronin 2. Après avoir évoqué Shiva et Parvati, puis Krishna et le guerrier Arjuna, Akram Khan, qui a demandé à la chorégraphe kathak Kumudini Lakhia de le mettre en scène, se saisit de l’histoire cruelle et belle du guerrier Abhimanyu qui se jeta au cœur de la bataille pour y mourir les armes à la main. J. L.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 14 AU 16 FÉV.

CRÉATION

Benoît Lachambre PAR B. L. EUX

Lugares Comunes 10 danseurs Un extraordinaire casting international de dix interprètes évolue dans la pièce Lugares Comunes, de Benoît Lachambre. Mais ce nombre ne suffit pas à expliquer la sensation d’immensité qui en émane. C’est qu’absolument rien n’est clos dans ce lieu commun, où

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nographie démultipliée ; Érection se veut étude de l'homme-animal, l'homme-individu et l'homme-social. Passant de la position couchée à celle debout, Pierre Rigal interroge aussi notre vision d'un mouvement en train de se (dé)faire : de ce travail en solitaire, vont naître gestes décalés, effets sonores ou poésie électronique. Notre œil se réjouit de ce "primate" à l'évolution tout sauf convenue. Pour Érection, Pierre Rigal s'est entouré d'un duo de musiciens Sylvain Chauveau et Joan Cambon ainsi que d'un metteur en scène, son partenaire de longue date, Aurélien Bory*. Dans un bel élan, Pierre Rigal reviendra une seconde fois pour signer Arrêts de jeu, « une adaptation personnelle d'un match de football très particulier », la demi-finale France-RFA de la coupe du monde 1982. De ce souvenir intime – mais sans doute partagé par des milliers de supporteurs de l'époque ! – Pierre Rigal a fait un trio, prenant pour vocabulaire le geste sportif et l'attitude de terrain. On devrait passer de l'esprit d'équipe à l'opposition des corps, compétition oblige. « La danse telle que je la conçois se base elle aussi sur la rencontre des énergies opposées », résume Pierre Rigal ; et d'imaginer un cadre de sport abstrait cerclé d’une installation vidéo graphique, véritable tribune vivante. Le football ne devrait pas être sa seule source d'inspiration – on pense à l'athlétisme ou au rugby.

LES ABBESSES • TARIF C 19, 20 FÉV.

Pierre Rigal Aurélien Bory COMPAGNIE DERNIÈRE MINUTE

Érection

solo

conception, chorégraphie, interprétation, création vidéo Pierre Rigal conception, mise en scène Aurélien Bory

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Certains parcours d'artistes s'amusent à prendre des chemins de traverse : ainsi en est-il de celui de Pierre Rigal, nouveau venu des scènes, qui passa par l'étude des mathématiques, du cinéma et de l'athlétisme ! Après différents stages aux côtés de Mladen Matéric, Bernardo Montet ou Boris Charmatz, ce danseur s'est fait remarquer auprès de Gilles Jobin entre autres. On découvre aujourd'hui Pierre Rigal en tant qu'interprète-chorégraphe-vidéaste, signant un solo Érection, petit bijou d'intelligence. En plus d'images brouillées et d'hologrammes "vivants", le danseur utilise la vidéo comme cadre d'une scé-

Pierre Rigal-Érection, ph. P. Grosbois

Benoît Lachambre, ph. A. Monot

les êtres paraissent toujours étrangement flottants, doucement décalés. Chorégraphe, danseur, performer, Benoît Lachambre est aussi un pédagogue, rassembleur et catalyseur de projets. De stages en ateliers, il a développé une patiente pratique, extrêmement fine, de perception du corps énergétique. Il s’agit de donner à saisir la fascinante palpitation qui fait de toute sensation, à même le corps, un embrayage de l’imagination ; de travailler la respiration de l’instant immédiat où le virtuel caresse le réel. Les interprètes de Lugares Comunes forgent des langues inouïes, explorent des connexions inédites. Ils jouent une plaisante comédie futuriste, mais créent réellement des espaces gestuels et vocaux, pétris dans les flux d’énergie qu’ils investissent. Ils inventent une texture palpable pour l’imaginaire, constamment étirée, soumettant le réel à d’étranges artificialisations. On y trouve une matière apte à se déformer, plutôt que tenue de se transformer ; filant une temporalité du devenir, plutôt que sur-jouant l’avenir. Très singulières, on croirait pareilles expériences forcément individuelles. Or Lugares Comunes en tisse une mise en commun, qui concerne tout autant le spectateur. Surpris dans ses habitudes perceptives, celui-ci entreprend un curieux voyage, en proie à un trouble transgresseur du banal. G. M.

Pierre Rigal en "ethnologue" du quotidien a toutes les chances de mener au score. Ph. N. * Ce dernier officie également comme directeur artistique de la CIE 111 programmée cette même saison au Théâtre de la Ville.

CITE INTERNATIONALE (GALERIE) • TARIF C 5, 6, 8, 9, 10 MARS

Pierre Rigal COMPAGNIE DERNIÈRE MINUTE

trio

CRÉATION Pierre Rigal-Arrêts de jeu, ph. extrait de Mundial 82, éditions Solar

CENTRE NATIONAL DE LA DANSE • TARIF C DU 19 AU 23 MARS

Lynda Gaudreau COMPAGNIE DE BRUNE

0101

CRÉATION

DANS LE JEU DES SENS Après avoir porté sur le plateau une forme inédite d’encyclopédie de la danse, Lynda Gaudreau interroge le mouvement sous un nouvel aspect. Les quatre pièces précédentes, documents dansés dont les trois premiers ont été présentés au Théâtre des Abbesses, ont mis au jour une écriture subtile, sensible autant que rigoureuse et ludique. Elles ont aussi fait apparaître une autre question, celle du langage. « Comment toucher le sens des choses ? », s’est alors demandé la chorégraphe canadienne qui entreprend cette

nouvelle recherche dans 0101. Sur scène, un homme et une femme. Quelque chose va se passer, surgir de cette attente entre deux êtres. La distance juste pour dévoiler un insaisissable phénomène, l’irruption du langage. Mais aussi pour créer une dépendance, celle du public en contact avec les jeux de la forme et de la perception. Désir, volonté ou hasard, c’est ainsi que le sens apparaît, se cache, voire même vous guide vers l’absurde, à travers les corps et le mouvement. Avec cet art du détail qui la caractérise, Lynda Gaudreau sait pressentir l’instant de son émergence, entre les gestes et les sons, de manière synchronisée ou légèrement, étrangement décalée. Mais le sens est toujours provisoire et la chorégraphie est à rebondissement. Avec un rythme mesuré, une gestuelle scandée par l’accumulation des mouvements, Lynda Gaudreau pointe avec simplicité et humour, la sophistication du langage et son parcours depuis son chaos originel, et jusqu’à sa signification. Un fin travail de mutation de la nature à l’artifice. I. F. Lynda Gaudreau, photos M. Slobodian

Arrêts de jeu (voir article ci-dessus)

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Joëlle Bouvier, photos X. DR

cette femme à fleur de peau qui apprend à dire « je ». Elle commence d’ailleurs par dessiner à la craie une serrure sur le mur noir qui ferme l’horizon. Puis enflamme une fleur de papier, brandie comme le flambeau consumé du passé. Cérémonial soudain brisé par le hurlement d’un train qui se mêle à la mélodie d’une bande-son follement dramatique. Emportée dans la tourmente, elle tourbillonne, se cogne, roule, appelle et s’abandonne, éperdue. Comme une héroïne de mélodrame hollywoodien s’évaderait de sa fiction, elle se métamorphose, tour à tour star de music-hall, fragile poupée mécanique, clown magicien ou espiègle ingénue batifolant sous une nuée de pétales roses. Tantôt déchirée, fantasque ou romanesque, Joëlle Bouvier s’avance vers elle-même, en équilibre sur la pointe des pieds… Gw. D.-G.

Meg Stuart, ph. T. Ruisinger

* De 1983 à 1999, le Théâtre de la Ville a coproduit et accueilli la plupart des créations de Joëlle Bouvier et Régis Obadia.

THEATRE DE LA VILLE • TARIF B DU 28 AU 31 MARS

Meg Stuart DAMAGED GOODS

It’s not funny !

CRÉATION

(titre de travail)

créé et dansé par 6 danseurs/acteurs

LES ABBESSES • TARIF A DU 27 AU 31 MARS

Joëlle Bouvier CIE JOËLLE BOUVIER

Face à face

CRÉATION

solo de Joëlle Bouvier

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LA FRAGILE ET LUMINEUSE SOLITUDE D’UNE FEMME Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre… Joëlle Bouvier a rompu les amarres. Après dix-huit ans de créations en fusion avec Régis Obadia, elle chorégraphie seule depuis 1998 et a quitté en 2003 le CNDC d’Angers, qu’elle codirigeait avec lui. La voilà maintenant qui fraye en solitaire la route de sa liberté. Non qu’elle renie la verve incandescente de cette danse lyrique, puissamment expressive et charnelle, qui a façonné le style BouvierObadia et donné d’inoubliables succès*. Mais sans doute a-t-elle apprivoisé le déferlement vorace des sensations et pacifié la brutalité passionnelle de la chair. Si sa gestuelle brûle toujours d’élans survoltés, saturés d’émotions et ivres de désirs, elle se colore aussi d’humour et adoucit son esthétique écorchée. Ce solo retrace peut-être l’échappée belle de

LA COMÉDIE ET SES AVATARS « Un ovni nous est tombé dessus », aurait dit Franz Castorf, le metteur en scène-directeur de la Volksbühne de Berlin où Meg Stuart est artiste en résidence, après avoir vu Replacement *, la dernière création de la chorégraphe américaine qui a choisi de jeter l’ancre en Europe au début des années 90. De fait, le laboratoire fictif de Replacement avait quelque chose d’assez sidérant – c’est-à-dire d’assez effroyablement réel. Car s’il s’agit pour Meg Stuart de « créer une autre réalité » dans l’espace du théâtre, le corps agi (plus que la danse stricto-sensu) y est un filtre sensible, contaminé par l’époque et ses miasmes. Et cette « frontalière de nos espaces symboliques », pour reprendre l’expression du critique Jeroen Peeters, n’a pas fini d’en découdre avec « les masques et les fictions qui déterminent nos comportements ». Prochaine station en vue, motivée par une proposition du festival de Salzbourg : la comédie et ses avatars ! Mais le titre, encore provisoire, de l’œuvre à venir, prévient d’emblée : It’s not funny ! Qui n’a éprouvé l’une de ces situations où la volonté de faire rire rate pitoyablement son but ? Et un certain burlesque n’at-il pas précisément à voir avec l’esprit du « ratage », comme avec la maladresse d’une intention qui tombe à côté de la plaque ? Avec une petite troupe d’acteurs et de danseurs (au

sein de laquelle Boris Charmatz devrait endosser un rôle inattendu), prêts à pousser l’humour jusqu’à éprouver des situations inconfortables, Meg Stuart entend bien, réminiscences cinématographiques à la clé, tirer la comédie vers quelque liberté transgressive. Subvertir le réel, encore et toujours. J.-M. A. * Présenté au Théâtre de la Ville en mars 2006.

CITE INTERNATIONALE (COUPOLE) • TARIF C 2, 3, 5, 6 AVRIL

Daniel Dobbels DE L’ENTRE-DEUX

sume avec vivacité nerveuse, vitesse et virtuosité. Tant elle sait l’urgence vitale de tenter de desserrer les étreintes mortifères de l’oppression. G. M. THEATRE DE LA VILLE • TARIF A DU 3 AU 6 AVRIL

Nasser Martin-Gousset LA MAISON

Péplum (Pop Life II) CRÉATION

L’Insensible déchirure

10 danseurs

7 danseurs

Il ne craint rien, Nasser Martin-Gousset si nerveux, si explosif, dans son rapport au monde, que sa sincérité lui tient lieu de passeport et de garde-fou. Toujours au bord d’un vertige, ce chorégraphe, par ailleurs interprète de haut vol de Josef Nadj ou de Sasha Waltz, a beau se réfugier derrière des écrivains (Emily Brontë pour le spectacle Neverland * en 2002), des musiques (les Rolling Stones pour Bleeding Stone en 2000), il se livre toujours au plus intime de lui-même, jouissant de cette sublimation majeure qu’est la scène. Sa nouvelle pièce, rêve extravagant comme une bouffée délirante, s’intitule Péplum (Pop Life II) et s’attache à incarner la triplette d’amoureux mythiques qu’étaient Jules César, Marc Antoine et Cléopâtre. Autour de ces personnages que l’histoire, le théâtre (avec Shakespeare), le cinéma (avec Liz Taylor et Richard Burton), ont magnifié en les crispant quelque peu dans des images, Nasser Martin-Gousset greffe ses thèmes de prédilection : l’amour confronté au sexe, la passion à la destruction, la fusion à la trahison. Le métissage aussi à travers ce qu’il nomme volontiers le premier couple mixte, Marc-Antoine et Cléopâtre, qu’il se plaît à faire voisiner avec celui de ses parents (son père est égyptien ; sa mère, corse). Dans ce Péplum qui n’hésite pas à revendiquer une certaine grandiloquence, Nasser MartinGousset inscrit la quête passionnelle du pouvoir dans les traces incandescentes d’une histoire d’amour belle et cruelle. J. L.

CRÉATION

musique Olivier Messiaen, Schoenberg, Pierre Boulez, John Cage, Alain Lithaud

* Présenté aux Abbesses en mars 2003.

Nasser Martin-Gousset, ph. X. DR

Daniel Dobbels, ph. J. Gros-Abadie

Pourrait-on imaginer une opiniâtreté qui soit douce ? Une discrétion éclatante ? Alors ces paradoxes feraient Daniel Dobbels, dont la longue, féconde carrière se développe à l’écart des pénombres institutionnelles comme des feux médiatiques. C’est au creuset d’une riche pensée esthétique et philosophique que se forge sa danse essentielle, à nulle autre pareille ; or, finalement évidente. « La danse serait cet art qui voile son propre déchirement », médite Daniel Dobbels, en ouvrant le projet de L’Insensible déchirure, sa nouvelle pièce de groupe. Plutôt que s’épuiser à la manifester, la danse frôlerait l’existence, « toujours sur le point d’être ou de ne pas être ». D’une clarté fascinante, ses lignes émues palpitent, en renouvelant l’inépuisable transaction syncopée, entre nécessité intérieure du geste et formes fuyantes de sa révélation. De haute exigence, servie par des interprètes de fidélité – Brigitte Asselineau, entre autres – cette écriture du mouvement épouse une vibrante sensualité. Nullement autiste, cette quête sur le fil n’a crainte de défier le siècle. On ne regarde pas suffisamment les tragédies de l’histoire contemporaine comme des politiques scénarisées des corps, qu’elles ont été. Corps rentabilisés, façonnés et enrégimentés, pour corps violentés, raflés, et anéantis. Dans L’Insensible déchirure, dont la référence musicale médite sur l’Holocauste, la danse s’as-

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Benjamin Verdonck, ph. X. DR Fumiyo Ikeda, ph. H. Sorgeloos

LES ABBESSES • TARIF C 24, 25, 26 AVRIL Un projet de

Fumiyo Ikeda Benjamin Verdonck Alain Platel ROSAS / KVS

Nine Finger

CRÉATION interprétation Fumiyo Ikeda et Benjamin Verdonck UN ESSAI VIVANT Au départ, il n’y a pas de sujet commun, mais trois sujets singuliers : Fumiyo Ikeda, Alain Platel et Benjamin Verdonck. Est-il nécessaire de présenter les deux premiers ? Au sein de la compagnie Rosas depuis les débuts, Fumiyo Ikeda a enchanté de sa très forte présence la plupart des pièces d’Anne Teresa De Keersmaeker. Alain Platel, chorégraphe autodidacte, a fait des Ballets C. de la B. une

stimulante constellation d’excentricités en partage. Le troisième larron, Benjamin Verdonck, est totalement inconnu en France. Acteur au sein des prestigieuses et remuantes troupes flamandes et néerlandaises (le Zuidelijk Toneel de Ivo Van Hove, le Toneelgroep Holandia, Dood Paard, Dito’Dito, etc.), il développe depuis quelques années des situations et performances qui contribuent à « étrangéifier les espaces publics »… En 2002, pour manifester son opposition à la guerre en Irak, il avait passé trois jours dans une cage avec un cochon. Plus récemment, à Bruxelles et Birmingham, il s’est installé pendant une semaine dans un nid géant qu’il a confectionné et accolé à la façade de bâtiments administratifs ! S’il est trop tôt pour cerner les contours de ce que sera leur création commune, gageons que le désir de rencontre qui a suscité ce projet produira une constellation peu ordinaire. Le corps qui danse, des objets qui parlent, des ritournelles cultes, des photos d’actualité, devraient venir alimenter « un essai vivant sur le bouleversement, intime ou collectif ». Dans le mouvement de la rencontre, collage sensible d’expériences, de complicités aléatoires, de fragments qui inventent un sens commun. J.-M. A.

Fase, La Grande Fugue, Quatuor, Anne Teresa De Keersmaeker, photos H. Sorgeloos

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THEATRE DE LA VILLE • TARIF B

DU 9 AU 13 MAI 2e PROG.

DU 2 AU 13 MAI

soirée répertoire

Anne Teresa De Keersmaeker

CRÉATION

QUATUOR N° 4 de Béla Bartók LA NUIT TRANSFIGURÉE d’Arnold Schönberg GRANDE FUGUE de Ludwig van Beethoven 13 danseurs et The Duke Quartet

ROSAS

soirée Steve Reich CRÉATION OCTET – FOUR ORGANS – VIOLIN PHASE – PIANO PHASE – DRUMMING PART 1 12 danseurs et l’ensemble Ictus UN ÉTINCELANT VOYAGE Les plus grandes surprises nous attendent parfois quand nous croyons en avoir fini avec certaines évidences. Voici une vingtaine d’années, pour plus d’un chorégraphe, la danse semblait avoir définitivement consommé sa « séparation » d’avec la musique. Et puis, à rebours de ce dogme, Anne Teresa De Keersmaeker relançait le jeu avec Fase, un duo affûté à l’établi du minimalisme de Steve Reich. La chorégraphe de Rosas n’a cessé, depuis lors, d’enrichir la sève d’une arborescence musicale dont la physicalité du mouvement, corps conducteur, nourrit un jeu fécond entre structures et émotions. En son infini recommencement, le rythme « primordial et souverain » – comme disait le regretté Fernand Schirren, dont l’enseignement à l’école Mudra a été une source de jouvence – appelle une énergie cyclique qui se répand en de foisonnantes déclinaisons. La racine initiale de Fase 1 aura engendré, pour Anne Teresa De Keersmaeker, d’épatantes ramifications. Et cette ligne de cœur aura retrouvé en chemin, à plusieurs reprises, la musique de Steve Reich, célébré par le New York Times comme « l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle ». De quoi condenser aujourd’hui avec les musiciens de l’ensemble Ictus un étincelant voyage qui revisite deux fragments de Fase, le déroulé percussif de la première séquence de Drumming 2, et s’aventure vers de nouvelles séquences inédites : Four Organs, pièce pour maracas et quatre orgues électriques composée en 1970 ; et une nouvelle version de Eight lines (Octet), initialement composé en 1979 pour deux pianos, deux quartettes à cordes et instruments à vent. Ici, la danse donne à voir la musique de Steve Reich, s’imprégnant totalement du souffle organique qui en fait une architecture dynamique en constant devenir. J.-M. A. 1 Présenté au Théâtre de la Ville en mars 1996 et décembre 1997. 2 Présenté au Théâtre de la Ville en octobre 1998 et repris (Drumming live) en avril 2003.

DANS L’INFINIMENT MULTIPLE Du “tracé de véhémence” de ses toutes premières pièces, livrées aux rythmes entêtants de Steve Reich et Thierry De Mey, aux voluptueuses écritures qu’elle a déployées en écho à Monteverdi, Bach ou Mozart, Anne Teresa De Keersmaeker a su donner vie à des « compositions » chorégraphiques qui n’étouffent pas l’énergie de la danse, sa vitalité primesautière, son influx propagateur, son irréductible liberté. La musique, arrière-pays et jaillissement de cet infiniment multiple qu’explore inlassablement la chorégraphe de Rosas, est le fil conducteur qui traverse toute son œuvre. De ce nuancier extrêmement riche, qui forme un véritable « répertoire », Anne Teresa De Keersmaeker extrait trois pièces emblématiques, qu’elle réunit en un somptueux concert de danse. Issu de Bartók Aantkeningen (1986), le Quatuor n° 4 de Béla Bartók* sème la graine d’un unisson féminin qui claque en voltes sèches, dans un flux vigoureux où les corps sont de petites mécaniques espiègles. La Grande Fugue de Beethoven* (1992) libère une déferlante masculine où les trajets qui s’imbriquent les uns dans les autres dans un feu follet de bondissements et de chutes, de jeux en miroir. Entre ces deux éclats d’une musique à voir, La Nuit transfigurée de Schönberg (1995) suggère une diffraction de duos comme autant d’états émotifs portés par la vague d’une délicate incandescence. Chacune de ces pièces est marquée par la vivacité d’un ruissellement électrique : la musique insuffle ses élans au mouvement dansé, et la danse sait faire pétiller l’espace. Une flamme vive. J.-M. A. * Présenté au Théâtre de la Ville en mai 1986 et mai 2002.

La Nuit transfigurée

DU 2 AU 6 MAI 1er PROG.

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LES ABBESSES • TARIF A DU 30 MAI AU 3 JUIN

CRÉATION

Peeping Tom CIE PEEPING TOM

Le Sous-Sol

(suite du Salon) 4 danseurs, 1 acteur-danseur, 1mezzo soprano, 4 figurants

Pina Bausch-Bandonéon, ph. Delahaye

Peeping Tom-Le Salon, ph. A. Poupeney

Peeping Tom-Le Jardin, ph. Enguerand

UNE SAGA FAMILIALE DROLATIQUE ET POIGNANTE Bonheurs dérisoires bricolés de bric et de broc, souvenirs dépolis par le ressac nostalgique du désir, sursauts fougueux d’une jeunesse happée par le temps, inexorablement… Ainsi va la vie, clopinant cahin-caha sur les cailloux du destin. Peeping Tom, collectif né en 2000 dans la galaxie rayonnante de la danse flamande, observe le monde par le trou de la serrure et saisit, à la pointe sèche de l’humour noir, les êtres dans l’intimité de leurs turbulences et de leurs espoirs défaits. La danse, brutale, élastique, surgit chez eux par bouffées fantasques, laissant échapper les non-dits germinés et les rages refoulées.

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Après Le Jardin, qui entamait les frontières troubles de la normalité et creusait les névroses du couple, Le Salon * suivait le naufrage d’une famille aux prises avec les draps sales de l’ordinaire déclin. Avec Le Sous-Sol, troisième volet d’une trilogie où le théâtre et la chorégraphie se relaient dans une partition implacable, on retrouve cette humanité débraillée, forte en gueule et poignante. Inspirée de Bobok, une nouvelle de Dostoïevski, cette pièce pour onze interprètes s’enfonce outre-tombe, là où les morts tournicotent le fil à retordre du passé et retricotent le vécu avec des « si ». La gestuelle, travaillée en frontal et pétrie à même la chair des personnages, tantôt cogne et hoquette par pulsions saccadées, tantôt coule avec une plasticité caoutchouteuse à souhait. Dans cette saga familiale, où la drôlerie vient désarçonner le réalisme glauque de la situation, Peeping Tom fait jaillir du miraculeux gourbi des faillites quotidiennes, la mélodie fêlée de l’existence. Gw. D.-G. * Présenté par le Théâtre de la Ville au Théâtre de la Cité Internationale en janvier 2006.

DU 5 AU 24 JUIN

Pina Bausch TANZTHEATER WUPPERTAL

DU 5 AU 11 JUIN 1er PROG.

Bandonéon

REPRISE

11 danseurs

DU 16 AU 24 JUIN 2 PROG. e

création 2006

CRÉATION

18 danseurs

C'est avec deux spectacles, une reprise, Bandonéon*, et une création, que Pina Bausch s'invite au Théâtre de la Ville : il est important de relever ce fait puisque dans le répertoire même du Tanztheater Wuppertal, l'ancien et le nouveau ont toujours co-existé, tout comme se croisaient des générations de danseurs au fil des ans. Paris est sans doute la seule ville au monde avec Wuppertal, le port d'attache de la Dame, à avoir connu tant de bonheurs chorégraphiques labellisés Pina Bausch. Créé fin 1980, Bandonéon est tout entier traversé du tango argentin « celui qui dénonce la vie, la conjure et la transforme en rêve » pour reprendre les mots du compositeur Enrique Santos Discepolo. Pourtant sur scène, Pina Bausch s'intéresse moins à la LES ABBESSES • TARIF C DU 6 AU 9 JUIN

CRÉATION

Brice Leroux CONTINUUM

danse tanguera qu'à l'univers du ballet, essaimant sur le plateau un interprète en tutu ou des couples tournoyant à genoux. Dans un décor de salle de bal, avec chaises, tables et immenses photos noir et blanc, Pina Bausch met en scène le désir et l'attente, parfois avec une certaine violence qui l'instant d'après peut se transformer en caresse. En cours de spectacle, on démontera même le décor pour, dans un cadre différent, donner à voir comme une autre version de Bandonéon. Bien sûr la distribution de cette reprise va évoluer, la chorégraphe allemande aimant mélanger fidèles de la compagnie et nouveaux venus. Autant dire que Bandonéon sera tout à la fois un autre et le même. Un plaisir redoublé aussi. En écho à cette reprise, on découvrira un Neues Stück, c’est-à-dire une nouvelle pièce dévoilée au printemps 2006 à Wuppertal même. Pina Bausch, la figure la plus marquante du théâtre-dansé actuel, n'a cessé ces dernières années de se renouveler, voyageant dans le monde entier notamment. Ce rendez-vous parisien rythme nos saisons avec une belle élégance. On peut sans doute vivre sans l'art de Pina Bausch. Mais c'est tellement mieux avec ! Ph. N. * Présenté au Théâtre de la Ville en février 1983 et en juin 1989.

Brice Leroux, ph. X. DR

THEATRE DE LA VILLE • TARIF EXCEPTIONNEL

Quantum-quintet et solo 5 danseurs LE VERTIGE D’UNE ÉCRITURE MINIMALISTE Il n’aura fallu que quelques pièces pour que Brice Leroux affirme la singularité d’une démarche chevillée par la rigueur d’une écriture minimaliste poussée jusqu’au vertige. Avec Gravitations puis Quasar *, cet ancien interprète d’Anne Teresa De Keersmaeker, passé auparavant par les studios de Trisha Brown et de Merce Cunningham, décantait le mouvement à l’extrême, le réduisant aux variations itératives de trajectoires elliptiques, imperturbablement ressassées en quatuor. La rotation nocturne des silhouettes rivées à cette spirale infinie et infiniment parcourue, la beauté envoûtante des images au bord de l’évanouissement tout comme le rythme hypnotique de la composition sérielle déroutaient la perception de l’espace-temps, offrant par cet étrange rituel stellaire une expérience sensorielle saisissante, proche de la transe. Avec la création 2006, le chorégraphe français installé en Belgique explore une autre dimension de la danse. Il concentre la focale sur le corps, sur son anatomie et ses mécanismes, démonté en ses infimes composantes. Si le langage joue toujours des effets d’illusion optique, d’allitérations et de précision formelle, il obéit ici aux forces d’interaction dynamique à l’œuvre dans un jeu de construction perpétuellement mouvant : la moindre fluctuation d’un élément se propage à l’ensemble du système. Après un solo, où le corps génère sa propre lumière et révèle sa structure par la ligne, l’articulation et le contour, le quintet isole les bras, qui, telles des particules luminescentes, calligraphient des formes en incessante métamorphose. Troublante, magnétique, cette poétique « physique » de la matière laisse affleurer l’invisible d’un monde qui palpite sous la peau. Gw. D.-G. * Gravitations a été présenté en décembre 2003 et Quasar en juin 2004, au Théâtre des Abbesses.

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Maria-Kiran, ph. J.-G. Abadri

LES ABBESSES • TARIF A DU 19 AU 23 JUIN

CRÉATION

Shantala Shivalingappa kuchipudi

LES ABBESSES • TARIF A 12, 13, 15 ET 16 JUIN

Maria-Kiran

Le kuchipudi, danse traditionnelle indienne fort peu connue en France, possède une ambassadrice si puissante qu’elle convertirait en deux pirouettes à ce style dynamique, ondoyant, originaire du sud-est de l’Inde. Suave jusque dans l’imprévisibilité de ses pirouettes sur les genoux et ses sauts de cabri, Shantala Shivalingappa, dont le parcours d’excellence a déjà croisé celui de Maurice Béjart et de Peter Brook, possède un talent immense au point de faire passer la virtuosité pour une seconde nature. Depuis huit ans, elle illumine les spectacles de Pina Bausch mais n’en poursuit pas moins son travail de fond d’interprète de kuchipudi. Ce style, qu’elle définit comme richement contrasté et aussi fortement structuré que les autres danses de l’Inde, elle en apprécie paradoxalement aussi l’apparat, l’artifice même, qu’elle tente de faire évoluer en douceur vers un contemporain raffiné. Danse plus ronde que le bhârata natyam son illustre consœur, plus joyeuse aussi, le kuchipudi, apparu au Xve siècle dans le village de Kuchipudi, exige la précision et la grâce, ce qui lui confère cette stricte élégance au tracé serpentin. Pour ce cinquième passage au Théâtre des Abbesses, Shantala Shivalingappa signe un récital soigneusement élaboré de pièces signées par son maître Vempati Chinna Satyam, qui depuis cinquante ans veille à la résurrection du kuchipudi. J. L.

CRÉATION Nayaks et Nayikas (héros et héroïnes) bhârata natyam avec 4 musiciens Parmi les nouvelles figures, très jeunes, très prometteuses du bhârata natyam, Maria-Kiran trace une ligne de travail insolite, riche en confrontations aventureuses. Cette danseuse, formée dès l’âge de 6 ans à la sophistication de cette danse classique indienne gorgée de subtilités rythmiques, n’hésite pas à frotter son art au théâtre ou à des expériences musicales décalées. Présenté en 2006 au Théâtre des Abbesses, le spectacle Bhârata/Bach* dirigé par Milena Salvini, cherchait des points de fusion entre le rituel religieux du bhârata natyam, autrefois interprété dans les temples pour célébrer les dieux, et celui de la messe. Pour ce nouveau récital, Maria-Kiran revient au noyau dur de sa danse et de ses origines mythologiques. Son spectacle, intitulé La Face cachée, s’empare des aventures toujours rocambolesques de quelques couples divins (Krishna et Radha, Shiva et Parvati, Rama et Sita) pour leur tailler une chorégraphie sensible et vivante. Cette entreprise de relecture, basée sur des épisodes peu connus, voire carrément écartés de la tradition, en raison de leur résonance sentimentale trop humaine, est soutenue par des textes classiques indiens. Pour incarner les tumultueux transports amoureux des divinités indiennes, gageons que Maria-Kiran saura mettre en valeur le versant “narratif” (natya) du bhârata natyam, qui décline toute une palette d’émotions nuancées avec le visage, les yeux et les mains. Un art qu’elle impose avec un naturel de conteuse et la grâce piquante qui fait son attrait. J.L.

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* Présenté aux Abbesses en février 2006.

Shantala Shivalingappa, ph. C. P. Satyajit

La Face cachée

MUSIQUE

AU THEATRE DE LA VILLE

AUX ABBESSES

FRANK PETER ZIMMERMANN violon ENRICO PACE piano

CANTUS CÖLLN KONRAD JUNGHÄNEL direction et luth GIACHES DE WERT ET CLAUDIO MONTEVERDI

BACH - SCHUMANN

QUATUOR TETZLAFF

QUATUOR TAKÁCS BARTÓK - MOZART - BEETHOVEN

MOZART - BERG - MENDELSSOHN

CAFÉ ZIMMERMANN

MARC COPPEY

violoncelle

BACH (2 concerts)

CARL PHILIPP EMANUEL BACH

ALEKSANDAR MADZAR

piano

SCHUBERT - SCHÖNBERG - RAVEL

CHRISTINE SCHORNSHEIM clavecin BACH

EUROPA GALANTE FABIO BIONDI VIVALDI - LECLAIR - TELEMANN - BACH…

CONCERTO ITALIANO RINALDO ALESSANDRINI direction et clavecin HAENDEL

GRAF MOURJA violon FRANÇOISE GROBEN PETER LAUL piano

violoncelle

SCHUBERT - BRAHMS

ANNETTE DASCH soprano JAN PHILIP SCHULZE piano BEETHOVEN - BRITTEN - EISLER - KORNGOLD

BANG ON A CAN ALL-STARS DAVID LANG - ANNIE GOSFIELD - EVAN ZIPORYN MICHAEL NYMAN - DON BYRON - ORNETTE COLEMAN

QUATUOR DE TOKYO MOZART - HOZAKAWA - BEETHOVEN

SONIA WIEDER-ATHERTON direction et violoncelle

ORCHESTRE DE CHAMBRE DE POLOGNE RACHMANINOV - JANÁCEK - PROKOFIE - MARTINU LUTOSLAWSKI…

KRONOS QUARTET GÓRECKI…

Programmes susceptibles d’être modifiés

TARIF D

Quatuor Takács, ph. Casey A. Cass/University of Colorado

Enrico Pace, ph. M. Borggreve

F. P. Zimmermann, ph. Th. Martinot

SAM. 21 OCT. 17H THEATRE DE LA VILLE

FRANK PETER ZIMMERMANN violon ENRICO PACE piano

L’ABSOLU Profondeur, intériorité, simplicité, élégance, style, le violoniste allemand possède tout. Un art magnifié par son violon, un Stradivarius de 1711 qui appartint à Fritz Kreisler. Le concert de mars dernier avec Christian Zacharias fut un absolu de musique. Dans la magie d’une entente intuitive : « Le partage d’un même coup de cœur dans l’instant, sans aucun besoin de parole ». Avec le pianiste Enrico Pace, l’approche est différente : « Enrico est de l’école de Michelangeli et de Pollini. Il désire parler de chaque note, rendre tout absolument clair. Contrôlé ». Frank Peter Zimmermann sait faire sien ce questionnement. D’ailleurs inévitable dans Schumann. « “Qu’est-ce que je fais là ?” se demande-t -on à chaque phrase. Il faut être un peu fou pour jouer ce compositeur. » Frank Peter le seraitil ? Fasciné plutôt par Schumann qu’il n’a cependant joué que vers 30 ans : « J’aime sa musique. Celle des dernières années n’est ni joyeuse ni enthousiaste. On y sent un cerveau qui tourne autour de l’idée », cette fameuse « rage d’écrire pendant qu’il fait encore jour » dont Schumann parle lui-même. D’où jaillissent les deux sonates, la grande en ré mineur avec plus de force encore que la première. Les trois dernières sonates pour violon et clavier de Bach sont là comme un rempart à cette déchirure. Monde de lumière éternelle même dans les larmes silencieuses du sublime adagio de la cinquième ou de la sixième sonate. « Au plus profond du cœur humain, dit Frank Peter Zimmermann, là où seule la musique sait aller. »

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Károly Schranz, le second violon. Cette force presque brutale, ce savoir des instruments qu’ils ont acquis auprès des paysans, nous les avons captés. » Le Quatuor Takács, qui a enregistré deux intégrales Bartók, a vu changer l’image qu’il avait du compositeur. La nouvelle est à découvrir dans le Quatuor n°6 qui ouvre leur concert. Portant les stigmates de la guerre, de la séparation et du remords, c’est la dernière œuvre que Bartók a composée en Europe. Il savait qu’il allait partir, laisser sa mère mourante. Quant à Mozart, il écrit le Quatuor K 421, le seul en mineur, pendant que sa femme accouche de son premier fils, en 1783. À cette époque, cela signifiait souvent mourir et l’angoisse lui inspire ce “cri” de douleur. En 1825, Beethoven annote l’adagio de son immense opus 132 : « Chant de reconnaissance offert à la Divinité par un convalescent ». Ainsi le programme réunit trois œuvres qui « gravitent autour de la vie et de la mort ». « Un hasard », assure Károly Schranz. Un destin plutôt, pour un quatuor que l’on reconnaît à son âme.

Café Zimmermann, ph. X. DR

BACH : Sonate n°4, en ut mineur, BWV 1017 SCHUMANN: Sonate n°1,en la mineur,op.105 BACH : Sonate n°5, en fa mineur, BWV 1018 SCHUMANN: Sonate n°2,en ré mineur,op.121 BACH : Sonate n°6, en sol majeur, BWV 1019

SAM. 18 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE

SAM. 25 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE

QUATUOR TAKÁCS

CAFÉ ZIMMERMANN

BARTÓK : Quatuor n°6 MOZART : Quatuor n°15, en ré mineur, K 421 BEETHOVEN : Quatuor n°15, en la mineur, op.132

Sturm und Drang

LE QUATUOR DE L’ÂME Jubilatoire. Le seizième concert du Quatuor Takács au Théâtre de la Ville conduisit à la source du génie de Bartók. Par un subtil va-etvient opéré avec le fameux groupe hongrois Muzsikás et Márta Sebestyén entre les œuvres de Bartók et les mélodies d’origine qui en sont la matrice. « Au cours de notre tournée, qui a duré 4 ans, il y a eu toutes sortes d’échanges d’idées et d’inspiration. La technique des Muzsikás est fascinante, déclare

CARL PHILIPP EMANUEL BACH : 4 Sinfonie pour 2 violons, alto et basse, du recueil Wq 182 Concerto pour violoncelle avec 2 violons, alto et basse, en la majeur, Wq 172 AVIS DE TEMPÊTE ET PASSION ! « On est heureux de retrouver cette maison », dit Pablo Valetti. Et réciproquement ! Le Théâtre de la Ville a « adopté » les musicienssolistes de Café Zimmermann, l’ensemble baroque que le violoniste a créé avec Céline Frisch en 1998. Des « enfants » doués, chaleureux, intelligents, qui se construisent musicalement avec autant d’exigence que

A. Madzar, ph. P. Gérard

d’honnêteté. Après Avison, Geminiani et Bach, ils se sentent prêts pour Carl Philipp Emanuel Bach. Le deuxième fils de Jean Sébastien est le maître de l’Empfindsamkeit, cette sensibilité allemande préromantique qui a donné son nom au mouvement artistique appelé aussi Sturm und Drang, « tempête et passion ». « Il fallait arriver à ce que l’orchestre – car il s’agit presque d’un petit orchestre – puisse jouer cette musique aussi parfaitement que pourrait le faire un instrumentiste seul », explique la claveciniste. Or, « elles sont difficiles techniquement et musicalement, ces symphonies aux modulations incessantes et aux changements d’atmosphère ultra-rapides ! Mais fascinantes. Carl Philipp s’y est déchaîné », s’enflamme Pablo Valetti. Expressives, extravagantes, pleines de surprises et d’émotion, elles sont très différentes les unes des autres ». Café Zimmermann en a choisi quatre dans le recueil Wq 182 qu’il vient d’enregistrer. Le Concerto pour violoncelle Wq 172 complète le programme. De conception presque classique, admirablement écrit, il va donner la parole au magnifique violoncelliste de l’ensemble, le Tchèque Petr Sklaka. Orages en vue !

enseigner : « Il faut vraiment comprendre les gens et, en même temps, cela aide à structurer sa propre approche de la musique. Comme on l’a dit du dernier pape, c’est l’emploi qui fait l’homme ». Aleksandar Madzar se départ rarement de son humour. Il vient pour la sixième fois au Théâtre de la Ville : « Ce qui m’intéresse dans mon programme, c’est d’aller vers une sorte de densification. On part des vastes paysages de la dernière sonate de Schubert, la plus pure et la plus équilibrée de toutes. Chez Schönberg, c’est comme si la température montait tout d’un coup, on passe dans la concentration extrême ». Le Menuet sur le nom de Haydn de Ravel sert de transition avant l’éblouissement de Gaspard de la nuit : « Il n’y a vraiment que Ravel pour avoir pu construire une telle fantasmagorie. Il faut évidemment avoir les doigts et les oreilles mais ce qui est très gentil de sa part, c’est que 90% de l’œuvre se passent dans la nuance piano. » Et 100% dans le génie. SAM. 13 JAN. 17H LES ABBESSES

CANTUS CÖLLN Konrad Junghänel direction et luth Johanna Koslowsky soprano Elisabeth Popien alto Hans Jörg Mammel ténor Wilfried Jochens ténor Wolf Matthias Friedrich basse

Musique à la cour de Mantoue GIACHES DE WERT et CLAUDIO MONTEVERDI Madrigaux

SAM. 9 DÉC. 17H THEATRE DE LA VILLE

ALEKSANDAR MADZAR

piano SCHUBERT: Sonate en si bémol majeur, D 960 SCHÖNBERG : Suite op. 25 RAVEL : Menuet sur le nom de Haydn Gaspard de la nuit

Cantus Cölln, ph. W. Nolting

GRISERIE « En scène, quand la préparation du concert a pu se dérouler dans le calme et la concentration, comme vous le souhaitiez, vous êtes grisé ». Calme et concentré, Aleksandar Madzar l’est. Aérien. Le pianiste serbe observe et analyse le monde avec intelligence et gentillesse. En filigrane, une légère ombre. La nostalgie pudique de ceux qui ont dû quitter leur pays. Ce qu’il fit en 1991 pour se réfugier chez des amis à Bruxelles où il vit toujours. Il alterne sa carrière de concertiste et ses deux activités pédagogiques, l’une dans sa ville d’adoption, l’autre à Berne en Suisse. Il aime

SPLENDEUR DU MADRIGAL Beauté de chaque voix. Perfection du style et de la technique. Homogénéité incomparable des chanteurs solistes. Cantus Cölln est cet ensemble baroque hors du commun que le brillant luthiste Konrad Junghänel a créé en 1987. Un chef inspiré qui sait revisiter les œuvres et en découvrir de nouvelles. Ce double plaisir préside à son troisième concert au Théâtre de la Ville, Musique à la cour de Mantoue. Les Abbesses se feront palais pour accueillir deux maîtres qui éblouirent la famille princière des Gonzague et son cercle d’initiés. Longtemps oublié, Giaches de Wert était né à Anvers en 1535. Enfant, il vient en Italie, alors capitale musicale de l’Europe, où il sera petit chanteur. De 1565 à sa mort en 1596, il est au service de deux ducs de Mantoue, Guillaume puis Vincent. Cantus Cölln interprétera 12 madrigaux de ce compositeur essentiel de la Renaissance : 12 chants de passions, de tourments et de méditation presque céleste. En 1590, le grand Claudio Monteverdi quitte Crémone pour Mantoue. D’abord instru-

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gramme « europa galantissime » que clôt le concerto n°9 de l’Estro armonico de Vivaldi. Il appartient à l’Opus 3 dont Bach admirait les « admirables compositions qui avaient été pour lui le guide nécessaire ». Il en transcrivit six pour clavier dont les deux à l’affiche. Nouvel héritage.

SAM. 27 JAN. 17H THEATRE DE LA VILLE

SAM. 3 FÉV. 17H THEATRE DE LA VILLE

EUROPA GALANTE FABIO BIONDI violon et direction

CONCERTO ITALIANO RINALDO ALESSANDRINI

Concerto Italiano, ph. F. Nobile

Fabio Biondi, ph. Th. Martinot

mentiste puis maître de chapelle, il y reste jusqu’en 1612, côtoyant Giaches de Wert. L’art de son aîné de 30 ans nourrit le sien, comme toutes les idées nouvelles dont, même âgé, Monteverdi continuera la synthèse. Phénoménale alchimie qui le conduira à la création d’un art nouveau, l’opéra. Les six œuvres ou plutôt chefs-d’œuvre du programme témoignent de cette inventivité en perpétuel jaillissement.

VIVALDI : Sinfonia dalla Senna Festeggiante LECLAIR : Concerto pour violon et cordes en fa majeur VIVALDI : Concerto n°12 de l'Estro armonico, op. 3 “LA SUITE DES NATIONS” Mouvements d’œuvres de Telemann, Muffat, Campra, Bach et Biber réunis par Fabio Biondi VIVALDI : Concerto n°9 de l'Estro armonico, op. 3

France, Italie, Allemagne – legs et changements

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PERMANENCE DU MIROIR Seul, en duo avec Andreas Staier, Kenneth Weiss…, ou à la tête d’Europa Galante, l’ami Fabio Biondi rythme chacune des saisons du Théâtre de la Ville. Le grand violoniste aime « partir à la chasse et mettre en lumière la circulation des styles musicaux à travers les pays ». Les trophées de son seizième passage, le dixième en compagnie de son ensemble, sont impressionnants. À commencer par Vivaldi: « C’est notre griffe. Il ouvre et ferme le concert. Très français dans la Sinfonia dalla Senna Festeggiante, il est l’essence même de l’ « italianità » qui m’est chère, dans les deux concertos de l’Estro armonico. Quant au Lyonnais Jean-Marie Leclair, aussi doué pour le violon que pour l’écriture, c’est un compositeur clé entre le style français et le style italien. » Dans la deuxième partie, Fabio Biondi s’amuse. Il a rassemblé en une suite une dizaine de mouvements très courts de différents compositeurs : « Ce musical joke est la jubilation de tous les styles européens mixés, “alchimisés”, vus par différentes écoles. Comment Telemann voit-il les Danois ou les Suisses ? Campra, les Chinois ? Muffat, les Espagnols ?… » Réponse dans ce pro-

direction et clavecin Anna Simboli soprano Monica Piccinini soprano Furio Zanasi basse Ugo di Giovanni théorbe Luca Peverini violoncelle

HAENDEL : Duetti e terzetti con continuo Suites pour clavecin HAENDEL SECRET Surprise : Rinaldo Alessandrini consacre tout son programme à Haendel. D’habitude, c’est plutôt à la musique italienne des XVIIe et XVIIIe siècles, dont il est spécialiste. N’a-t-il pas dédié livre, concerts et disques à Monteverdi ? Plus de 8 enregistrements chez Opus 111/ Naïve ! C’est d’ailleurs avec un superbe programme de madrigaux que Concerto Italiano était venu au Théâtre de la Ville en février 1996. Mais le chef de l’ensemble à géométrie variable semble s’intéresser de plus en plus à Haendel, compositeur allemand naturalisé anglais en 1726. Et pas seulement au génie vénéré des grandes machines scéniques, opéras, oratorios, mais aussi au musicien intime d’une musique de chambre presque inconnue. Avec trois de ses chanteurs, Rinaldo Alessandrini explore un monde merveilleux de miniatures : celui des duos et trios pour voix. Haendel en écrivit une vingtaine, éblouissante, entre 1704 et 1740, dans tous les pays où il vécut. Parmi ceux que le musicien romain a choisis, Se tu non lasci amore a été composé en Italie vers 1708, Tacete ohime tacete et Giù nei tartarei regni ont été édités en Allemagne en 1711, tandis que Quel fior che all’alba ride et No, di voi non vo fidarmi voyaient le jour à Londres, trente ans plus tard. Haendel transformera les premier et troisième mouvements de ces deux derniers duos en quatre chœurs, parmi les plus célèbres du Messie. C’est dire leur qualité. Une écriture fluide et incroyablement variée que l’on retrouve dans les deux Suites pour clavecin.

G. Mourja, P. Laul, F. Groben, ph. P. Gérard

SCHUBERT : Trio n°2, en mi bémol majeur, op. 100 BRAHMS : Trio n°2, en ut majeur, op. 87 TRIANGLE D’OR Le Théâtre de la Ville connaît chacun des trois solistes qui s’offrent le bonheur de jouer ensemble, quand leur emploi du temps leur permet. Graf Mourja vient pour la sixième fois, Françoise Groben était de “la Fête à Poulenc” de 1999 et Peter Laul a été ovationné au cours du magnifique “Trois concerts en un” de 2006. En commun, ils ont une des plus belles cultures au monde, une approche russe de la musique, pas seulement technique mais expressive. Le violoniste ukrainien, un des chefs de file de sa génération, a fait toutes ses études à Moscou, d’abord à l’École des enfants surdoués puis au Conservatoire Tchaïkovski. Le pianiste a tout appris d’Aleksander Sadler au Conservatoire supérieur de Saint-Pétersbourg, sa ville natale bien-aimée. Celle aussi du grand Boris Pergamenschikov, auprès de qui la violoncelliste luxembourgeoise est allée se perfectionner dès l’âge de 17 ans, au Conservatoire supérieur de Cologne. Mais « une chimie initiale exceptionnelle » lie plus encore nos jeunes musiciens. Mystérieuse et pourtant évidente. « Quelque chose est là qu’on ne peut pas analyser » s’enthousiasme Françoise Groben. Une complicité née et cristallisée à Juventus dont ils sont tous trois lauréats. Ces musiciens intuitifs et passionnés viennent d’enregistrer l’Intégrale des trios de Brahms. La donner en concert eût été trop long. Ils ont gardé le Trio n°2 en do majeur qu’ils associent pour la première fois au Trio n°2 de Schubert « un météore au ciel de la musique », selon Schumann. L’enjeu est le même. Phénoménal.

Ch. Tetzlaff, ph. A. Vosding

GRAF MOURJA violon FRANÇOISE GROBEN violoncelle PETER LAUL piano

Tanja Tetzlaff, ph. H. Strauss

SAM. 10 FÉV. 17H THEATRE DE LA VILLE

sa sœur, Elisabeth Kufferath, et Hanna Weinsmeister, toutes trois solistes et qui, elles aussi, ont besoin de cette respiration musicale commune, à haute altitude. Quelle classe ! Quel engagement ! Les quatre musiciens reviennent aux Abbesses, le Théâtre de la Ville n’étant pas libre à cette date, la seule possible pour eux, avec un nouveau programme impressionnant. Le caractère douloureux qui imprègne chaque mouvement du Quatuor K 421 de Mozart, sombre et pathétique, en constitue l’unité. En un miraculeux fondu enchaîné, Berg développe les 6 épisodes de sa Suite lyrique créée en 1927. Le Quatuor Tetzlaff va s’en donner à cœur passion dans ces climats conduisant du giovale au desolato en passant par le delirando. Un « opéra sans paroles » à la hauteur de leur tempérament. Un siècle aupavant, en 1827, dans son Quatuor opus 13, Mendelssohn visait lui aussi à « la relation de tous les mouvements entre eux et avec les parties ». C’est un de ses lieder, Frage, qui est la clé d’une partition qui chante, elle aussi, sans paroles. À l’automne dernier, Tanja et Hanna avaient nourri leurs bébés pendant la pause. Les interprètes revinrent sur scène, rayonnantes. Cela s’appelle la vie. Elle chante à pleine et quatre voix dans le Quatuor Tetzlaff.

SAM. 3 MARS 17H LES ABBESSES

QUATUOR TETZLAFF MOZART : Quatuor n°15, en ré mineur, K 421 BERG : Suite lyrique pour quatuor à cordes MENDELSSOHN : Quatuor n°2, en la mineur, op. 13 LE CHANT DE LA VIE Pourquoi un violoniste international aussi exceptionnel que Christian Tetzlaff a-t-il eu envie de créer son quatuor ? La réponse fut éclatante aux Abbesses, en novembre 2005 : il a vraiment quelque chose à dire en quatuor et il a trouvé avec qui le dire : Tanja,

H. Weinsmeister, E. Kufferath, photos X. DR

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Bang on a can all-stars, ph. P. Serling

Annette Dasch, ph. K. Pinter

ANNETTE DASCH soprano JAN PHILIP SCHULZE piano BEETHOVEN, BRITTEN, EISLER, KORNGOLD Lieder À LA FOLIE Annette Dasch a 30 ans et sa carrière “explose”. La belle Berlinoise qui triomphe sur les scènes d’opéra du monde entier, aime chanter le lied : « L’écoute du public est si dense. C’est magnifique de pouvoir le toucher au cœur ou à la tête avec un mot chuchoté, un autre qui s’évanouit ». Pour son deuxième récital au Théâtre de la Ville – le premier eut lieu en 2004 – elle a composé un incroyable programme ! Si les superbes lieder du « vieux maître » Beethoven ne sont pas vraiment connus, que dire de On this Island de Benjamin Britten, « un cycle pourtant plein de tempérament » ? Avec l’éblouissant intellectuel européen Hanns Eisler (1898-1962), grand compagnon de route de Brecht, compositeur, essayiste et philosophe à la fois, la découverte est totale. Le cycle rare de 1954 met entre autres en musique d’irrésistibles petites annonces matrimoniales parues dans les journaux. Et « pour finir dans le glamour, cette fois sans Strauss », Annette Dasch a choisi Erich Wolfgang Korngold (1897-1957), exilé aux États-Unis en 1936. « La nostalgie de celui qui a perdu son pays » anime ses Drei Lieder amples et lyriques « qu’il faut savoir jouer comme de petites pièces d’opéra ». Jan Philip Schulze, pianiste chéri de grands interprètes de lieder, possède cette qualité. Annette Dasch a adoré étudier auprès de lui à la Hochschule de Munich: « Quand il le faut, il joue avec tout son corps. C’est très important : le lied doit avoir toutes les couleurs qu’une voix humaine peut faire naître ». On aime celle d’Annette Dasch beaucoup, passionnément…

année. Nouveau et détonant programme de six premières françaises. Basquiat de Don Byron, jeune et brillant clarinettiste, né dans le Bronx, rend un bien bel hommage, au peintre mort d’une overdose à New York, à l’âge de 27 ans. Le glas d’une cloche rythme doucement cette œuvre nostalgique où rêve une clarinette. Ce sera celle, magnifique, d’Evan Ziporyn auteur de Music from Shadowbang : quatre mouvements, quatre mondes mystérieux, quinze minutes de bonheur. Rien à voir avec l’exitation née des “grondements survoltés” d’Overvoltage Rumble, d’Annie Gosfield. L’immense saxophoniste Ornette Coleman a eu envie d’écrire pour Bang on a can. Dans le bruissement d’une singulière conversation, fragments de standards, réminiscences, bribes de phrases, éclats de violoncelle, il lui confie qu’ « il n’est pas allé là d’où il vient », Haven’t Been Where I Left. Les films de Peter Greenaway ont rendu célèbre l’Anglais Michael Nyman, présent trois saisons de suite dans les “Autres musiques” du Théâtre de la Ville. Un film de 10 minutes sur New York en 1921, réalisé par le pionnier du cinéma Paul Strand, accompagnera Manhattan qui sera créé à New York cet été. Comme Sunray (Rayon de soleil) de David Lang, cofondateur, avec Julia Wolfe et Michael Gordon, de Bang on a can all-stars. « Il n’y a pas de nom pour ce genre de musique » disait à son propos, le critique du Los Angeles Times, Marc Swed. Cela s’applique à tous les compositeurs de cette soirée. Raison de plus pour venir les écouter. Marc Coppey, ph. X. DR

SAM. 10 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE

LUN. 12 MARS 20H30 THEATRE DE LA VILLE

BANG ON A CAN ALLSTARS

SAM. 17 MARS 17H 1er PROG. LES ABBESSES

DAVID LANG : Sunray ANNIE GOSFIELD : Overvoltage Rumble EVAN ZIPORYN : Music from Shadowbang MICHAEL NYMAN : Manhattan (avec 1920's, film par Paul Strand) DON BYRON : Basquiat ORNETTE COLEMAN : Haven't Been Where I Left...

BACH: Intégrale des Suites pour violoncelle seul - 1re partie Suite n°3, en ut majeur, BWV 1009 Suite n°1, en sol majeur, BWV 1007 Suite n°5, en ut mineur, BWV 1011

PREMIÈRES EN

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FRANCE

RAYON DE SOLEIL Depuis 2002, les remarquables musiciens de Bang on a can all-stars reviennent chaque

MARC COPPEY violoncelle

ÉVIDENCE(S) « La musique de Bach a toujours été là. Je ne peux même pas parler de choc. C’est une évidence, simplement ». À 9 ans, Marc Coppey joue d’oreille la première des 6 Suites dont sa mère lui avait offert trois versions : Casals, Fournier, Starker. À 20 ans, il donne sa première intégrale en concert. Ces Suites qui l’ont

Quatuor de Tokyo, ph. J. Henry Fair

Christine Schornsheim, ph. F. Hamm/sowiesodesign

toujours accompagné, lui « permettent de réévaluer les choses au quotidien et dans les moments-clés ». Ainsi, quand il quitte le Quatuor Ysaÿe dont il fut membre de 1995 à 2000, elles l’aident à se retrouver : « J’avais vraiment besoin de cette solitude absolue. Cette musique qui exige beaucoup, détermine aussi nos choix de vie si voulons être capables de la jouer en concert. » Ce qu’il a beaucoup fait avant d’en enregistrer l’intégrale, sortie en 2003 chez Æon : une splendeur tant du point de vue de la sonorité que de la conception. Nouvelle évidence. Dans chaque Suite comme dans tout le cycle, il exprime « une conception du monde et de la musique où tout est en harmonie, tout se répond et où la musique est une sorte de métaphore de la totalité ». Extraordinaire sensation d’unité, celle de l’âme et du corps. Marc Coppey que le Théâtre de la Ville faisait découvrir aux Parisiens en 1994, est désormais au sommet de son art. Il est venu 8 fois dans la grande salle en duo, trio, quatuor (et pas seulement du quatuor à cordes !). Aux Abbesses, où il a déjà donné un récital en 2000, le violoncelliste racé nous convie en deux temps à ce que Goethe appelait « un entretien de Dieu avec lui-même avant sa création ».

SAM. 24 MARS 17H LES ABBESSES

CHRISTINE SCHORNSHEIM clavecin BACH : Variations Goldberg, BWV 988

UN ÉVÉNEMENT Christine Schornsheim est l’une des grandes virtuoses du clavecin. La France ne le sait pas encore, mais Andreas Staier l’avait tout de suite compris. C’était peu de temps avant la chute du mur. Le début d’une connivence entre les deux Allemands, celui de l’Ouest et celle de l’Est. Le don pour l’improvisation, qu’ils partagent, enflamma l’extraordinaire concert Fandangos de 2004 au Théâtre de la Ville où le premier avait convié la seconde. Quelques années après ses études de musique à Berlin-Est, où Christine Schornsheim est née, le plaisir d’improviser et la passion pour la basse continue ont fini de la conduire au clavecin. À 4 ans, elle avait commencé le piano avec sa mère, sous l’œil vigilant de Jean Sébastien Bach. La petite fille dialoguait avec le portrait du maître posé sur le piano, lisant, selon son attitude au travail, approbation ou désapprobation : « Ainsi Bach m’a toujours paru humain et je me suis approchée sans peur de sa musique, ma préférée, déjà à l’époque. » Pour son premier récital en France, elle a choisi les Variations Goldberg qu’elle joua pour son tout premier

concert de clavecin : « Elles représentent la perfection absolue ! Une architecture globale les construit de bout en bout. C’est génial sur le plan du contrepoint, sans volonté d’en remontrer. Il y a beaucoup de moments intimes et sensibles et beaucoup de moments rayonnants et virtuoses. » À chaque fois qu’elle les joue, elle a l’impression « d’entreprendre un long voyage plein d’aventures où j’aimerais bien emmener le public ». Les yeux fermés, on l’accompagne.

SAM. 31 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE

QUATUOR DE TOKYO MOZART : Quatuor n°14, en sol majeur, K 387 HOSOKAWA : Quatuor (première audition en France) BEETHOVEN : Quatuor n°9, en ut majeur, op. 59 n°3 « Razoumovsky » GRANDEUR Cela fait près de 35 ans que le Quatuor de Tokyo marque l’histoire de l’interprétation. Par la magnificence sonore plus encore que par le style ou la fusion de ses quatre voix, impressionnante malgré les nombreux changements de pupitre. Pour leur cinquième passage au Théâtre de la Ville, les musiciens et leurs instruments sublimes, les quatre Stradivari « Paganini », mettent le feu aux poudres. Avec pour commencer l’inimitable clair-obscur du K 387, le premier des 6 Quatuors « À Haydn » de Mozart et le premier de sa maturité. Suit une création de Toshio Hosokawa, né à Hiroshima en 1923, et parti à l’âge de 19 ans étudier à Berlin puis à Fribourg. Le Japonais a désormais retrouvé son pays en devenant, entre autres, compositeur en résidence de l’Orchestre philharmonique de Tokyo. Il boucle ainsi la boucle de sa rencontre avec l’Occident. Ces passerelles est-ouest sont à l’œuvre dans Vision of Lear, son premier opéra. Hanjo, le deuxième, fut un événement du Festival d’Aix-en-Provence 2004. On attend beaucoup de ce quatuor dont les « Tokyo » donneront la première en France après l’avoir créé en mars 2007 à la Philharmonie de Cologne. Aujourd’hui encore, les défis de Beethoven sont à relever. Le troisième des Quatuors Razoumovski en témoigne avec, annoté en marge de son finale, « Tu peux écrire des œuvres en dépit de toutes les entraves qu’impose la société. Ne garde plus le secret de ta surdité même dans ton art. » Et Beethoven devint « ce sourd qui entendait l’infini » (Victor Hugo).

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SAM. 28 AVR. 17H 2e PROG. LES ABBESSES

MARC COPPEY violoncelle BACH: Intégrale des Suites pour violoncelle seul - 2e partie Suite n°4, en mi bémol majeur, BWV 1010 Suite n°2, en ré mineur, BWV 1008 Suite n°6, en ré majeur, BWV 1012 voir p. 50

« Deux résistances : l’une pour se souvenir de sa langue maternelle prohibée, celle des peuples d’une Europe centrale dominée par l’empire austro-hongrois, des cultures qui tentent de résister à la perte de leur identité… L’autre, en Russie, pour raconter l’interdit. La musique dit ce qu’il est impossible de décrire. Ce qui est dit, est dit pour tous ceux qui n’ont pas la parole. » Sonia Wieder-Atherton la leur rend. Hors des sentiers battus.

LUN. 28 MAI 20H30 THEATRE DE LA VILLE

KRONOS QUARTET

LUN. 21 MAI 20H30 THEATRE DE LA VILLE

SONIA WIEDER-ATHERTON direction musicale et violoncelle ORCHESTRE DE CHAMBRE DE POLOGNE

Sur le sentier recouvert Concert-voyage de la Russie à la Mitteleuropa, pour violoncelle et orchestre de chambre, conçu par Sonia Wieder-Atherton transcriptions Franck Krawczyk, Jiri Teml, Seva Polonovsky scénographie Christian Marti RACHMANINOV, JANÁCEK, PROKOFIEV, MARTINU, LUTOSLAWSKI…

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Radieuse Sonia Wieder-Atherton ! La violoncelliste connaît la voie royale du grand répertoire, mais elle aime aussi les chemins de traverse où des voix oubliées, bâillonnées, surgissent de son violoncelle. Essentielles. Comme celles de ses Musiques juives, qui bouleversent le Théâtre de la Ville en 1994. Elle nous convie aujourd’hui à « un concertvoyage dans la Russie et la Mitteleuropa » des XIXe et XXe siècles. Vont se succéder œuvres intégrales ou extraits d’œuvres, très contrastés, écrits à l’origine pour orchestre symphonique, chœur, piano-violoncelle ou voix, mais transcrits pour l’Orchestre de chambre de Pologne. « J’ai fait le choix, dit-elle, d’un orchestre à cordes pour me donner la possibilité d’avoir la profondeur, la couleur sombre que demandent Les Vêpres de Rachmaninov ou Alexandre Nevsky de Prokofiev, mais aussi la virtuosité et la danse pour d’autres pièces. » Que donne-t-elle à entendre Sur ce sentier recouvert, comme aurait dit Janácek, qui relie les compositeurs russes aux Tchèques, aux Polonais et à d’autres encore ?

QUESTIONS DE TEMPS En 1973, David Harrington fondait son quatuor et lui donnait le nom de Kronos Quartet. Deux idées de génie. Trente-trois ans se sont écoulés, le Quatuor, fidèle à son principe fondateur, n’a joué que des œuvres de son temps, un temps dont il est devenu le symbole. Et il est devenu emblématique du Théâtre de la Ville où, autre miracle, il vient chaque année depuis 1992. Deux concerts étaient même prévus pour la saison 93-94. Celui de juin où figurait le Troisième Quatuor de Górecki fut annulé pour raison de santé. De toute façon, le compositeur, dont Kronos avait déjà commandité et créé les deux premiers quatuors, ne l’avait pas achevé. Et quand ce fut le cas, en 1995, la formation dut attendre longtemps encore. La partition ne lui parviendra en effet qu’en mai 2005. Pourquoi ? Górecki lui-même l’ignore : « Kronos a fixé plusieurs fois des dates de création de ce quatuor qu’il avait commissionné, mais j’ai continué à en reculer sa mise au monde. Je ne sais pas pourquoi. » La première mondiale aura enfin lieu en octobre 2005, à Bielo-Biala au sud de la Pologne. Des chants sont chantés est le soustitre de ce quatuor inspiré par le quatrième vers d’un poème de l’écrivain russe Velimir Khlebnikov (1885-1922). « Nimbée d’une profonde mélancolie intérieure, explique Adrian Thomas, spécialiste de Górecki, l’œuvre tout entière semble préoccupée par la nature insaisissable de la mémoire. » Intimement liée au temps, elle a besoin de 52 minutes pour se développer. Évidemment, Kronos prépare d’excitantes surprises avant de traverser son propre miroir. Kronos Quartet, ph. J. Blakesberg

Sonia Wieder-Atherton, ph. André D.

GÓRECKI : Quatuor n°3, Piesni Spiewaja (Des chants sont chantés), op. 67 Programme en cours

textes musique A.-M. Bigorne Programmes susceptibles d’être modifiés.

MUSIQUES DU MONDE AU THEATRE DE LA VILLE

AUX ABBESSES

SHIVKUMAR SHARMA ZAKIR HUSSAIN tabla

santour

BOMBAY JAYASHRI Inde du Sud

PARISSA chant ENSEMBLE DASTAN

ENSEMBLE HASBIHÂL chants sacrés des Alevis Bektasi

GÜLCAN KAYA

sarod

Shurat Razzaqov dotâr Ouzbékistan Sirogiddin Jurayev dotâr Tadjikistan Ervena Orgaeva chant, dombra

Kalmoukie

chants d’Anatolie

Iran

chant

SHAUKAT HUSSAIN KHAN Inde du Nord

ENSEMBLE GARYAN

Irak

musique du Kurdistan d’Irak fédéral

SHAHID PARVEZ sitar SHASHANK flûte murali jugalbandi

Inde du Nord et du Sud

U. SHRINIVAS mandoline DEBASHISH BHATTACHARYA guitare jugalbandi

duo vocal féminin Jelisaveta Arsenijevic, Sladjana Borota duo vocal masculin Nebojsa Mastilovic, Arsenije Arsenijevic

Turquie

SHAHRAM NAZERI

chant khyal

Serbie

MAÎTRES DU DOTÂR D’ASIE CENTRALE ET CHANTS DE KALMOUKIE

Inde du Nord

jugalbandi

LA LYRE SPIRITUELLE & PIRG

Iran

chant et musique persane

SHUJAAT KHAN sitar TEJENDRA MAJUMDAR

Chine

pipa

Inde du Nord

chant carnatique

WU MAN

Inde du Nord et du Sud

ETSUKO CHIDA

Japon

koto et chants courtois

LÉVON MINASSIAN doudouk ROSELYNE MINASSIAN chant GAGUIK MOURADIAN Arménie

kamantché

DHRUBA GHOSH sarangi

Inde du Nord

YANN-FAÑCH KEMENER Bretagne

Dialogues création Aldo Ripoche violoncelle Florence Pavie piano

BA BANGA NYECK balafon

Côte-d’Ivoire

KAYHAN KALHOR

Iran

kamantché

ERDAL ERZINCAN

Turquie

baglama

AUX ABBESSES

BALLAKÉ SISSOKO kora Mali ENSEMBLE DIDDAL JAALAL Mauritanie

ENSEMBLE CHULAWATIT de l’Université Chulalongkorn 3 ensembles, 3 styles Thaïlande Wong Piphat, Wong Khruang Sai, Wong Mahori

ELSHAN MANSUROV kamantché MALIK MANSUROV târ SEVINDJ SARIEVA chant ROVSHAN MAMMADOV chant

Azerbaïdjan

KAYHAN KALHOR kamantché HAMID RÉZA NOURBAKHSH chant Iran WASIFUDDIN DAGAR chant BAHAUDDIN DAGAR rudra vina jugalbandi de dhrupad

Inde du Nord

TARIF D Programmes susceptibles d’être modifiés

Ballaké Sissoko, ph. G. Abbeg

Shivkumar Sharma, Zakir Hussain, photos Sense World Music

SAM. 7 OCT. 17H ET DIM. 8 OCT. 11H THEATRE DE LA VILLE

SHIVKUMAR SHARMA santour ZAKIR HUSSAIN tabla

INDE DU NORD SAM. 7 OCT. 17H Raga-s de la fin de l’après-midi DIM. 8 OCT. 11H00 Raga-s du matin Le dernier passage du maître du santour au Théâtre de la Ville tombait curieusement un 7 octobre, il y a trois ans. Sa première prestation dans le même théâtre, pour un court solo dans un spectacle conçu par le danseur Birju Maharaj, date de la fin des années 60. Voilà donc trente ans passés que celui qui a introduit le santour parmi les instruments classiques de l’Inde du Nord, jalonne sa carrière dans le temple parisien de la musique indienne. Zakir Hussain, le phénomène mondial percussif, toujours attendu ici comme un dieu, nous revient enfin en compagnie de son complice de toujours, le musicien avec lequel il a le plus joué à travers le monde. Leurs rencontres sont toujours aussi prisées et invariablement différentes. Shivkumar Sharma fut chanteur comme son père, mais aussi brillant joueur de tabla dans sa jeunesse. Maître dans les arts mélodiques et la science rythmique, Shivkumar crée les vibrations envoûtantes des cent cordes frappées par ses baguettes féeriques tandis que répondent les bondissements fulgurants du génie des sons et de la surprise. Car Zakir, cet éternel jeune homme, surprend constamment dans la mise en place de son répertoire, comme il étonne dans ses improvisations qu’il vit comme une libre chevauchée dans l’espace. L’osmose totale et la complémentarité toute en finesse de ces deux artistes résolument inimitables, forment un duo aussi unique que l’était celui de Ravi Shankar et Alla Rakha, le père de Zakir…

Christian Ledoux

LUN. 16 OCT. 20H30 LES ABBESSES

BALLAKÉ SISSOKO kora MALI ENSEMBLE DIDDAL JAALAL MAURITANIE

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CONVERSATION « Rien ne peut être créé dans la précipitation, enseigne Épictète ; pas plus qu’une grappe de raisins ou une figue. » Trois résidences, donc, sont consacrées à la création commune du Malien Ballaké Sissoko et des Mauritaniens Diddal Jaalal.

« Il y a beaucoup de ficelles », s’émerveille l’enfant contemplant la kora : vingt et une cordes en effet. Instrument du griot mandingue, cette harpe-luth distille des sonorités mélodieuses et cristallines. Initié à cet art dès l’enfance, Ballaké Sissoko, fin mélodiste, allie respect de la tradition et sens de l’improvisation. Reconnu comme l’un des interprètes les plus doués de sa génération, il développe un style élégant et inventif. « Compositeur de l’oralité, il contribue, dit-on, à élargir notre image sonore de l’Afrique. » Il produit, écrit Frédéric Deval (Fondation Royaumont), « un jaillissement savamment agencé qui embarque dans le flottement de la rêverie, à travers ces ondulations sonores qui naissent des modes pentatoniques dont la kora met en valeur avec magnificence l’arc-en-ciel des résonances. » C’est par le truchement de la gamme pentatonique, qu’un langage commun autorise le dialogue avec Diddal Jaalal. Ainsi peut se développer une « conversation entre personnes raisonnables ». Entre kora, n’goni (luth sept cordes), bolon (harpe-luth grave cinq cordes), auxquels s’ajouteront percussion et voix bambaras du Mali et trois gnagnerou (vielles), un kerona (luth deux cordes), deux percussions et les voix peules de Mauritanie. Un dialogue afro-africain entre voisins : « alliages de vielles et de voix, ritournelles et ostinatos, écrit encore Frédéric Deval, sur lesquels la kora jaillit en fusées aquatiques ou se fait grave et rêveuse ».

Jacques Erwan

SAM. 21 OCT. 17H LES ABBESSES

ENSEMBLE CHULAWATIT de l’Université Chulalongkorn THAÏLANDE 3 ensembles, 3 styles Wong Pi Phat, Wong Khryang Sai, Wong Mahori FLUX C’est un long fleuve. Au fil de l’eau, un courant puissant, d’autres moins violents dessinent des méandres au cœur du flux et alentour. Ici ou là, petits tourbillons et remous affleurent soudain à la surface de l’onde. Ainsi s’écoule, hypnotique, la musique classique traditionnelle thaïe, selon David Morton, un expert. Comme une bande sonore continue. Un système linéaire dépourvu d’harmonie. Tels instruments jouent la mélodie principale, d’autres brodent l’ornementation, d’autres enfin s’attardent sur certains motifs. Tous ne voguent pas au même vent. Les divers fils des mélodies apparemment indépendantes de chacun

Ensemble Chulawatit, ph. X. DR

SAM. 11 NOV. 17H THEATRE DE LA VILLE

BOMBAY JAYASHRI chant carnatique avec 4 musiciens

INDE DU SUD

« La musique n’allume-t-elle pas une étincelle ? N’attise-t-elle pas une flamme ? Ne metelle pas le feu à l’âme ? » D’emblée, Bombay Jayashri nous enveloppe, nous emporte dans un monde carnatique aux lumineux confins, tout imprégné d’élans incandescents, de vibrantes pulsations, d’infinis saisissants… Issue d’une famille de musiciens au riche héritage, elle a été formée très tôt par ses propres parents, acquérant par ailleurs une grande maîtrise du style hindoustani du nord de l’Inde. Mais c’est son maître Shri Lalgudi G. Jayaraman, dont elle poursuit aujourd’hui la tradition, qui l’a pleinement introduite dans les arcanes de la musique carnatique et dans cette imagination musicale manodharma qu’elle n’a, depuis lors, de cesse d’affirmer. Interprète d’excellence donnant depuis plus de vingt ans des concerts aux quatre coins de l’Inde et maintenant du monde, compositrice inspirée de musique de films et de ballets – et même d’un saisissant opéra basé sur l’épopée tamoule Silapadhikaaram –, enseignante résolue…, Bombay Jayashri est le brillant reflet de cette nouvelle génération d’artistes indiens, engagés avec intensité en chaque domaine, mêlant sincère adhésion au cœur de la tradition et quête incessante de nouvelles teintes, nouvelles expériences musicales et vocales. Gageons qu’à la suite de son premier passage parisien, en février dernier, cette nouvelle chance qui nous est donnée de l’entendre saura embraser nos âmes musicales.

Pierre-Alain Baud

Bombay Jayashri, ph. Kamrouz

Ensemble Chulawatit, ph. X. DR

des instruments composent une longue et interminable guirlande. Influencée par des traditions héritées de la Chine, de l’Inde et du sud-est de l’Asie fondues en un mélange unique et singulier, c’est une musique savante. Elle s’est épanouie à l’ombre des palais royaux jusqu’à l’abandon de la monarchie absolue, en 1932. Elle rythmait alors les jours de la famille royale et célébrait les événements marquants. Aujourd’hui, on la préserve. Sa pratique a régressé. Elle accompagne cérémonies et fêtes religieuses et participe au déroulement de certaines formes théâtrales… Trois types d’ensemble, de nature et fonction différentes, en perpétuent le cours. Le Wong Pi Phat, tout d’abord, réunit percussions mélodiques (gongs circulaires métallophones et xylophones…) et rythmiques (cymbales, castagnettes et tambours) ainsi que la voix, et produit des sonorités dynamiques. Le Wong Khryang Sai, ensuite, suave ensemble de cordes (vièles, cithare en forme de crocodile stylisé), vents (flûte et hautbois), percussions rythmiques et voix. Le Wong Mahori, enfin, grande formation, dont le volume des sonorités est plus faible que celui du Piphat, rassemble, grosso modo, les deux premières auxquelles s’ajoutent une vièle à pique à trois cordes, une paire de tambours en céramique et une sorte de tambourin. Les voix, accompagnées par cymbales et tambours, et parfois par un instrument à cordes, alternent avec les parties instrumentales. L’Ensemble Chulawatit, fort d’une vingtaine de musiciens, présente successivement ces trois formations pour tisser ce « simple fil de soie diapré qui se déroule et ondule imperceptiblement mais dont chaque millimètre s’imprègne d’un monde de sentiments et de sensations » (Émile Vuillermoz). Une occasion rare de découvrir cette tradition riche et raffinée. J. E.

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Elshan Mansurov, ph. Kamrouz

ELSHAN MANSUROV

kamantché

MALIK MANSUROV târ SEVINDJ SARIEVA chant ROVSHAN MAMMADOV chant

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Wu Man, ph. L. Junqi

Parissa et Ensemble Dastan, ph. X. DR

SAM. 18 NOV. 17H LES ABBESSES

AZERBAÏDJAN

De nouvelles et bienheureuses saveurs du mugham d‘Azerbaïdjan nous attendent lors de ce concert. Saveurs fort ancrées : nous y retrouverons d’abord de vieilles connaissances, les frères Elshan et Malik Mansurov qui durant des années ont accompagné Alim Qasimov, notamment lors de ses passages au Théâtre de la Ville. La magie du târ et de la vièle kamantché joués par le duo ouvrait sur un flamboyant essor de la voix du chanteur. Si le chant haut et tendu du mugham traditionnel peut fleurir, il requiert en effet un terreau fertile : d’abord, une attentive finesse des musiciens, que l’on retrouvera lors de ce programme avec le jeu hors pair des deux frères, mûri par de longues années de concerts en commun ; mais bien aussi en amont, l’attachement à la terre nourricière azérie, à la singulière originalité au carrefour de multiples métissages, iraniens et turcs notamment. La tradition savante du mugham y a mûri lentement, s’y est ciselé peu à peu un caractère propre que le renouveau du XIXe siècle a stimulé. Imbibé de ce cadre fécond, le chant singulier de Sevindj Sarieva et de Rovshan Mammadov peut donc dès lors s’épanouir. Celui de Sevindj a germé dans l’écrin privilégié de Karabakh, ville berceau de la musique azérie dont elle est originaire et où, depuis ses débuts parmi les Rossignols locaux, elle n’a de cesse de se confronter au public lors des fameuses fêtes de mariages toy. Quant à Rovshan, s’il chante aussi depuis son enfance, il a très vite développé une carrière internationale qui ne fait que reconnaître ses talents vocaux majeurs… à découvrir sans tarder. P.-A. B.

SAM. 25 NOV. 17H LES ABBESSES

WU MAN pipa

CHINE

Wu Man, selon ses propres termes, est « une virtuose du luth pipa reconnue internationalement ». Musicienne américaine, elle a introduit le luth chinois dans la musique d’aujourd’hui, par-delà les genres et les cultures, à travers des rencontres et des confrontations multiples, tout en restant elle-même : une jeune femme à l’écoute des autres et du monde, héritière d’une des plus authentiques écoles de la Chine impériale, l’école de pipa de Pudong. Née à Hangzhou, Wu Man a commencé la musique à huit ans. En 1977, la révolution culturelle finie, elle entre première au conservatoire central de Pékin au niveau secondaire, elle y continue au niveau supérieur, puis au département de recherche. L’enfant prodige devient une musicienne accomplie, avant ce grand saut par-delà les mers qui l’emmène vers sa nouvelle patrie : l’Amérique. Depuis, Wu Man a travaillé avec la fine fleur de la musique d’aujourd’hui, Liu Sola, le Kronos Quartet, des orchestres symphoniques, Yo-Yo Ma, et créé des compositions

écrites à son intention par Lou Harrison, Lam Bun-Ching, Philip Glass, Bright Sheng, Tan Dun, Terry Riley. Elle a joué au Théâtre de la Ville avec le Kronos et aux Abbesses avec Chen Zhong en 1996. Improvisation, composition ou répertoire traditionnel, Wu Man associe présence, finesse du doigté, sûreté de jeu, tendresse de la sonorité, à un soin constant de l’écoute, du partage et de l’amitié. À son habitude, elle alternera l’ici et l’ailleurs, l’ancien et le nouveau.

François Picard CD : Chinese Music for the pipa – NIMBUS RECORDS.

SAM. 2 DÉC. 17H THEATRE DE LA VILLE

PARISSA chant ENSEMBLE DASTAN

IRAN Hamid Motebassem direction, târ et setâr Hossein Behroozinia barbat (luth) Saïd Farapoori kamantché Pejman Hadadi tombak, dayereh (percussions) Behnam Samani daf, dayereh

Jacqueline Magnier * In Parissâ et l’Ensemble Dastan, Gol-e Behesht (Network).

SAM. 9 DÉC. 17H LES ABBESSES

LA LYRE SPIRITUELLE & PIRG

SERBIE duo vocal féminin Jelisaveta Arsenijevic, Sladjana Borota duo vocal masculin Nebojsa Mastilovic, Arsenije Arsenijevic LE CHANT DE L’ÂME ORTHODOXE « L’homme ne peut pas vivre sans s’agenouiller ; il ne se supporterait pas, aucun homme n’en serait capable. S’il rejette Dieu, il s’agenouille devant une idole de bois ou d’or ou bien imaginaire », écrivait Dostoïevski. Véritable trésor spirituel inventé au lendemain de la Première Guerre mondiale, un recueil de poèmes intitulé La Lyre spirituelle apporte une réponse à cette exigence métaphysique. Fruit d’une âme simple, celle du peuple serbe, il évoque le sens et la richesse d’une vie conduite au cœur de la foi orthodoxe. Des mélodies populaires portent ces textes. Elles s’inspirent d’airs empruntés à la tradition serbe mais aussi byzantine, bulgare ou russe qui ont, là-bas, à diverses époques, laissé leur empreinte. À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les temps changent : la foi « oubliée », la tradition orale s’interrompt et les chants de La Lyre spirituelle tombent en désuétude. Mais au sein des monastères veillent de pieuses religieuses ; elles sauvegarderont ce trésor. C’est auprès d’elles que le duo féminin éponyme les recueille pour les préserver d’un oubli définitif en les interprétant : deux voix séraphiques chantent a cappella, « à la manière des religieuses ». Le même recueil inspire également Pirg (la Tour), le duo masculin, composé de deux chantres dont un révérend père. Deux belles voix mâles. L’un et l’autre créent des chants, empreints de morale, qui conjuguent histoire de l’Église orthodoxe serbe et répertoire ecclésiastique. Sur scène, hommes et femmes alternent puis s’unissent en un quatuor et offrent un chant d’une confondante beauté. Il se propose d’instruire, d’élever les consciences et d’offrir un réconfort spirituel. Un « travail missionnaire » assumé. Un moment de paix pour enchanter l’âme. J. E.

La Lyre Spirituelle & Pirg, ph. X. DR

LA ROSE DU PARADIS Le titre annonce la teneur : un voyage inoubliable dans le patrimoine de la musique et de la poésie persanes ! Réunir Parissa, l’icône féminine du chant iranien venue au Théâtre de la Ville il y a dix ans, et l’Ensemble Dastan, fondé en 2000 par le compositeur Hamid Motebassem, c’est rassembler deux des plus purs joyaux de la culture persane, là où poésie et musique dialoguent à l’unisson. La poésie sera omniprésente dans ce programme qui réunit cinq des plus célèbres chantres mystiques des XIIe et XIIIe siècles : Nizami, Saa’di, Rumi, Araghi et Djoshghani. Au nom de l’amour mystique, ils célèbrent le désir, le chagrin et le plaisir, conviant le divin à rejoindre le profane. « Chant des mots, grammaire de la musique, musique et poésie sont des jumelles inséparables », commente Shams Anwari*. Avec Parissa et l’Ensemble Dastan, le dialogue est pure réjouissance. « Généreuse et poignante, étendue, d’une parfaite précision dans tous les registres » (Jean During), la voix de Parissa trouve avec les cinq maîtres de l’Ensemble Dastan l’harmonie qui lui convient. Un Grand Prix du disque de l’académie Charles Cros est venu récompenser en 2003 leur travail commun. Le double album sorti en 2005, reflet de ce concert, est un pur délice. Laissant une large place à l’improvisation, les compositions tout en douceur de Hossein Behroozinia, 44 ans, directeur du Centre de conservation de la musique persane et Hamid

Motebassem, 48 ans, ancien élève du conservatoire de Téhéran, expriment ces « secrets du cœur qui ne s’ouvrent qu’à l’oreille de l’âme » (Saa’di).

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Tejendra Majumdar, ph. SenseWorld Music Shujaat Khan, ph. SenseWorld Music

SAM. 16 DÉC. 17H THEATRE DE LA VILLE

SHUJAAT KHAN sitar TEJENDRA MAJUMDAR sarod

jugalbandi INDE DU NORD

Subhankar Banerjee tabla POUR

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LA PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA

VILLE

Parmi les diverses combinaisons de duos instrumentaux accompagnés au tabla, ceux présentant le sitar et le sarod sont les plus populaires, ces deux luths se complétant admirablement. La robustesse du sarod, comparé au tigre, s’allie à la forme gracile du sitar qu’on assimile au léopard. Puissance et agilité se mêlent. Le sarod, sans frettes, offre un son dense, presque sourd, où le plectre peut frapper avec force ; le sitar, muni de frettes bombées, avec sa calebasse en guise de caisse, égrène des notes aériennes. L’un, viril, semble provenir des forces telluriennes ; l’autre, féminin, reste sensuel et aérien. Cette alliance des pôles crée les conditions idéales pour un dialogue senti, harmonieux et vif. Le public du Théâtre de la Ville aura déjà pu apprécier Shujaat Khan avec le joueur de kamantché iranien Kayhan Kalhor et Tejendra Majumdar en soliste. Fils aîné de Vilayat Khan, Shujaat appartient à la huitième génération de la plus illustre famille de sitaristes, renommée pour son style proche du chant. L’aisance impériale dont il fait preuve est confondante dans les passages les plus périlleux. Il faut dire qu’il a commencé à toucher un petit sitar à l’âge de trois ans… Il semble survoler la musique, et ses notes s’élèvent avec la légèreté des bulles de champagne. Tejendra Majumdar est de nos jours l'un des joueurs de sarod les plus en vue pour la solidité de son jeu. Issu d’une famille de musiciens, il étudie pendant dix-huit années auprès du réputé Bahadur Khan, neveu du

grand Allauddin Khan le père d’Ali Akbar Khan, génie rénovateur de la musique instrumentale. C. L. SAM. 13 JAN. 17H THEATRE DE LA VILLE

ENSEMBLE HASBIHÂL chants sacrés des Alevis Bektasi 4 musiciens

TURQUIE

GÜLCAN KAYA chants d’Anatolie avec 4 musiciens

VOIX CÉLESTES « Cherche et trouve. Éduque les femmes. Même si on te blesse, ne blesse pas […] Le premier stade de l’accomplissement est la modestie. Qu’importe ce que tu cherches, cherche en toi-même. Maîtrise tes mains, tes paroles et tes désirs… » Tels sont quelques-uns des préceptes qu’enseigne la sagesse prônée par Haci Bektas, au XIIIe siècle. Elle compte aujourd’hui encore une foule d’adeptes rassemblés dans l’ordre soufi des Bektasi. Outre cette filiation, les alevisbektafli adhèrent à des survivances du shamanisme turc venu, jadis, d’Asie centrale, et se reconnaissent des tendances chiites. L’Ensemble Hasbihâl porte un nom – parler, communiquer, effacer la peine – qui résume sa démarche. Il réunit Derti Divani, troubadour et maître spirituel respecté, et les musiciens traditionnels Ulafl Ozdemir, Huseyin et Ali Riza Albayrak. Ils jouent baglama et saz anciens, instruments sacrés. Religieux, le répertoire comprend chants d’amour mystique, hymnes célébrant les douze imams et l’expérience mystique, semah pour accompagner la danse rituelle… Chacun chante dans son propre style tandis que les autres accompagnent. Quatre voix,

comme retenues, qui privilégient le registre de la douceur. Un chant de l’âme partagé avec chaque spectateur car, « chaque créature est le reflet du Créateur ». Gülcan Kaya revient. Un retour attendu. Au fil de poèmes mystiques dépourvus d’ornementation, elle chante aussi le ciel. Et la terre. Des semah alevis aux chants anonymes recueillis à travers toute l’Anatolie, elle s’est forgé un vaste répertoire dont les thèmes sont multiples. Avec une technique vocale éprouvée, elle chante à la manière traditionnelle. Sa voix, éclatante de beauté, charme l’oreille et l’âme. Une voix. J. E.

Il a développé un style très personnel de chant classique populaire, nourri tout autant de l’ardente indépendance spirituelle et intellectuelle kurde, que d’une profonde compréhension de la musique traditionnelle persane et son intime dialogue musical et vocal. Cette collision créatrice, alliée à la chaleur vibrante de sa voix, a su conquérir non seulement la jeunesse iranienne qui le vénère en héros, mais bien aussi d’innombrables écoutes singulières, sous de multiples latitudes. Homme enraciné, homme libre, il nous revient donc pour un soir. Ne manquons pas son chant de l’infini azuré. P.-A. B.

Gülcan Kaya, ph. X. DR

CD: Les Maîtres de la musique traditionnelle, vol. 3 Nazeri, Talâ'i – OCORA.

SAM. 20 JAN. 17H THEATRE DE LA VILLE

SHAUKAT HUSSAIN KHAN chant khyal Ikram Khan sarangi Sanju Sahai tabla POUR

SHAHRAM NAZERI chant

avec 4 musiciens

IRAN

Shahram Nazeri, ph. Roshanak B./Webistan

Fougue et infinie délicatesse, impulsion fondatrice et murmure intime, feu et eau : Shahram Nazeri s’en revient une nouvelle fois – la 5e depuis 1988 ! – sur la scène du Théâtre de la Ville… Bonheur de retrouvailles pour les heureux connaisseurs qui vont pouvoir nouvellement goûter son chant lumineux. Bienheureuse découverte pour les nouveaux auditeurs qui vont s’immiscer dans les vibrations rauques de sa voix, sa force vive sublimement maîtrisée, la ferveur de son total engagement. Pour cet homme de feu issu des montagnes kurdes de Kermânshâh, le chant restera à jamais l'une des voies privilégiées de la quête mystique. Chanteur de l’essentiel, sollicité dès l’âge de huit ans pour interpréter le Masnavi – l’œuvre poétique majeure du maître soufi persan Jalâl al Dîn Rumî qu’il affectionne singulièrement –, Shahram Nazeri n’a de cesse de puiser aux tréfonds des traditions persane et kurde, pour mieux les renouveler, mieux les rapprocher d’une écoute contemporaine.

FRANCE

Qu’on ne s’y trompe pas : voilà un chanteur tout à fait exceptionnel à plus d’un titre. Par son exigence, sa voix ample, chaude, profonde et si agile dans tous les genres. Bien sûr, la lignée est là : son grand-père Liaquat Hussain Khan était attaché à la cour de Jaipur. Son père Sharafat Hussain Khan (1930-1985), enfant prodige, qui enregistra son premier 78 tours à l’âge de douze ans, suivit les leçons d’Ustad Faiyyaz Khan (18861950) et devint le doyen de la Gharana d’agra-atrauli. Cette école combine le style d’agra (créé au XIIIe siècle et fortement influencé par le dhrupad) et celui, révolutionnaire, de jaipur-atrauli (créé vers la fin du XIXe siècle par le génial Alladya Khan). Cette filiation esthétique provenant des lignées paternelle et maternelle est un cas de figure remarquable. Ancré corps et âme dans cette tradition mémorable, Shaukat Hussain Khan, chanteurné, dans la fleur de l’âge, a pour seule ambition de faire partager cet héritage : il enseigne au sein d’une école de musique d’ahmadabad, et donne en Inde une trentaine de concerts par an. Sa notoriété nationale n’a guère dépassé les frontières – à part des tournées aux USA et en Angleterre. Il n’en a cure, n’étant préoccupé que par la pérennité de la tradition qu’il porte si fort en lui. Aussi solide que versatile, dominant les genres vocaux (dhrupad, dhamar et thumree), ce quadragénaire inspiré, équilibré, à la voix très présente et prenante, parcourt sans heurt les trois octaves dans des improvisations vertigineuses. Une délectation intellectuelle et sensuelle ! C. L.

Shaukat Hussain Khan, ph. SenseWorld Music

LUN. 15 JAN. 20H30 THEATRE DE LA VILLE

LA PREMIÈRE FOIS EN

INDE DU NORD

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Ervena Orgaeva, ph. Kamrouz Etsuko Chida, ph. Ch. Perrin

Sirogiddin Jurayev, ph. Kamrouz

SAM. 27 JAN. 17H LES ABBESSES

MAÎTRES DU DOTÂR D’ASIE CENTRALE ET CHANTS DE KALMOUKIE Shurat Razzaqov dotâr OUZBÉKISTAN Sirogiddin Jurayev dotâr TADJIKISTAN Ervena Orgaeva chant,dombra KALMOUKIE Trois nouvelles chevauchées fantastiques sur les terres où règne le luth à deux cordes : dotâr (du persan, do « 2 », et târ, « cordes ») en Asie centrale ou dombra dans les steppes de Kalmoukie. EN ASIE CENTRALE AVEC LES MAÎTRES DU DOTÂR. Bardes héritiers de la tradition des nomades et chamans ou porteurs de la tradition classique, musiciens et poètes d’Asie centrale font résonner le son grave et noble de cet élégant luth au long manche fin dont ils pincent les deux cordes de soie avec une extrême habileté. Shurat Razzaqov a été formé au répertoire ouzbek par le maître absolu du dotâr, Abdorahim Hamidov, qui le considère aujourd’hui comme son propre disciple. Qu’il joue avec la Philharmonia de Tashkent ou en concert privé, il puise son inspiration à la source même du Khorezm, sa région natale du nord Ouzbékistan. Sirogiddin Jurayev, lui, fait partie de la célèbre Académie de maqâm créée par Abduvali Abdurashidov à Douchanbé, capitale du Tadjikistan. Ce haut lieu d’étude de la musique classique d’Asie centrale perpétue la vitalité des shashmâqâm, les six suites mélodiques, patrimoine des musiciens et poètes ouzbeks et tadjiks.

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EN KALMOUKIE AVEC LE DOMBRA D’ERVENA ORGAEVA. Ervena Orgaeva, « Merveilleux trésor » ! Son nom sonne comme une prédiction. Car sous

le frais sourire de cette jeune femme de 27 ans se cache la maturité d’une ambassadrice convaincue. Son ambassade ? La langue et le répertoire musical de la Kalmoukie, petit pays du Nord-Caucase, enclave asiatique et boudhiste au sein de la Russie européenne. Depuis quelques mois, Ervena a quitté ses steppes natales. Mais l’éloignement de son pays et de sa famille qui l’a initiée à la musique et au chant, ne fait que renforcer sa volonté de faire connaître un art qui tend à disparaître. Elle est une des rares de sa génération à parfaitement le maîtriser : petits récits de la vie ou longues épopées qu’elle fait éclore d’une voix grave et posée, tandis que, sur les deux cordes de son dombra, le luth tant apprécié des Kalmouks, galopent ses doigts de fée. J. M. CD: L'art du dotâr, Hamidov, Khodâverdiev, Razzaqov, Ouzbékistan – Ocora.

SAM. 3 FÉV. 17H LES ABBESSES

ETSUKO CHIDA koto et chants courtois

JAPON

ETSUKO ET LE DRAGON « Dragon couché sur la plage et conversant avec les vagues », le koto est une cithare sur table, tendue de treize cordes, dont les chevalets sont mobiles. Elle est sans doute arrivée au Japon aux alentours du VIIIe siècle. Voilà pour son brevet d’ancienneté. Son jeu recourt aux deux mains. Pouce, index et majeur de la dextre portent chacun un plectre en ivoire monté sur une bague. La senestre sert principalement à appuyer sur les cordes, à gauche des chevalets mobiles, pour obtenir des hauteurs nouvelles. Elle exécute aussi ornements, trémolos ou portamentos. Instrument de musique de cour, il est ensuite adopté par les jeunes filles de la bourgeoisie montante sans être pour autant renié par l’aristocratie. Il distille d’exquises et mélodieuses sonorités. Originaire du nord de l’archipel, Etsuko Chida s’est initiée au koto et au chant, dès l’âge de

Dhruba Ghosh, ph. R. Kapase-Fontimusicali

Gaguik Mouradian, ph. G. Abegg

CD: Japon Chants courtois – BUDA MUSIQUE

SAM. 10 FÉV. 17H LES ABBESSES

LÉVON MINASSIAN doudouk ROSELYNE MINASSIAN chant GAGUIK MOURADIAN kamantché avec 2 autres doudouk

ARMÉNIE

Souffrir les vicissitudes de l’Histoire ne laisse pas indemne. Se souvenir, ne pas oublier l’exil, le devoir de mémoire, sont parfois à la source d’une nécessité créatrice. Nombre de musiciens arméniens n’échappent pas à cette urgence première. C’est le cas de Lévon et Roselyne Minassian. Né en 1958 à Marseille d’un père violoniste, Lévon s’initie très jeune à la mandoline. D’un premier voyage en Arménie, il revient avec un doudouk, l’un des instruments les plus répandus au pays de ses ancêtres. Une étape décisive pour cet adolescent de 16 ans, remué par la magie de ce petit hautbois. Désormais, il n’abandonnera plus ce « symbole du pays des origines, âme du peuple arménien », dont il devient l’un des joueurs les plus talentueux d’Europe de l’ouest. Si Peter Gabriel l’aide à s’ouvrir au monde en l’invitant en 1993 en première partie de sa tournée mondiale, c’est à Marseille, hors des mondanités, qu’il se plaît à travailler cet instrument « de souffrance » dont le son grave et mélancolique accompagne ou remplace la voix. À ses côtés au Théâtre de la Ville, la voix veloutée de sa sœur, Roselyne Minassian, médaille d’or du Conservatoire national de Marseille. Aux accents du doudouk répondront les longues déchirures nostalgiques du kamantché, cet instrument répandu dans tout l’Orient jusqu’aux portes de l’Europe. Plus créateur qu’interprète, habitué à travailler avec des artistes d’horizons différents, Gaguik Mouradian, né en 1954 à Erevan en Arménie, saura faire vibrer les trois cordes de cette vièle à pique qui chavire le cœur et transporte au bord des larmes. J. M. CD: Lévon Minassian & Armand Amar, Songs from the world apart – LONG DISTANCE.

SAM. 17 FÉV. 17H LES ABBESSES

DHRUBA GHOSH sarangi accompagné au tabla POUR

INDE DU NORD

LA PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA

VILLE

Neveu du légendaire flûtiste Pannalal Ghosh, Dhruba Ghosh est le fils de Nikhil Ghosh, éminent pédagogue et joueur de tabla renommé, disparu en 1995. Après l’étude du chant et de la rythmique, le jeune Dhruba aborde le sarangi auprès de Sagiruddin Khan, disciple du fameux Bundu Khan de Delhi, le premier joueur de sarangi à s’être produit en solo. Pour se perfectionner avec un instrument si proche de la voix, il étudie auprès du chanteur vétéran Dinkar Kaïkini. Les plus grands noms de la musique se croisent chez les Ghosh, se livrant à des échanges riches d’enseignement. Ali Akbar Khan, Ravi Shankar sont de ceux-là. Nourri dans les sphères élevées de l’art, et ayant accompagné beaucoup de chanteurs, ce quinquagénaire d’un calme où bouillonne la passion, cache une somme de connaissances et des ressources qu’il met au service d’une approche intériorisée et chaleureuse de son instrument. Avec ses cordes sympathiques, sa vièle sonne comme un merveilleux petit orchestre. Les graves résonnent avec la puissance et la beauté d’un violoncelle. La superbe technique qu’il déploie tout au long du concert – qui s’apparente à une scénographie des sons – lui permet d’aborder tous les registres, en travaillant finement diverses sonorités, évanescentes, amples ou rondes. Alors son archet bondit soudain sur les rythmes d’une rhapsodie digne de Bartók. L’instrumentiste chante alors d’une voix émouvante et précise, comme s’il se confiait au sarangi, qu’il joue alors à l’unisson. Ce musicien si discret et rare a un fort beau palmarès derrière lui et assistant en 1988 à son concert à Bombay, Rostropovitch se déplace sur scène pour lui donner l’accolade… C. L. Lévon Minassian, ph. Long Distance 2005

cinq ans, auprès de trois grands maîtres. Elle appartient à l’une des deux principales écoles en ce domaine, l’école Yamada, fondée à la fin du XVIIIe siècle. Les poèmes chantés – la nature, les amours – datent du Xe siècle pour les plus anciens (Le Chant des pluviers) ou du XIe siècle (un extrait du Dit du Genji), d’autres de l’ère Meiji (XIXe-XXe siècles) comme Les grues sur le pin. C’est un chant raffiné, empreint d’une certaine solennité, propre à apaiser le dragon qui habite chacun pour qu’il converse avec les vagues, couché sur la plage. J. E. (D’après Henri Lecomte)

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Ensemble Garyan, ph. Kamrouz Yann-Fañch Kemener, Aldo Ripoche, ph. J.-Ch. Bachelot

(Koechlin) et le porteur de tradition. Entre l’écrit et l’oral, la rigueur d’une composition « classique » et la liberté du chant « populaire ». Ainsi crée-t-il « une œuvre actuelle et respectueuse du regard de chacun ». Dialogue aussi de la voix – que l’on sait belle – et du chant des instruments, du violoncelle et du piano… Audacieuse entreprise, couronnée de succès, qui, pour sublimer la tradition, concilie l’inconciliable. J. E.

SAM. 17 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE

ENSEMBLE GARYAN

SAM. 10 MARS 17H ET DIM. 11 MARS 15H LES ABBESSES

YANN-FAÑCH KEMENER chant

BRETAGNE

ALDO RIPOCHE violoncelle FLORENCE PAVIE piano Dialogues création

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DIALOGUES « Il n’est rien de cacher qui ne se découvre un jour », si l’on en croit Dostoïevski. Poursuivant sa quête du patrimoine breton, Yann-Fañch Kemener a retrouvé un trésor oublié, œuvre du compositeur Charles Koechlin. Il enrichit sa dernière création, Dialogues, présentée, en mars 2006, au Théâtre de Cornouailles, à Quimper. Le Barzaz Breiz également. Publié en 1839, ce recueil de chants populaires collectés en Bretagne par un jeune aristocrate lettré, Hersart de La Villemarqué, a exercé une forte influence au XIXe siècle. Ainsi, George Sand admirait ces « diamants » du Barzaz Breiz, fleurons de ce qu’elle appellera « la littérature orale ». Au début des années 30, Charles Koechlin harmonise, en respectant la mélodie, vingt pièces pour piano et violoncelle puisées dans le Barzaz Breiz. Quand il les découvre, Manuel de Falla manifeste « une pure jouissance » et apprécie la « belle parure » qui les rehausse. Le violoncelle joue la mélodie, le piano sa « parure ». Certains de ces duos figurent au répertoire de Dialogues. Mais composition et écriture ne dévoilent guère toutes les facettes de la culture populaire qui, en effet, continue à vivre au fil des chants, des danses et des contes. Les collectages effectuées par les successeurs de La Villemarqué, parmi lesquels Yann-Fañch Kemener, jettent un autre éclairage : « timbre, interprétation, style… sont au cœur de la recherche ». Et Kemener imagine un dialogue entre le lettré (Barzaz Breiz), le compositeur

IRAK musique du Kurdistan d’Irak fédéral Mahmud Faraj, Jamal Suleman chant Karwan Mahmud Ibrahim Najmadin balaban Karzan Mahmud târ Khalil Abdulla oud Niyaz Mohammed santour Twana Khurshed kamantché Grâce à sa nouvelle indépendance, Soulaimanie, capitale culturelle du nouveau Kurdistan irakien, connaît un véritable renouveau musical essentiellement influencé par la culture du Kurdistan iranien. L’Ensemble Garyan composé de cinq musiciens et de deux chanteurs (Mahmud Faraj et Jamal Suleman) est la démonstration même d’un raffinement et d’une virtuosité rarement égalés. La rigueur du travail orchestral et les puissantes envolées des grands daf-s créent une sorte d’allégresse héroïque, un lyrisme guerrier, chers à ces peuples des montagnes dispersés au cours des siècles, de l’Iran à l’Azerbaïdjan. Le balaban (joué par Karwan Mahmud Ibrahim Najmadin), hautbois d’origine pastorale équivalant le duduk arménien et géorgien, survole, tel l’aigle des montagnes, de magnifiques paysages sonores. Sa sonorité, oscillant entre volupté et tension, est représentative du sentiment exalté de l’âme kurde, le même que l’on retrouve chez les Kamkars ou chez le chanteur Shahram Nazeri d’origine kurde. Les instruments à cordes comme le târ (joué par Karzan Mahmud), le oud (par Khalil Abdulla), le santour (par Niyaz Mohammed), le kamantché (par Twana Khurshed) donnent une dimension grandiose à une musique qui, dans ses arrangements musicaux, se rapproche de la musique persane. À l’écoute de cette musique, on ne peut s’empêcher de penser à l’origine du peuple kurde qui, à travers l’ancien empire des Mèdes, en l'an 612 av. J.-C., conquit la puissante Assyrie et étendit sa domination de l'Iran à l'Anatolie centrale.

Alain Weber

Shashank, ph. Sense World Music

jugalbandi INDE DU NORD ET DU SUD accompagnés au tabla et au mridangam Shahid Parvez et Shashank sont habitués aux plus grandes scènes de l’Inde et de l’étranger. Présenté à deux reprises au Théâtre de la Ville (1999 et 2004) le sitariste, apparenté à la famille de Vilayat Khan, a atteint le statut d’un des musiciens majeurs de ce temps. Programmé en mars 2005 au Théâtre des Abbesses, le jeune prodige Shashank est considéré comme le génie de la flûte carnatique. Shahid Parvez joue régulièrement à Madras tandis que Shashank se produit souvent dans les grandes villes du Nord. Il fallait qu’ils se rencontrent… Ils ont déjà ainsi donné quelques concerts en duo, en Inde comme aux États-Unis. Une vingtaine d’années les séparent, mais tous deux sont férus de pratique intense, quasi quotidienne, et se vouent au même dieu : celui si exigeant des raga-s… Chacun vise à une plénitude sonore qui donne aux notes leur couleur exacte pour faire naître l’émotion. Déployant leur art à travers des formes lyriques et rythmiques impressionnantes d’imagination et de virtuosité, chacun des duettistes laisse à son invité d’un moment tout le loisir de développer des phrases qui forment alors un tout cohérent dans la progression des phases successives du raga. L’instrument si ancien qu’est la simple flûte en bambou, fait face au grand luth emblématique du Nord si sophistiqué avec ses multiples cordes sympathiques et sa technique complexe. Aux sons magiques du flûtiste qui semble avoir une grande facilité, répondent les arabesques fascinantes du sitariste si concentré et rivé sur son instrument. Le souffle divin de Shashank et le plectre si raffiné de Shahid se combinent dans un face-àface étonnant et grandiose. C. L.

SAM. 31 MARS 17H LES ABBESSES

BA BANGA NYECK

balafon Keita Youssouf, Diabate Souleymane balafon Keita Seydou percussions CÔTE-D’IVOIRE

« La vraie fraternité n’est pas celle du sang mais celle du partage. » Ba Banga Nyeck pourrait faire sien ce proverbe rwandais. Une bien belle personnalité que ce colosse du balafon, camerounais d’origine, qui allie un charisme débordant à un sens inné de la musique. Car ce jeune caméléon swingue

Ba Banga Nyeck, ph. P. Gérard

SHAHID PARVEZ sitar SHASHANK flûte murali

effrontément sur tous les registres. Il n’hésite pas à franchir les frontières de la musique traditionnelle de l’ouest africain pour s’infiltrer dans les arcanes du jazz et de la musique classique européenne. Son passeport ? Le son cristallin d’un balafon chromatique qui vous aiguise les papilles et vous met en mouvement. Un instrument tout spécialement conçu pour ce virtuose humaniste, qui, à l’instar de son aîné, le pianiste zaïrois Ray Lema, aime à jeter des ponts entre des cultures musicales dissemblables. En juillet 2005, un premier prix au concours panafricain “triangle du balafon” au Mali venait récompenser notre globe-trotter interethnies et intercontinents. Un an auparavant, ce même “ouistiti farceur” de la tradition chauffait à blanc le Festival Juventus à Cambrai en s’infiltrant malicieusement parmi les jeunes talents de la musique classique européenne. Mais tout comme le rappelait le bluesman américain Willie Dixon, Ba Banga Nyeck sait bien « qu’il est impossible de récolter les fruits si l’on ne soigne pas les racines ». C’est donc au cœur des sonorités immémoriales du pays mandingue que nous conduira sa première venue à Paris pour un voyage dans l’ouest africain. J. M.

Shahid Parvez, ph. X. DR

SAM. 24 MARS 17H THEATRE DE LA VILLE

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Kayhan Kalhor, ph. X. DR

Hamid Réza Nourbakhsh, ph. Kamrouz Erdal Erzincan, ph. X. DR

gieux alévis – depuis qu’il en a entendu les sonorités dans son village natal de l’est anatolien. Des études au conservatoire de l’université d’Istanbul l’ont mené à enrichir et approfondir la connaissance de cet instrument dont il enseigne aujourd’hui les techniques dans sa propre école de musique, tout en parcourant le monde. Prometteur, ce duo cordes à cordes avec Kayhan Kalhor fera alterner fougue impulsive et douceur teintée de mélancolie.

SAM. 12 MAI 17H ET LUN. 14 MAI 20H30 LES ABBESSES

KAYHAN KALHOR kamantché dialogues et improvisations

IRAN

SAM. 12 MAI 17H AVEC

ERDAL ERZINCAN baglama

TURQUIE

LUN. 14 MAI 20H30 AVEC

HAMID RÉZA NOURBAKHSH chant

IRAN

À 40 ans, rien ne semble arrêter cet as du kamantché iranien, originaire du Kurdistan, dans sa quête de nouvelles rencontres. Chacune des apparitions de Kayhan Kalhor est un pur enchantement : avec Yo Yo Ma ou le Kronos Quartet, pour lesquels il a composé ; avec le sitariste indien Shujaat Husain Khan (au Théâtre de la Ville en novembre 2003) ; ou avec ses compatriotes, en quatuor avec les maîtres persans Hossein Alizadeh, le chanteur Mohammad Reza Shadjarian et son fils Homayoun (au Théâtre de la Ville en septembre 2003) ou en duo avec le jeune joueur de santour, Siamak Aghaï (au Théâtre des Abbesses en 2005). Pour ses deux concerts, le prince de l’archet convoquera une fois encore ces petits riens qui font les grands concerts : virtuosité, musicalité, alliées à la sensibilité et au plaisir émotionnel et communicatif de jouer ensemble. L’infatigable voyageur dialoguera en toute liberté avec deux amis, le Turc Erdal Erzincan et l’Iranien Hamid Reza Nourbakhsh.

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AVEC ERDAL ERZINCAN Erdal Erzincan, 35 ans, est tombé amoureux du baglama – luth à cordes pincées de la famille du saz, qui accompagne aussi bien les chants populaires turcs que les rituels reli-

AVEC HAMID RÉZA NOURBAKHSH Hamid Reza Nourbakhsh, 40 ans, n’est plus un inconnu du Théâtre de la Ville où l’on a pu l’entendre avec l’ensemble Shams en février dernier. Une voix impressionnante, façonnée par son illustre professeur, Mohammad Reza Shadjarian, qui voit en lui l’un des plus brillants espoirs du chant classique persan. Point n’est besoin d’érudition pour constater que ce fin lettré, aujourd’hui enseignant à Téhéran, a une puissance vocale à vous vriller le cœur et l’esprit. Il suffit pour cela de l’entendre, dans la lignée des plus grands, tel l’Azerbaïdjanais Alim Qasimov, dont le chant jaillit en une grandiose déferlante et s’éteint, après de multiples et vertigineuses cascades, dans la délicate caresse d’un doux murmure. Ce concert présage d’un dialogue cœur à cœur entre deux amis intimes qu’unissent déjà les liens du patrimoine et de la musique à l’état pur. J. M. SAM. 26 MAI 17H THEATRE DE LA VILLE

U. SHRINIVAS mandoline DEBASHISH BHATTACHARYA guitare jugalbandi INDE DU NORD ET DU SUD accompagnés au tabla et mridangam POUR

LA PREMIÈRE FOIS EN

OCCIDENT

Voici réunis deux instruments étrangers à l’Inde (mais de la même famille), dont la popularité va croissante, pour une rencontre entre l’enfant prodige de l’Andra Pradesh et le génial guitariste de Calcutta. Tombé amoureux de la mandoline, U. Shrinivas a fait son premier grand début sur scène dès l’âge de neuf ans dans son État natal, avec un instrument alors totalement inconnu du public. Son jeu éblouissant et sa candeur lui valent un succès retentissant qui propulse sa famille à Madras, où il acquiert la gloire en 1981. Il est alors accompagné par les plus grands percussionnistes et violonistes, et se perfectionne auprès de chanteurs réputés. Des tournées à l’étranger s’ensuivent. Très jeune, il réalise un magnifique

JEU. 14 JUIN 20H30 LES ABBESSES

WASIFUDDIN DAGAR chant dhrupad

BAHAUDDIN DAGAR

U. Shrinivas, ph. X. DR Debashish Bhattacharya, ph. P. Rudra Pal

CD chez Realworld. Il joue depuis avec John McLaughlin et Zakir Hussain. Debashish Bhattacharya découvre la slideguitare à l’âge de cinq ans. À seize ans il émigre très loin, à Ahmadabad, pour rejoindre Brij Bushan Kabra (le premier guitariste indien à avoir imposé son instrument sur les scènes classiques) qu’il a entendu en concert, et dont le style l’a fortement impressionné. Il fait fabriquer pendant une dizaine d’années une centaine de guitares avant de trouver les solutions idéales à ses aspirations. Confiant dans son étoile comme dans sa mission, il fonde à Calcutta une école où affluent des musiciens du monde entier. Ces deux artistes originaux se sont déjà produits au Théâtre de la Ville et ont joué ensemble avec Shakti. Ils viennent de collaborer à un CD à paraître chez Naïve. Ce duo est riche de promesses vertigineuses. C. L.

rudra vina INDE DU NORD jugalbandi de dhrupad accompagnés au pakhawaj LA PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA

VILLE

que son père avait perfectionné pour atteindre une beauté sonore enveloppante qui mène à une méditation rêveuse. Bahauddin, par ailleurs chanteur accompli, s’est déjà produit en Inde en compagnie de son célèbre cousin de Delhi. Nourris de la sève de cet art si ancien qu’est le dhrupad, les cousins atteignent le sommet de cette fameuse école familiale nommée la Dagar Bani. C. L.

Bahauddin Dagar, ph. Sense World Music

On a pu déjà apprécier l’art consommé de Wasifuddin Dagar lors d’un mémorable concert au Théâtre de la Ville en l’an 2000. Ce chanteur né dans le sérail est le fils de Nazir Faiyazuddin Dagar, qui fit carrière en duo avec son frère Nazir Zahiruddin, et qu’on dénommait les « Junior Dagar » (pour les différencier de leurs frères aînés Nazir Moinuddin et Nazir Aminuddin Dagar qu’Alain Daniélou fit découvrir en Europe dans les années 50). Wasifuddin porte haut une tradition familiale qui s’est étendue sur vingt générations où les mariages entre cousins étaient utiles pour prodiguer un enseignement jalousement conservé et transmis exclusivement en famille. Il étudie d’abord auprès de son père. La disparition prématurée de celui-ci l’amène auprès de son grand-père Nasiruddin Khan Dagar (père des Dagars aînés), immense chanteur qui lui prodigue conseils et affection, lui léguant un trésor de connaissances que l’élève très doué assimile pour devenir l’une des grandes voix dhrupad. Bahauddin Dagar, plus jeune, est le fils de feu Zia Mohiuddin Dagar, le sublime maître de la rudra vina, qu’on a pu entendre au Théâtre de la Ville dans les années 80. Expert en subtilités microtonales en forme de longs glissandi, il joue sur le même instrument

Wasifuddin Dagar, ph. Sense World Music

POUR

65

le Théâtre de la Ville le conseil d’administration

l’équipe Gérard Violette directeur Brigitte Giuliani

assistante de direction

MEMBRES ÉLUS BUREAU DE L’ASSOCIATION Jean Maheu président Laure Adler vice-présidente Bernard Faivre d’Arcier vice-président Robert Doizon trésorier Olivier Poivre d’Arvor secrétaire général

ADMINISTRATION Michael Chase administrateur Solen Le Guen administratrice adjointe Marie-Christine Chastaing chef service paie

Dominique Alduy Jean-Pierre Armengaud Gabrielle Babin-Guggenheim Danièle Delorme Jean-Michel Djian Michel Fontès David Kessler Odile Pinot Rudolf Rach Françoise Seligmann Alain Trapenard

Jacques Erwan Georges Gara Soudabeh Kia Antoine Violette

ARTISTIQUE Serge Peyrat

Marie-Pierre Lasne

directeur adjoint à la programmation conseiller musiques du monde conseiller musique conseillère musiques du monde directeur technique à la communication assistante

COMMUNICATION Anne-Marie Bigorne secrétaire générale Jacqueline Magnier relations presse, publicité et documentation Marie-Laure Violette relations presse, iconographie Elisa Santos invitations Basilia Mannoni assistante

MEMBRES DE DROIT Patrick Bloche Pierre Castagnou Claire de Clermont-Tonnerre Jacques Daguenet Elisabeth de Fresquet Sylvain Garel Christophe Girard Jean-François Legaret Hélène Macé de Lépinay Marie-Pierre Martinet Danièle Pourtaud Georges Sarre

RELATIONS AVEC LE PUBLIC Lydia Gaborit responsable du service Florence Thoirey-Fourcade Corinne Soulié RELATIONS PUBLIQUES "JEUNES" (étudiants, enseignement…) Isabelle-Anne Person responsable du service Maud Rognion LOCATION Marie Katz Ariane Bitrin ACCUEIL Natacha Reese

responsable du service

responsable du service

ACCUEIL DES ABBESSES (artistes et public) Delphine Dupont responsable du service Chantal Hurault

2 théâtres

TECHNIQUE Serban Boureanu Jean-Michel Vanson Jean-Marie Marty Claude Lecoq Jean-Claude Paton Manuel Sanchez Frédéric Duplessier Charles Deligny Didier Hurard Pierre Tamisier Alain Frouin Victor Koeppel Sonia Ancilotti

THEATRE DE LA VILLE

directeur technique directeur technique adjoint régisseur général directeur de scène sous-chef machiniste chef cintrier chef électricien sous-chef électricien chef accessoiriste chef service son régisseur du son régisseur du son chef habilleuse

TECHNIQUE DES ABBESSES Alain Szlendak directeur technique Patrice Guillemot régisseur général Georges Jacquemart régisseur son

2 PL. DU CHÂTELET PARIS 4

photos Birgit

ENTRETIEN SÉCURITÉ Jacques Ferrando chef de service Christophe Frade

LES ABBESSES 31 RUE DES ABBESSES PARIS 18

renseignements 66

tél. 01 42 74 22 77 www.theatredelaville-paris.com

IMPRIMERIE Robert Ainaud ISSN 0248-8248 DIRECTION, ADMINISTRATION : 16 quai de Gesvres 75180 Paris Cedex 04, Tél. : 01 48 87 54 42 directeur de la publication : Gérard Violette maquette : Maurice et Juliette Constantin correcteur : Philippe Bloch Imprimerie STIPA : 8 rue des Lilas 93189 Montreuil Cedex Tél. : 01 48 18 22 50

prix des places • programme distribué par les hôtesses • pourboire interdit • places numérotées (sauf exception) TARIF A théâtre, danse re NORMAL 1 cat. 23 e 2e cat. 16,5 e re e JEUNES 1 et 2 catégories ........... 12 e TARIF B théâtre, danse re NORMAL 1 cat. 26 e 2e cat. 17,5 e re e JEUNES 1 et 2 catégories ........ 13,5 e TARIF C danse et hors les murs NORMAL 1 seule catégorie..... 17,5 e JEUNES 1 seule catégorie..... 12 e TARIF D musique, musiques du monde NORMAL 1 seule catégorie.............. 17 e JEUNES 1 seule catégorie...............12 e TARIF exceptionnel re NORMAL 1 cat. 30 e 2e cat. 23,5 e re e JEUNES 1 et 2 catégories ........ 23,5 e JEUNES

: moins de 28 ans (justificatif obligatoire)

comment réserver • par téléphone: 01 42 74 22 77 du lundi au samedi de 11h à 19h

• aux caisses : THEATRE DE LA VILLE 2 place du Châtelet, Paris 4 du mardi au samedi de 11h à 20h (lundi de 11h à 19h) LES ABBESSES 31 rue des Abbesses, Paris 18 du mardi au samedi de 17h à 20h

• par correspondance : 2 pl. du Châtelet 75180 Paris Cedex 04

• par Internet : www.theatredelaville-paris.com

quand réserver

Padmini Chettur, ph. P. Satyajit

• LOCATION PRIORITAIRE

CARTES PLACES À 2, PLACES AUX JEUNES – par correspondance: 5 semaines avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné. – par téléphone, aux caisses et par Internet : 28 jours avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné.

• LOCATION PUBLIC ADULTE, JEUNE, ABONNÉS 21 jours à l'avance, jour pour jour 67

OCTOBRE 2006/

calendrier SEPTEMBRE 2006

VE 1 SA 2 DI 3 LU 4 MA 5 ME 6 JE 7 VE 8 SA 9 DI 10 LU 11 MA 12 ME 13 JE 14 VE 15 SA 16 DI 17 LU 18 MA 19 ME 20 JE 21 VE 22 SA 23 DI 24 LU 25 MA 26 ME 27 JE 28 VE 29 SA 30

THEATRE DE LA VILLE

LES ABBESSES

20h30

20h30 mat 15 h N

UX

AVA

TR

X

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Pelléas et Mélisande Pelléas et Mélisande Pelléas et Mélisande Pelléas et Mélisande Pelléas et Mélisande

Pelléas et Mélisande Pelléas et Mélisande Pelléas et Mélisande Pelléas et Mélisande Pelléas et Mélisande

OCTOBRE 2006

DI LU MA ME JE VE SA

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THEATRE DE LA VILLE

LES ABBESSES

20h30 mat 15 h N

20h30 mat 15 h N Pelléas et Mélisande N

Josef Nadj Josef Nadj Josef Nadj Josef Nadj Sharma / Hussain 17h Josef Nadj DI 8 Sharma / Hussain 11h Josef Nadj N LU 9 MA 10 ME 11 Michèle Anne De Mey JE 12 Michèle Anne De Mey VE 13 Michèle Anne De Mey SA 14 Michèle Anne De Mey DI 15 LU 16 MA 17 Wim Vandekeybus ME 18 Wim Vandekeybus JE 19 Wim Vandekeybus VE 20 Wim Vandekeybus SA 21 Zimmermann/Pace 17h Wim Vandekeybus DI 22

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Pelléas et Mélisande Pelléas et Mélisande Pelléas et Mélisande

LES ABBESSES

20h30

20h30

LU 23 MA 24 La Déesse de la rivière Luo ME 25 La Déesse de la rivière Luo JE 26 La Déesse de la rivière Luo VE 27 age ont igo SA 28 t m Le Fr e / ns DI 29 itio ng pét a Stro é r LU 30 ett Lor MA 31

age ont de m et lisan ns titio et Mé é p ré lléas Pe

Quartett d’Heiner Müller du 15 au 30 sept. au CNSAD de Paris

suite

THEATRE DE LA VILLE

Padmini Chettur Padmini Chettur Padmini Chettur Padmini Chettur

NOVEMBRE 2006

ME 1 JE 2 VE 3 SA 4 DI 5 LU 6 MA 7 ME 8 JE 9 VE 10 SA 11 DI 12 LU 13 MA 14 ME 15 JE 16 VE 17 SA 18 DI 19 LU 20 MA 21 ME 22 JE 23 VE 24 SA 25

THEATRE DE LA VILLE

LES ABBESSES

20h30 mat 15 h N

20h30 mat 15 h N

age ont igo t m Le Fr e s ion g / étit ron rép tta St e Lor Loretta Strong / Le Frigo Loretta Strong / Le Frigo Loretta Strong / Le Frigo Loretta Strong / Le Frigo Loretta Strong / Le Frigo Bombay Jayashri 17h Loretta Strong / Le Frigo

age ont t m es e l s ion rel étit Saute rép

Sauterelles Sauterelles Sauterelles Sauterelles Sauterelles

Maguy Marin Maguy Marin Maguy Marin Maguy Marin Quatuor Takács 17h Maguy Marin

Sauterelles Sauterelles Sauterelles Sauterelles Azerbaïdjan 17h Sauterelles Sauterelles N

Daniel Larrieu Daniel Larrieu Daniel Larrieu Daniel Larrieu Café Zimmermann 17h Daniel Larrieu

Sauterelles Sauterelles Sauterelles Sauterelles Wu Man 17h Sauterelles

DI 26 LU 27 MA 28 Thomas Hauert ME 29 Thomas Hauert JE 30 Thomas Hauert

Johanne Saunier Johanne Saunier

DECEMBRE 2006 THEATRE DE LA VILLE

Marcia Hesse Marcia Hesse Marcia Hesse Marcia Hesse N Sissoko / DiddalJaalal Marcia Hesse Marcia Hesse Marcia Hesse Marcia Hesse Ens. Chulawatit 17h Marcia Hesse

20h30 mat 15 h N VE 1 Thomas Hauert SA 2 Parissa 17h Thomas Hauert DI 3 LU 4 MA 5 François Verret ME 6 François Verret JE 7 François Verret VE 8 François Verret SA 9 Aleksandar Madzar 17h François Verret DI 10

LES ABBESSES

20h30 mat 15 h N Louise Lecavalier Louise Lecavalier Louise Lecavalier N Louise Lecavalier

Bernardo Montet Bernardo Montet La Lyre Spirituelle… 17h Bernardo Montet Bernardo Montet N

DÉCEMBRE 2006/

LU 11 MA 12 ME 13 JE 14 VE 15 SA 16 DI 17 LU 18 MA 19 ME 20 JE 21 VE 22 SA 23 DI 24 LU 25 MA 26 ME 27 JE 28 VE 29 SA 30 DI 31

suite

THEATRE DE LA VILLE

LES ABBESSES

20h30

20h30 mat 15 h N

Emio Greco Emio Greco Emio Greco Emio Greco Shujaat Khan/Majumdar 17h Emio Greco

A. Khan/S. L. Cherkaoui A. Khan/S. L. Cherkaoui A. Khan/S. L. Cherkaoui A. Khan/S. L. Cherkaoui A. Khan/S. L. Cherkaoui

The Little Matchgirl The Little Matchgirl The Little Matchgirl The Little Matchgirl The Little Matchgirl N The Little Matchgirl The Little Matchgirl The Little Matchgirl The Little Matchgirl The Little Matchgirl

The Little Matchgirl e gne The Little Matchgirl g a ont onta et m la m s e n d io étit nts rép Géa s Le

JANVIER 2007

LU 1 MA 2 ME 3 JE 4 VE 5 SA 6 DI 7 LU 8 MA 9 ME 10 JE 11 VE 12 SA 13 DI 14 LU 15 MA 16 ME 17 JE 18 VE 19 SA 20

THEATRE DE LA VILLE

LES ABBESSES

20h30 mat 15 h N

20h30 mat 15 h N

age gne ont onta m m t e e la ns itio nts d t é rép Géa Les

age ont h m t t s e Se ion ó / B. t i t é l rép Montl R.

Les Géants de la montagne Les Géants de la montagne R. Montlló /B. Seth Les Géants de la montagne R. Montlló /B. Seth Les Géants de la montagne R. Montlló /B. Seth Les Géants de la montagne R. Montlló /B. Seth Ens. Hasbihâl / G. Kaya 17h Cantus Cölln 17h Les Géants de la montagne R. Montlló /B. Seth

Shahram Nazeri Les Géants de la montagne Koen Augustijnen Les Géants de la montagne Koen Augustijnen Les Géants de la montagne Koen Augustijnen Les Géants de la montagne Koen Augustijnen Shaukat Hussain Khan 17h Les Géants de la montagne Koen Augustijnen DI 21 Les Géants … N Cons. sup. de Paris LU 22 Cons. sup. de Paris MA 23 Les Géants de la montagne Koen Augustijnen ME 24 Les Géants de la montagne Koen Augustijnen JE 25 Les Géants de la montagne Koen Augustijnen VE 26 Les Géants de la montagne Koen Augustijnen SA 27 Europa Galante/F. Biondi 17h Maîtres du dotâr 17h Les Géants de la montagne Koen Augustijnen DI 28 LU 29 MA 30 Olga Pona ME 31 Jan Lauwers Olga Pona

HORS LES MURS SEPTEMBRE 2006 CNSAD DE PARIS

VE 15 SA 16 DI 17 LU 18 MA 19 ME 20 JE 21 VE 22 SA 23 DI 24 LU 25 MA 26 ME 27 JE 28 VE 29 SA 30

20h30 mat 15 h N Quartett Quartett Quartett N Quartett Quartett Quartett Quartett Quartett Quartett N Quartett Quartett Quartett Quartett Quartett

CONSERVATOIRE NATIONAL SUPERIEUR D’ART DRAMATIQUE DE PARIS 2 BIS, RUE DU CONSERVATOIRE PARIS 9

NOVEMBRE 2006 CITE INTERNATIONALE

LU 13 MA 14 ME 15 JE 16 VE 17 SA 18 DI 19 LU 20 MA 21 ME 22 JE 23 VE 24 SA 25 DI 26 LU 27 MA 28 ME 29 JE 30

20h30 mat 15 h N Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie N Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie N Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie Atteintes à sa vie

THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE 17 BD JOURDAN PARIS 14

DECEMBRE 2006 CITE INTERNATIONALE

20h30 mat 15 h N VE 1 Atteintes à sa vie SA 2 Atteintes à sa vie DI 3 Atteintes à sa vie N

69

MARS 2007/

FEVRIER 2007 THEATRE DE LA VILLE

20h30 mat 15 h N JE 1 Jan Lauwers VE 2 Jan Lauwers SA 3 Concerto Italiano 17h Jan Lauwers DI 4 Jan Lauwers N LU 5 MA 6 ME 7 Gilles Jobin JE 8 Gilles Jobin VE 9 Gilles Jobin SA 10 Mourja / Groben / Laul 17h Gilles Jobin DI 11 Gilles Jobin N LU 12 MA 13 ME 14 Benoît Lachambre JE 15 Benoît Lachambre VE 16 Benoît Lachambre SA 17 DI 18 LU 19 MA 20 ME 21 JE 22 VE 23 SA 24 DI 25 LU 26 MA 27 ME 28

LES ABBESSES

20h30 mat 15 h N Olga Pona Olga Pona Etsuko Chida 17h Olga Pona

Hans Van den Broeck Hans Van den Broeck Hans Van den Broeck Hans Van den Broeck Arménie 17h Hans Van den Broeck

Akram Khan Akram Khan Akram Khan Akram Khan Dhruba Ghosh 17h Akram Khan Pierre Rigal / A. Bory Pierre Rigal / A. Bory

age ont me m t e Hom ns titio pour é p e ré mm Ho

L’Oratorio d’Aurélia L’Oratorio d’Aurélia L’Oratorio d’Aurélia L’Oratorio d’Aurélia N L’Oratorio d’Aurélia L’Oratorio d’Aurélia

MARS 2007

JE 1 VE 2 SA 3

THEATRE DE LA VILLE

LES ABBESSES

20h30 mat 15 h N

20h30 mat 15 h N L’Oratorio d’Aurélia L’Oratorio d’Aurélia Quatuor Tetzlaff 17h L’Oratorio d’Aurélia

age ont me m et Hom ns titio pour é p ré mme Ho DI 4 LU 5 MA 6 Homme pour Homme ME 7 Homme pour Homme JE 8 Homme pour Homme VE 9 Homme pour Homme SA 10 Annette Dasch 17h Homme pour Homme DI 11 LU 12 Bang on a can all-stars MA 13 Homme pour Homme ME 14 Homme pour Homme JE 15 Homme pour Homme VE 16 Homme pour Homme SA 17 Ens. Garyan17h Homme pour Homme DI 18 Homme pour Homme N LU 19 MA 20 Homme pour Homme ME 21 Homme pour Homme JE 22 Homme pour Homme VE 23 Homme pour Homme SA 24 Parvez / Shashank 17h Homme pour Homme DI 25

70

LU 26 MA 27 ME 28 JE 29 VE 30 SA 31

Un homme en faillite Un homme en faillite Un homme en faillite Un homme en faillite C. Schornsheim 17h Un homme en faillite

LES ABBESSES

20h30

20h30

Meg Stuart Meg Stuart Meg Stuart Quatuor de Tokyo 17h Meg Stuart

Joëlle Bouvier Joëlle Bouvier Joëlle Bouvier Joëlle Bouvier Ba Banga Nyeck 17h Joëlle Bouvier

AVRIL 2007

DI 1 LU 2 MA 3 ME 4 JE 5 VE 6 SA 7 DI 8 LU 9 MA 10 ME 11 JE 12 VE 13 SA 14 DI 15 LU 16 MA 17 ME 18 JE 19 VE 20 SA 21 DI 22 LU 23 MA 24 ME 25 JE 26 VE 27 SA 28 DI 29 LU 30

Un homme en faillite Un homme en faillite Un homme en faillite Kemener 17h Un homme en faillite Kemener 15h Un homme en faillite Un homme en faillite Un homme en faillite Un homme en faillite Marc Coppey 1er prog.17h Un homme en faillite Un homme en faillite N

suite

THEATRE DE LA VILLE

THEATRE DE LA VILLE

LES ABBESSES

20h30 mat 15 h N

20h30

Nasser Martin-Gousset Nasser Martin-Gousset Nasser Martin-Gousset Nasser Martin-Gousset

oire ris vat de Pa r e r ns Co érieu sup

La Tectonique des nuages La Tectonique des nuages

Plus ou moins l’infini Plus ou moins l’infini Plus ou moins l’infini Plus ou moins l’infini N Plus ou moins l’infini Plus ou moins l’infini Plus ou moins l’infini e toir aris rva de P e s r n Co érieu sup

Ikeda / Verdonck / Platel Ikeda / Verdonck / Platel Ikeda / Verdonck / Platel Marc Coppey 2e prog.17h

MAI 2007

MA 1 ME 2 JE 3 VE 4 SA 5 DI 6 LU 7 MA 8 ME 9 JE 10 VE 11 SA 12

THEATRE DE LA VILLE

LES ABBESSES

20h30 mat 15 h N

20h30 mat 15 h N

De Keersmaeker 1er prog. De Keersmaeker 1er prog. La Poursuite du vent De Keersmaeker 1er prog. La Poursuite du vent De Keersmaeker 1er prog. La Poursuite du vent De Keersmaeker 1er prog. N

De Keersmaeker 2e prog. De Keersmaeker 2e prog. De Keersmaeker 2e prog.

De Keersmaeker 2e prog. DI 13 De Keersmaeker 2e prog. N

Maintenant ils peuvent … Maintenant ils peuvent … Kalhor / Erzincan 17h Maintenant ils peuvent …

MAI 2007/

LU 14 MA 15 ME 16 JE 17 VE 18 SA 19 DI 20 LU 21 MA 22 ME 23 JE 24 VE 25 SA 26 DI 27 LU 28 MA 29 ME 30 JE 31

suite

THEATRE DE LA VILLE

LES ABBESSES

20h30 mat 15 h N

20h30 mat 15 h N Kalhor / Nourbakhsh Maintenant ils peuvent … Maintenant ils peuvent … Maintenant ils peuvent … Maintenant ils peuvent … Maintenant ils peuvent … Maintenant … N

James Thierrée James Thierrée James Thierrée James Thierrée James Thierrée N Sonia Wieder-Atherton James Thierrée Maintenant ils peuvent … James Thierrée Maintenant ils peuvent … James Thierrée Maintenant ils peuvent … James Thierrée Maintenant ils peuvent … Shrinivas / Bhattacharya 17h James Thierrée Maintenant ils peuvent … James Thierrée N Kronos Quartet James Thierrée James Thierrée Peeping Tom Peeping Tom

JUIN 2007

VE 1 SA 2 DI 3 LU 4 MA 5 ME 6 JE 7 VE 8 SA 9 DI 10 LU 11 MA 12 ME 13 JE 14 VE 15 SA 16 DI 17 LU 18 MA 19 ME 20 JE 21 VE 22 SA 23 DI 24 LU 25 MA 26 ME 27 JE 28 VE 29 SA 30

THEATRE DE LA VILLE

LES ABBESSES

20h30

20h30 mat 15 h N Peeping Tom Peeping Tom Peeping Tom N

Pina Bausch 1 prog. Pina Bausch 1er prog. Pina Bausch 1er prog.

HORS LES MURS

MARS 2007 CITE INTERNATIONALE

LU 5 MA 6 ME 7 JE 8 VE 9 SA 10 DI 12

Pina Bausch 2e prog. Pina Bausch 2e prog. 17h Pina Bausch 2e prog. Pina Bausch 2e prog. Pina Bausch 2e prog. Pina Bausch 2e prog. Pina Bausch 2e prog. Pina Bausch 2e prog. 17h

Pierre Rigal Pierre Rigal Pierre Rigal

MARS 2007 CENTRE NATIONAL DANSE

er

Pina Bausch 1er prog. Pina Bausch 1er prog. 17h Pina Bausch 1er prog.

20h30 Pierre Rigal Pierre Rigal

Brice Leroux Brice Leroux Brice Leroux Brice Leroux

Maria-Kiran Maria-Kiran W. & B. Dagar Maria-Kiran Maria-Kiran

LU 19 MA 20 ME 21 JE 22 VE 23

20h30 Lynda Gaudreau Lynda Gaudreau Lynda Gaudreau Lynda Gaudreau Lynda Gaudreau

CENTRE NATIONAL DE LA DANSE 1, RUE VICTOR-HUGO PANTIN 93

AVRIL 2007 CITE INTERNATIONALE

S. Shivalingappa S. Shivalingappa S. Shivalingappa S. Shivalingappa S. Shivalingappa

LU MA ME JE VE

2 3 4 5 6

20h30 Daniel Dobbels Daniel Dobbels Daniel Dobbels Daniel Dobbels

oire ris vat de Pa r e r ns Co érieu sup

en noir = théâtre, danse en rouge = musique

71

individuels les abonnements jeunes

THEATRE-DANSE • 4 spectacles minimum •10 spectacles minimum

MOINS DE 28 ANS

THEATRE-DANSE • 3 spectacles minimum

PASSEPORT MUSICAL • 8 places minimum, 4 programmes minimum

PASSEPORT MUSICAL • 8 places minimum, 4 programmes minimum

M

les abonnements individuels

G

tarifs préférentiels abonnement ABONNEMENT

TARIF A TARIF B TARIF C TARIF D TARIF EXC. G

1

THEATRE-DANSE

MUSIQUE…

4 spect.

10 spect.

jeune 3 spect.

1re catégorie

1re catégorie

1re catégorie

15 e 17,5 e 13 e 23,5 e

12 e 14,5 e 11 e 20 e

pass. mus. catégorie unique

10,5 e 12 e 10,5 e 20 e

10,5 e -

tarif normal 1re catégorie

23 26 17,5 17 30

e e e e e

jeune tarif normal toutes catégories

12 13,5 12 12 23,5

e e e e e

tarifs préférentiels hors abonnement 2 places à tarif préférentiel par abonné(e) pour tous les spectacles dans la limite des places disponibles. HORS ABONNEMENT 4 spect.

ttes catégories ttes catégories

TARIF A TARIF B TARIF C TARIF D

13 14,5 12 10,5

e e e e

jeune 3 spect.

pass. mus.

ttes catégories

ttes catégories

10 spect.

13 14,5 12 10,5

e e e e

10,5 12 10,5 10,5

e e e e

13 14,5 12 10,5

e e e e

location 21 JOURS A L’AVANCE, JOUR POUR JOUR envoi à domicile du journal, 4 numéros par saison. G journal tarifs préférentiels sur les disques et les livres. G librairie, disques G

la carte (8 e) places aux jeunes1

M

la carte (22 e) places à 2

G

tarifs préférentiels cartes

2 places à tarif préférentiel pour tous les spectacles dans la limite des places disponibles. CARTES

THEATRE-DANSE-MUSIQUE places à 2 places aux jeunes toutes catégories

TARIF A TARIF B TARIF C TARIF D TARIF EXC. G

13 14,5 12 10,5 23,5

e e e e e

toutes catégories

10,5 12 10,5 10,5 20

e e e e e

tarif normal

jeune tarif normal

1re/2e catégorie toutes catégories

23/16,5 e 26/17,5 e 17,5 e 17 e 30/23,5 e

12 13,5 12 12 23,5

e e e e e

location prioritaire par correspondance : 5 SEMAINES avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné ; par téléphone, aux caisses et par Internet : 28 JOURS avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné.

G

journal G librairie, disques 72

1

envoi à domicile du journal, 4 numéros par saison. tarifs préférentiels sur les disques et les livres.

MOINS DE 28 ANS: justificatif obligatoire

relais Vous devenez relais en prenant l'initiative de regrouper au minimum 10 personnes intéressées à souscrire un abonnement au Théâtre de la Ville pour un minimum de 3 spectacles. Ces 10 personnes sont alors des abonnés relayés. Le relais a la possibilité de mêler public adulte et jeune dans un même abonnement et ainsi de bénéficier des tarifs relais et relais jeunes.

les abonnements relais jeunes

M

les abonnements relais

MOINS DE 28 ANS

G

THEATRE-DANSE • 3 spectacles minimum, • 10 places minimum/spectacle

THEATRE-DANSE • 3 spectacles minimum, 10 places minimum/spectacle

PASSEPORT MUSICAL • 3 programmes minimum, • 10 places minimum/programme

PASSEPORT MUSICAL • 3 programmes minimum, 10 places minimum/programme

tarifs préférentiels abonnement relais ABT RELAIS

THEATRE-DANSE MUSIQUE 3 spect. jeune 3 spect. pass. mus.

TARIF A TARIF B TARIF C TARIF D TARIF EXC.

12 e 14,5 e 11 e 20 e

8e 8e 8e 20 e

pass. mus. tarif normal jeune

10,5 e -

8e -

23 26 17,5 17 30

jeune tarif normal

e e e e e

12 13,5 12 12 23,5

e e e e e

Si le relais a communiqué les coordonnées de ses abonnés relayés, ils bénéficieront des avantages suivants : G

journal

G

tarifs préférentiels hors abonnement relais

envoi à domicile du journal du Théâtre de la Ville à chaque abonné relayé

L’abonné relayé peut demander aux services relations publiques une carte d’abonnement personnalisée lui donnant l’avantage suivant : 2 places à tarif préférentiel par abonné(e) pour tous les spectacles dans la limite des places disponibles. HORS ABONNEMENT

TARIF A TARIF B TARIF C TARIF D G

relais

relais jeunes

toutes catégories

toutes catégories

13 14,5 12 10,5

e e e e

10,5 12 10,5 10,5

e e e e

location 21 JOURS A L’AVANCE, JOUR POUR JOUR

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les groupes jeunes

10 places minimum/spectacle

10 places minimum/spectacle

M

les groupes

MOINS DE 28 ANS

M

Renseignements concernant les prises d’option groupe auprès du service des Relations avec le public (01 48 87 59 47) ou du service Relations publiques jeunes (01 48 87 59 49). Vous avez la possiblité de mêler publics adulte et jeune dans un même groupe. Confirmation et règlement auprès du service location relais (01 48 87 43 05).

la carte liberté relais

40 e la carte

Carte réservée aux comités d’entreprise et aux associations, qui permet de bénéficier de tarifs préférentiels et d’une réservation sans contrainte de nombre fixe de places par représentation, dans la limite des places disponibles (renseignements au 01 48 87 36 36). G

tarifs préférentiels groupes et carte liberté relais THEATRE-DANSE- MUSIQUE

TARIF A TARIF B TARIF C TARIF D

groupes

groupes jeunes

carte liberté relais

toutes catégories

toutes catégories

toutes catégorie

13 e 14,5 e 12 e 10,5 e

8e 8e 8e 8e

13 e 14,5 e 12 e 10,5 e

tarif normal

jeune tarif normal

1re/2e catégorie toutes catégories

23/16,5 e 26/17,5 e 17,5 e 17 e

12 e 13,5 e 12 e 12 e

conseils et renseignements au public 2 RELATIONS AVEC LE PUBLIC RELATIONS PUBLIQUES “JEUNES” individuels et relais relais jeunes, étudiants, enseignement Lydia Gaborit, responsable du service ; Isabelle-Anne Person tél. 01 48 87 59 47 tél. 01 48 87 59 49 Florence Thoirey-Fourcade ; Maud Rognion comités d’entreprise, associations tél. 01 48 87 59 51 tél. 01 48 87 36 36 Corinne Soulié groupes d’amis choix des spectacles, tél. 01 48 87 59 50 suivi personnalisé et mise en choix des spectacles, place d’actions pédagogiques organisation de rencontres avec avec chacun des relais les artistes, forums en entreprise, intéressés visites du Théâtre…

modalités de location LOCATION RELAIS 2 Marie Katz, responsable du service ; Ariane Bitrin tél. 01 48 87 43 05 (ligne directe) fax 01 48 87 09 81 2

LOCATION INDIVIDUELLE tél. 01 42 74 22 77

Jusqu’au 13 juillet et à partir du 28 août.

formulaires d’abonnement individuels et relais - dans le hall du Théâtre de la Ville ; - à télécharger sur www.theatredelaville-paris.com et à envoyer par correspondance; - envoi à domicile sur demande.

74

NOUVEAU ! TARIF JEUNES : moins de 28 ans au lieu de moins de 27 ans ou étudiant. Le statut d’étudiant n’est plus pris en compte.

théâtre, danse et musiques du monde : partenaires au 26 avril THÉÂTRE DE LA VILLE LORETTA STRONG • LE FRIGO Production Théâtre des Lucioles. En résidence à La Ferme du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée. Coproduction Festival d'Avignon – Théâtre de la Ville, Paris – Festival d'Automne à Paris – Théâtre national de Bretagne – Le Maillon, Strasbourg – Bonlieu, scène nationale d’Annecy. Avec le soutien de la Comédie de Valence-Centre dramatique national Drôme-Ardèche, du Quartz-scène nationale de Brest, du Lieu Unique-scène nationale de Nantes, du Duo Dijon, de L'AFAA-Association française d'action artistique, de l’ADAMI et L'ONDA, office national de diffusion artistique. Le Théâtre des Lucioles est soutenu par la DRAC Bretagne, le conseil régional de Bretagne, le conseil général d'Ille-et-Vilaine, la Ville de Rennes. LES GÉANTS DE LA MONTAGNE Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – La Coursive, scène nationale de La Rochelle – Maison de la Culture de Loire-Atlantique – Compagnie du Soleil Bleu. Avec la participation artistique du Jeune Théâtre national, l’aide de l’office artistique de la région Aquitaine et de la MC93/Maison de la culture de Bobigny. La Compagnie du Soleil Bleu est conventionnée par le ministère de la Culture-DRAC Aquitaine et subventionnée par le conseil régional d’Aquitaine, la ville de Bordeaux et le conseil général de La Gironde. PLUS OU MOINS L’INFINI Production CIE 111. Coproduction TNT-Théâtre national de Toulouse-Midi-Pyrénées – Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E – Grand Théâtre de Luxembourg – Les Gémeaux, Sceaux, scène nationale – La Coursive, scène nationale La Rochelle – Centre culturel Agora, scène conventionnée de Boulazac – Equinoxe, scène nationale de Châteauroux – TNBA, Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine – London International Mime Festival, Londres – Le Carré magique, scène conventionnée de Lannion, Trégor. Avec l’aide du Théâtre Garonne-Toulouse et de la Gare aux Artistes-Montrabe. Avec le soutien du ministère de la Culture-DMDTS, du conseil régional Midi-Pyrénées, du conseil général Haute-Garonne, de la ville de Toulouse, de la Convention AFAA/Ville de Toulouse. La CIE 111 est conventionnée par la DRAC Midi-Pyrénées et reçoit le soutien de la Fondation BNP Paribas pour le développement de ses projets. LA DÉESSE DE LA RIVIÈRE LUO Production déléguée pour la tournée européenne : Maison de la Culture d'Amiens. Coproduction Han Tang Yuefu Ensemble – National Chiang Kai-Shek Cultural Center/National Theater Taipei – Maison de la Culture d'Amiens – Maison de la Culture de Bourges – Festival Automne en Normandie – Council Cultural Affairs ROC. Avec le soutien de l'Institut français de Taipei, du Deutsches Kulturzentrum Taipei, du Bureau de la représentation de Taipei en France et de l’Association française d’action artistique. Avec l'aide de l'ONDA pour les surtitres. HOMME POUR HOMME Production La Comédie de Reims, CDN – Théâtre de la Ville, Paris. LA TECTONIQUE DES NUAGES Coproduction La Gestion Des Spectacles – La Comédie de Saint-Étienne/CDN. Cette version concert a été créée au Festival Jazz à Vienne le 30 juin 2006, coproduite par Vienne Action Culturelle, avec le concours de la Fondation BNP/Paribas, du ministère de la Culture et de la Communication (commande d’État) et de la DRAC Rhône-Alpes. JAMES THIERRÉE Coproduction La Compagnie du Hanneton – Théâtre VidyLausanne – Théâtre de la Ville, Paris – La Coursive, scène nationale de La Rochelle – Le Théâtre, Scène Nationale de Narbonne – Maison de la Culture de Nevers – Théâtre André Malraux, Rueil-Malmaison – Espace Jacques Prévert, Aulnay-sous-Bois. JOSEF NADJ ASOBU Coproduction Centre chorégraphique national d’Orléans – Festival d’Avignon – Setagaya Public Theatre, Tokyo – Théâtre de la Ville, Paris – Emilia Romagna Teatro Fondazione,Modena. Avec le soutien du Carré SaintVincent-scène nationale d’Orléans, de deSingel (Anvers) et de Cankarjev Dom (Ljubljana). Avec l’aide du programme “Performing Arts Japan” de la Fondation du Japon et du programme Culture 2000 de l’Union européenne. Avec le concours de Kirin Brewery Co, Shiseido Co, Air France. Asobu est réalisé grâce au soutien de la région Centre. Le Centre chorégraphique national d’Orléans est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication – Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles DRAC Centre, la région Centre, la ville d’Orléans, le département du Loiret. Il reçoit l’aide de L’AFAA (Association française d’action aartistique – ministère des Affaires Étrangères) pour ses tournées à l’étranger. MICHELE ANNE DE MEY SINFONIA EROÏCA Production Charleroi/Danses, Centre chorégraphique de la Communauté française.

WIM VANDEKEYBUS SPIEGEL Production Ultima Vez. Coproduction KVS,Bruxelles – PACT Zollverein/ Choreographisches Zentrum NRW, Essen – Théâtre de la Ville, Paris. Avec le soutien des autorités flamandes. MAGUY MARIN MAY B Coproduction Compagnie Maguy Marin – Maison des Arts et de la Culture de Créteil. La Compagnie Maguy Marin/Centre chorégraphique national de Rillieux-laPape est subventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Rhône-Alpes, la région Rhône-Alpes, le conseil général du Rhône, les communes de Bron, Décines et Rillieux-la-Pape. Elle bénéficie du soutien financier de l’AFAA pour ses tournées internationales. DANIEL LARRIEU NEVER MIND Production Astrakan. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – MC2, Grenoble – Le Manège de Reims – Grand Théâtre de Lorient. Avec le soutien de Micadanses, Paris et du Centre national de la danse-Pantin pour les prêts de studio. Astrakan est soutenue par le ministère de la Culture / DRAC Ile-de-France au titre de l'aide à la compagnie conventionnée. THOMAS HAUERT WALKING OSCAR Production ZOO. Coproduction Kaaitheater/ KunstenfestivaldesArts, Bruxelles – Théâtre de la Ville, Paris – Festival d’Automne à Paris – Tanz Quartier Wien, Vienne – Charleroi Danses, Centre chorégraphique de la communauté française, Charleroi – Mercat de les Flors, Barcelone. Avec le soutien du ministre flamand de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et des Affaires bruxelloises, de Vlaamse Gemeenschapscommissie, Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture, et le Kanton Solothurn. FRANÇOIS VERRET SANS RETOUR Coproduction Théâtre national de Bretagne/TNB, Rennes – La Compagnie FV, Paris – Théâtre de la Ville, Paris – Opéra de Lille – Festival d’Avignon – L’Apostrophe, scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d’Oise. François Verret est un artiste associé au Théâtre national de Bretagne. La Compagnie FV est soutenue par la DRAC-Ile-de France, ministère de la Culture et de la Communication. La Compagnie FV est en résidence à L’Apostrophe, scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d’Oise. EMIO GRECO HELL Production Emio Greco | PC. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Festival Montpellier Danse – Maison de la Culture d’Amiens – barbicanbite07, Londres – Cankarjev Dom, Ljubliana – Julidans, Amsterdam. Emio Greco | PC reçoit des fonds du Dutch Ministry of Education, Culture and Science. La création de Hell a été rendue possible grâce au Doris Duke Fund for Dance pour le National Dance Project, un programme administré par la New England Foundation for the Arts avec les fonds du National Endowment for the Arts, de la Doris Duke Charitable Foundation, et de la Ford Foundation. AKRAM KHAN/SIDI LARBI CHERKAOUI ZERO DEGREES Production Akram Khan Company – Les Ballets C. de la B. Coproduction Sadler's Wells, Londres – Théâtre de la Ville, Paris – deSingel, Anvers – Kunstencentrum Vooruit, Gand – Hebbel Theater, Berlin – Tanzhaus nrw, Düsseldorf – Schouwburg, Rotterdam – Teatro Comunale di Ferrara – TorinoDanza – Wexner Center for the Arts Ohio – National Arts Centre, Ottawa – Les Grandes Traversées, Bordeaux. La compagnie Akram Khan reçoit l’appui de l’Arts Council England. Les Ballets C. de la B. reçoivent l’appui des autorités flamandes, de la ville de Gand, de la province Oost-Vlaanderen et de la Loterie nationale. JAN LAUWERS LE BAZAR DU HOMARD Production de Needcompany. Coproduction Festival d’Avignon – Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre Garonne, Toulouse – PACT Zollverein, Essen – Cankarjev Dom, Ljubljana – La Rose des Vents, scène nationale de Villeneuve-d’Ascq – Automne en Normandie – La Filature, Scène Nationale de Mulhouse – Kaaitheater, Bruxelles – deSingel, Anvers. Needcompany bénéficie de l’aide du ministère de la communauté flamande. GILLES JOBIN DOUBLE DEUX Coproduction Bonlieu scène nationale, Annecy – Théâtre de la Ville, Paris – Festival Montpellier Danse 2006 – La Bâtie, Festival de Genève – Théâtre Arsenic, Lausanne – Kampnagel, Hambourg. Avec le soutien de la ville de Genève, de la ville de Lausanne, du département de l’Instruction publique de l’État de Genève, du canton de Vaud, de Pro Helvetia fondation suisse pour la culture, de la Loterie Romande. Gilles Jobin est artiste associé à Bonlieu, scène nationale d’Annecy et à Artsadmin, Londres. Il bénéficie du “Contrat de Confiance” du canton de Vaud (2001- 2006). BENOÎT LACHAMBRE LUGARES COMUNES Production par b.l.eux. Coproduction Le Quartz, scène nationale de Brest – Cie. DANS.KIAS, Vienne – ImPulsTanz, Festival international de danse de Vienne – Kaaitheater, Bruxelles – PACT Zollverein, Essen – Tanz im August, Internationales Tanzfest Berlin – Théâtre de la Ville, Paris – Usine C, Montréal. Benoît Lachambre est chorégraphe associé au Quartz, scène nationale de Brest.

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MEG STUART IT’S NOT FUNNY ! Production Damaged Goods. Coproduction Salzburger Festspiele, Salzbourg – Volksbühne am Rosa-LuxemburgPlatz, Berlin – Théâtre de la Ville, Paris – deSingel, Anvers. Meg Stuart / Damaged Goods bénéficie de l'aide du gouvernement de la Flandre et de la commission communautaire Flamande.

HANS VAN DEN BROECK EN SERVICIO Production cie soit en collaboration avec ulti’mates/ Ultima Vez, Bruxelles. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Pôle Sud, Strasbourg – ImpulsTanz, Vienne – Tramway, Glasgow – Kunstencentrum Vooruit, Gand – KVS, Bruxelles – Cultuurcentrum, Bruges. Avec le soutien des autorités flamandes.

NASSER MARTIN-GOUSSET PÉPLUM Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Ménagerie de verre – L’Apostrophe, Cergy-Pontoise – Château Rouge, Annemasse – Monaco Dance Forum – CCN d’Orléans. Avec le soutien du CDN d’Orléans pour le prêt du studio, du Carré Saint-Vincent, scène nationale pour l’apport technique et de la DRAC-Ile-de France.

AKRAM KHAN THIRD CATALOGUE L’Akram Khan Company reçoit le soutien de l’Arts Council England et du British Council. Akram Khan est artiste associé à la Sadlers Wells, Londres.

ANNE TERESA DE KEERSMAEKER SOIRÉE STEVE REICH Production Rosas & La Monnaie. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Grand Théâtre de Luxembourg. SOIRÉE RÉPERTOIRE Production Rosas & La Monnaie. Coproduction Grand Théâtre de Luxembourg.

LES ABBESSES PELLÉAS ET MÉLISANDE Coproduction Théâtre dela Ville,Paris – Comédie de Reims. MARCIA HESSE Coproduction La Comédie de Reims-CDN – Théâtre de la Ville, Paris. Avec la participation artistique du Jeune Théâtre national. SAUTERELLES Coproduction TnBA, Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine – Théâtre de la Ville, Paris. THE LITTLE MATCHGIRL Production Polimnia, Bureau Dix. Coproduction Fondation Hans Christian Andersen – Change Performing Arts à Milan – Grand Théâtre de la ville de Luxembourg – Théâtre de la Ville, Paris – Vereinigte Bûhnen, Vienne. UN HOMME EN FAILLITE Production déléguée La Comédie de Reims - CDN. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Le Festin, centre dramatique national de Montluçon – Compagnie du Kaïros. Avec l'aide à la création de la DMDTS-ministère de la Culture. LA POURSUITE DU VENT Production Needcompany. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Festival d’Avignon – Théâtre Garonne, Toulouse. Avec la collaboration du Kaaitheater (Bruxelles) et du deSingel (Anvers). Needcompany bénéficie de l’aide du ministère de la communauté flamande. L’ORATORIO D’AURÉLIA Coproduction L’Avant-Scène, Cognac. Accompagnement Bureau Dix, Karin Dix. MAINTENANT ILS PEUVENT VENIR Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – L’héliotrope, compagnie conventionnée par la DRAC HauteNormandie et la région Haute-Normandie – Théâtre des Deux Rives, centre dramatique régional de Rouen – l’Hippodrome, Scène Nationale de Douai. PADMINI CHETTUR PAPERDOLL Coproduction Springdance, Utrecht – KunstenFESTIVALdesArts,Bruxelles – SW & G,Berlin – Grand Theatre,Groningen. JOHANNE SAUNIER ERASE-E(X) 1, 2, 3 Production Joji Inc. ERASE-E(X) a été créé dans le cadre du "Sujet à Vif ". Coproduction SACD – Festival d’Avignon. Met de steun van de Vlaamse minister van Cultuur, Jeugd, Sport en Brussel en de Vlaamse Gemeenschapscommissie van het Brussels Hoofdstedelijk Gewest. Avec l'aide du ministère de la Communauté française - service de la danse. LOUISE LECAVALIER COBALT ROUGE REMIX Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Biennale de Venise – Centre national des Arts, Ottawa “I” IS MEMORY • 3e ŒUVRE Production Louise Lecavalier. Coproduction STEPS # 10, Suisse – Théâtre de la Ville, Paris – Tanz im AugustInternationales Tanzfest, Berlin – Aarhus Festuge, Aarhus – Centre national des Arts, Ottawa – Usine C, Montréal. En partenariat avec les diffuseurs du Québec. BERNARDO MONTET LES BATRACIENS S’EN VONT Coproduction Centre chorégraphique national de Tours – Théâtre de la Ville, Paris – Le Vivat, scène nationale d’Armentières – Institut français de Fès. En partenariat avec la Fondation Royaumont. Avec le soutien du service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France au Maroc. ROSER MONTLLÓ GUBERNA / BRIGITTE SETH RÉCITATIFS TOXIQUES Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre Pôle Sud-Strasbourg – Communauté du Pays de Briey-Briey – Ensemble Quam Dilecta-tours – Compagnie Toujours après minuit-Paris. La compagnie est subventionnée par la direction régionale des Affaires culturelles d’Ile-deFrance-ministère de la Culture et la Communication au titre de l’aide à compagnie chorégraphique. KOEN AUGUSTIJNEN IMPORT/EXPORT Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Hebbel Theater, Berlin – Brighton festival – Tramway, Glasgow – Cinquième Salle, Montréal – Théâtre Les Tanneurs, Bruxelles.

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OLGA PONA DOES THE ENGLISH QUEEN…? • THE OTHER SIDE OF THE RIVER Production Théâtre de la Ville, Paris. Coproduction Tanzhaus NRW, Düsseldorf – Kampnagel, Hamburg.

PIERRE RIGAL/AURÉLIEN BORY ÉRECTION Coproduction compagnie dernière minute/TNT – Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées. Avec le soutien de la DRAC Midi-Pyrénées, du conseil régional Midi-Pyrénées, du conseil général de la HauteGaronne, de la ville de Toulouse et du CDC Toulouse Midi-Pyrénées. JOËLLE BOUVIER FACE À FACE Coproduction les Gémeaux, scène nationale, Sceaux – Théâtre de la Ville, Paris – compagnie Joëlle Bouvier. FUMIYO IKEDA/BENJAMIN VERDONCK/ALAIN PLATEL NINE FINGER Coproduction Rosas – KVS & La Monnaie – Théâtre de la Ville, Paris PEEPING TOM LE SOUS-SOL Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – KVS, Bruxelles – Charleroi Danse – Trafo House Of Contemporary Arts Budapest. BRICE LEROUX QUANTUM-QUINTET Production Continuum. Coproduction Maison de la Culture de Bourges/Centre de créations et de productions en région Centre – Théâtre de la Ville, Paris – KunstenFESTIVALdesarts, Bruxelles – deSingel International Kunstcentrum, Anvers. Avec le soutien du gouvernement flamand. MARIA-KIRAN Coproduction C.I.I.C. Avec la collaboration du Centre Mandapa. BALLAKÉ SISSOKO / ENSEMBLE DIDDAL JAALAL Coproduction Fondation Royaumont / musiques orales et improvisées. Avec la collaboration des centres culturels français de Nouakchott et de Bamako. YANN-FAÑCH KEMENER DIALOGUES Coproduction Association Gwiad, scène nationale de Quimper.L’association Gwiad a reçu le soutien et l’aide du conseil régional de Bretagne et du conseil général du Finistère.

HORS LES MURS 3 THEATRES AU CNSAD DE PARIS 2 BIS, RUE DU CONSERVATOIRE PARIS 9 QUARTETT Production Véronique Appel Dakuyo et l’équipe du Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Coproduction Compagnie Rumpelpumpel – Théâtre VidyLausanne E.T.E – Espace Malraux-Chambéry – Maison des Arts, Thonon-les-Bains – La Nuit surprise par le Jour. En coréalisation avec La Comédie-Française. Avec l’aide du ministère de la Culture et de la Communication. AU THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE 17 BD JOURDAN PARIS 14 ATTEINTES À SA VIE Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Théâtre de VidyLausanne ETE – MC2, Maison de la Culture de Grenoble – Maison de la Culture Loire-Atlantique, Nantes – Le Festival d'Automne à Paris – Théâtre universitaire de Nantes – l'Eldorado.Avec la participation du Jeune Théâtre National. PIERRE RIGAL ARRÊTS DE JEU Production compagnie dernière minute. Coproduction Théâtre national de Toulouse – Théâtre de la Ville, Paris – Arcadi (Action régionale pour la création artistique et la diffusion en Ile-de-France). Avec le soutien de la DRACMidi-Pyrénées. DANIEL DOBBELS L’INSENSIBLE DÉCHIRURE Production De l’Entre-Deux. Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Espal, Le Mans – Le Cratère, scène nationale d’Alès – Arcadi (Action régionale pour la création artistique et la diffusion en Ile-de-France) – Le Vivat, Armentières. La compagnie De l’Entre-Deux est subventionnée par la direction régionale des Affaires culturelles des Pays de la Loire – ministère de la Culture et de la Communication au titre de l'aide aux compagnies chorégraphiques conventionnées. AU CENTRE NATIONAL DE LA DANSE 1, RUE VICTOR-HUGO PANTIN 93 LYNDA GAUDREAU 0101 Coproduction Théâtre de la Ville, Paris – Centre national de la danse, Pantin – Festival Danse Canada, Ottawa – Compagnie De Brune. La Compagnie De Brune est soutenue par le conseil des Arts et des Lettres du Québec, le conseil des Arts du Canada, le conseil des Arts de Montréal. photos couvertures : S. Gunther, Callede Pierre-Olivier, Ch. Perrin, E. Vannasche, A. Bory, W. Chang, G. Abbeg, P. Satyajit, R. Haughton, B. Eymann, Kamrouz, A. Poupeney, W. Nolting, A. Barsetti, J.-P. Maurin, P. Rigal, D. Tsiapkinis, Childers, J. jansch, X DR.

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